samedi 17 juin 2006

Les radicaux genevois rejoignent le front du refus

Lire l'article de Didier Estoppey dans Le Courrier
LOI SUR L'ASILE - Les «castors» rejettent à une très large majorité la Loi sur l'asile, mais acceptent celle sur les étrangers. Leur vote n'en ouvre pas moins une brèche au sein d'un parti suisse jusqu'ici aligné sur l'UDC.

C'est un score sans appel: par 73 «non» contre 11 «oui» et 10 abstentions, les délégués réunis jeudi soir en assemblée par le Parti radical genevois ont décidé de rejeter la Loi sur l'asile (LASi) qui sera soumise au verdict populaire le 24 septembre. Nettement plus partagés à l'égard de la Loi sur les étrangers (LETr), attaquée elle aussi par référendum, les radicaux du bout du lac ont en revanche décidé de la soutenir par 43 voix contre 33 oppositions et 10 abstentions.
Les radicaux genevois sont les premiers à faire dissidence au sein du parti suisse. Réunis en assemblée en janvier dernier, ses délégués avaient apporté un soutien presque soviétique à la LASi, soutenue par 187 voix contre 6 refus et 15 abstentions. Les délégués genevois s'étaient abstenus. On était alors à un mois du vote final aux Chambres, et le double référendum venait d'être lancé. «Le parti suisse est allé vite en besogne, sans prendre le temps d'écouter sa base», analyse Pierre Maudet, président des radicaux genevois. Qui n'exclut pas de voir sa section rejointe par l'une ou l'autre de ses homologues romandes.
Message lourd à porter
Et même si au sein de la direction suisse, à Berne, on ne voit «pas de problème» dans le vote genevois, le parti semble prendre conscience de ses divisions internes sur la question. Les divers conseillers nationaux radicaux contactés pour venir convaincre la base genevoise d'accepter la LASi ont décliné l'offre, souligne Pierre Maudet. Qui a finalement dû recourir aux services de deux conseillers nationaux UDC, le Genevois André Reymond et le Vaudois André Bugnon, pour défendre ce durcissement.
Face à eux, le conseiller national radical genevois John Dupraz et son ex-collègue libéral Charles Poncet sont venus combattre une loi qu'ils estiment inutile. «Pour renvoyer les gens, il faut négocier des accords de réadmission, a rappelé John Dupraz. Et là, Christoph Blocher est plutôt passif, préférant bâtir une société de la peur.» «Avec cette nouvelle loi qui exige des papiers pour obtenir l'asile, les réfugiés chiliens ou argentins qui font la fierté de notre pays n'auraient jamais obtenu l'asile, a enchaîné Charles Poncet. Imaginerait-t-on un Tibétain venir frapper à nos portes avec un passeport chinois?»
Des questions auxquelles les deux élus de l'UDC restaient souvent sans réponse précise. «On pose la question de l'Argentine. Permettez-moi d'en sortir pour retourner en Afrique», a ainsi lâché André Reymond, sans parvenir à convaincre grand monde. Il s'est même trouvé dans la salle un commissaire de police pour dénoncer des durcissements qui fabriquent des délinquants.
Concernant la LETr, qu'il avait décidé de soutenir contrairement à la LASi, le comité directeur du parti a préféré faire l'économie d'un débat contradictoire, se bornant à une brève information. Plusieurs ténors du parti, à l'image de John Dupraz ou de Gilles Petitpierre, n'en ont pas moins pris position contre la loi. L'ancien conseiller aux Etats a ainsi publiquement regretté son vote de 1994, par lequel il avait soutenu la Loi sur les mesures de contrainte: «On n'a tiré aucun avantage de ce durcissement.»
Etrange dialectique
Des mesures de contrainte que la LETr permettra de porter jusqu'à deux ans de détention. Mais, pour Pierre Maudet, il n'y a pas d'incohérence à refuser le durcissement de la Loi sur l'asile tout en acceptant ceux qui sont inscrits dans la LETr. «La Loi sur l'asile, c'est un énième durcissement qui se révélera totalement inutile et inapplicable. La LETr, elle, a le mérite de venir remplacer un texte totalement obsolète, datant de 1931, et de fixer un cadre légal à l'intégration. Et nous aurons tout loisir de modifier ses dispositions les plus litigieuses.»
Curieusement, les libéraux vaudois, qui ont également débattu de la question jeudi soir, font une analyse inverse de la situation, puisqu'ils ont décidé quant à eux de soutenir la Loi sur l'asile, mais de rejeter celle sur les étrangers (lire en p 5). On savait déjà Vaudois et Genevois peu enclins à la fusion. Mais le rapprochement entre radicaux et libéraux paraît tout aussi difficile... I

1 commentaire:

Anonyme a dit…

BRAVO! JE VOUS TIRE MON CHAPEAU.

Les droits de l'homme ne sont ni de gauche, ni de droite, mais humains!