mardi 21 mars 2006

L'UDC peint le diable sur la muraille

Lire l'édito de Raymond Gremaud dans le Journal du Jura en ligne
Pour l'UDC, la meilleure défense, c'est l'attaque. Le plus important parti du Parlement fédéral est loin de se contenter de défendre les durcissements des révisions de lois sur l'asile et les étrangers, attaquées par des référendums. Il émet une pluie de revendications supplémentaires pas piquées des vers et promet de les concrétiser par une série d'interventions aux niveaux fédéral et cantonal. Ainsi fait, nul doute que la question de l'immigration tiendra une place majeure dans les débats pour les élections fédérales de 2007, voire avant dans les cantons. Aussi louables qu'ils soient sur le plan éthique, les référendums contre les lois sur les étrangers et sur l'asile promettaient déjà des effets dévastateurs pour les causes défendues par leurs auteurs. C'est que ces référendums payés par les bien-pensants offrent surtout une tribune et un plébiscite programmé à l'UDC. Car il ne fait aucun doute que ces lois triompheront en votation populaire aussi aisément qu'au Parlement. L'UDC est néanmoins loin de se contenter de ce résultat. Sans attendre le scrutin populaire, elle programme un durcissement carabiné en matière d'asile et d'intégration des étrangers. Pour mieux le faire avaler, elle plante un décor peint comme le diable sur la muraille: tout en noir. On y voit des immigrants en provenance de 200 pays, dont un demi-million issu des Balkans et 182 000 venus d'Afrique et d'Asie. A croire l'UDC, non seulement ces gens ont une culture «très éloignée de la nôtre», mais beaucoup ont une propension à la violence, vivent du crime ou de l'aide sociale. Et de citer des proportions d'étrangers de 82,1% à la prison de Thorberg, de 73,5% à Bellechasse ou de 69,3 % à la Plaine de l'Orbe. Pour l'UDC, à part quelques profits à retirer de travailleurs qui correspondent à un besoin économique, tout est négatif, y compris l'apport multiculturel. Le discours met en évidence les mosquées, le chômage trois fois plus élevé, les ravages dans les assurances sociales et les difficultés d'enseignement dans des classes surdotées en étrangers. Les perspectives s'annoncent rudes pour les sages convaincus qu'il y a beaucoup à mettre sur l'autre plateau de la balance. Ils ne seront probablement entendus que s'ils apportent des réponses judicieuses.

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