Lire l'édito de Steve Gaspoz dans le Journal du Jura en ligne
En même temps que les Verts et les Socialistes dénonçaient «des lois iniques» en parlant de la révision des lois sur l'asile et les étrangers, la publication d'une étude genevoise nous apprend que plus de la moitié des Suisses a des préjugés contre les étrangers. Selon la même étude, près d'un Helvète sur quatre peut être considéré comme antisémite. Nul besoin de réfléchir longtemps pour se rendre compte du décalage entre le discours politique et les pensées ou croyances de madame et monsieur tout-le-monde. Que les nouvelles lois soient iniques ou non, c'est une question d'appréciation. Mais que le malaise de la population face aux étrangers aille grandissant, c'est une certitude. Selon l'étude sur «les attitudes à l'égard de la différence en Suisse», le pays ne se trouve pas encore comme certains de ses voisins face à une «crise aiguë de ses valeurs». Les auteurs de l'enquête ne cachent toutefois pas que si la situation économique se péjorait, l'attitude face aux étrangers pourrait se détériorer rapidement. Alors que les nouvelles lois soient inhumaines, politiquement incorrectes ou contreviennent au droit international, tout cela n'apporte rien de bien concret. Par contre que le ressentiment face aux étrangers puisse encore croître en cas de difficultés économiques est autrement plus inquiétant. Nombreux sont aujourd'hui les travailleurs qui peinent à nouer les deux bouts ou qui se sentent persécutés par un système devenu injuste à trop miser sur une prétendue égalité. Ne manquerait plus que ces personnes se sentent les grandes oubliées de la croissance économique pour que le terrain se fasse glissant. Le hic, c'est que nous y sommes. Tous les éléments sont réunis pour que la grande glissade se produise. Alors plutôt que de se déchirer autour de lois que ne comprennent que les juristes, ne serait-il pas temps de s'activer pour éviter qu'une partie de la population ne s'enlise? La Suisse a beaucoup à apporter aux étrangers qui y vivent, c'est sûr. Mais l'inverse est tout aussi certain. Alors sachant que l'étranger est le bouc-émissaire idéal, ne faudrait-il pas demander à nos politiciens d'agir urgemment pour rétablir l'équilibre social? Evidemment, c'est moins facile que de laisser faire...
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