dimanche 25 juin 2006

Etrangers: il y a un malaise

Le Matin - Etrangers: il y a un malaise
Voici l'édito de Michel Dante
C'est au beau milieu du Mondial et de ses multiples enthousiasmes patriotiques, qu'un programme du Fonds national suisse de la recherche scientifique a choisi de lancer une sacrée bombe. Sur le thème: les Suisses sont-ils xénophobes? Les Suisses ont-ils une propension élevée ou non à rejeter les multiples minorités qui traversent le corps social, les handicapés, les juifs, les homosexuels, les musulmans? Quels sont enfin les préjugés qu'ils nourrissent face aux femmes et au rôle qu'elles devraient jouer dans la société?

Inutile de vous dire que les réponses qui émanent de cette remarquable enquête ne raviront pas tout le monde. Et révéleront une image de la Suisse, de son ouverture et de sa tolérance, tout en demi-teintes.

Prenons un exemple: les étrangers. Les Suisses sont-ils xénophobes? Au fond, et s'il faut en croire l'étude, pas vraiment. Ils ne seraient que 9% à répondre à ce critère. C'est la bonne nouvelle.

La moins bonne: 59% de la population estiment cependant que la proportion d'étrangers ne peut plus augmenter sans créer de problèmes pour la société.

Pour creuser le sillon: 54% des Suisses estiment que les étrangers abusent des bénéfices de l'aide sociale.

43% pensent que la forte proportion d'étrangers dans les écoles est un obstacle à l'éducation performante des jeunes Suisses.

41% enfin attribuent, aux étrangers toujours, une responsabilité dans l'augmentation du chômage.

Il y a là, incontestablement, un malaise qui émerge de plus en plus fortement, et que cette étude photographie avec une très intéressante précision.

La tâche de nous tous, simples citoyens de ce pays, hommes et femmes politiques, autorités, administrations, associations, corps constitués et médias, est de cesser aujourd'hui de nier ce malaise. Cesser aussi de diaboliser ceux qui l'expriment.

Il s'agit ensuite de l'analyser froidement et de voir, dans toutes les directions et sans restriction mentale, où il y a réellement problème. Soulignons une fois encore: dans toutes les directions et sans restriction mentale.

Il s'agit enfin de retrousser ses manches afin de tordre le cou aux préjugés, là où il y a préjugés. De résoudre les problèmes, là où il y a problème. Et de corriger enfin les abus, là où il y a abus.

A cet égard, l'étude nous offre des raisons d'espérer: 77% des personnes sondées plaideraient pour une meilleure intégration des étrangers. Saisissons cette occasion. Afin que la présence, indispensable, d'une population étrangère en Suisse soit une richesse. Et non un malaise. Pire: un fardeau.

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