mardi 27 juin 2006

Blocher donne le coup d’envoi de «sa» campagne sur l’asile et les étrangers


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Lire l'article de Vincent Bourquin dans 24heures.
Christoph Blocher est un stratège politique comme il en existe peu. Il l'a une nouvelle fois prouvé hier à l'occasion du lancement de la campagne du Conseil fédéral à propos des lois sur l'asile et sur les étrangers. Le chef du Département de justice et police sait pertinemment que si ces textes sont considérés comme des lex Blocher, ils risquent d'être refusés par le peuple. Pour prouver qu'un large front soutient ces lois, il avait réuni autour de lui deux conseillers d'Etat. Pas choisis au hasard: une radicale alémanique, la Saint-Galloise Karin Keller-Sutter, et un PDC romand, le Valaisan Jean-René Fournier.

Suisse moins attractive

Le discours se voulait aussi très modéré. Christoph Blocher a ainsi insisté sur la volonté de préserver la tradition humanitaire de la Suisse, et même de la renforcer. Jean-René Fournier a lui évoqué l'accent mis sur l'intégration.

Mais en fait, les autorités valaisannes ne seront-elles pas les seules en Suisse romande à soutenir clairement ces deux lois? «Non, mis à part Genève, tous ceux qui sont directement concernés par ces questions soutiennent ces deux textes», affirme-t-il. Vraiment? Pas sûr que du côté de Neuchâtel ou du Jura, on partage cette opinion. Quant au Conseil d'Etat vaudois, divisé sur le sujet, il ne devrait prendre aucune position officielle.

La question des abus a tout de même été abordée. Christoph Blocher a ainsi affirmé que si ces lois étaient acceptées, la Suisse serait moins attractive pour les travailleurs clandestins et les criminels. Autre catégorie particulièrement visée par cette révision: les requérants d'asile qui refusent de donner leur identité. Et la conseillère d'Etat saint-galloise Karin Keller-Sutter de citer un exemple: «On constate que des personnes ayant toujours nié être en possession de documents de voyage parviennent à en produire dans des délais très brefs, lorsque par exemple, après un mariage, elles demandent à bénéficier d'un droit de séjour.»

Papiers d'identité au cœur du débat

Cette question des papiers d'identité sera d'ailleurs au cœur de la campagne. Les adversaires de la loi sur l'asile ne cessent de rappeler que dans certains pays, il est impossible d'obtenir une pièce d'identité, notamment pour un opposant politique. Conscient de l'importance déterminante de cette question, Eduard Gnesa, directeur de l'Office fédéral des migrations (ODM), a déclaré qu'une entrée en matière était tout de même possible si le requérant pouvait rendre «vraisemblable» l'absence de tels documents. Répondant encore à une autre critique insistante, Eduard Gnesa a assuré que les modifications proposées étaient conformes au droit international et à la Constitution suisse.

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