dimanche 5 février 2006

«La Suisse connaît une situation de racisme, de xénophobie et de discrimination»

Lire l'éditorial d'Oscar Tosato président d'ACCOR-SOS-racisme


Du 9 au 13 janvier 2006, le Rapporteur spécial de l’ONU sur le racisme a effectué sa visite en Suisse à l’invitation du Conseil fédéral. Sa visite n’est pas passée inaperçue. Les médias, unanimes, ont donné le plus grand retentissement aux propos de M. Doudou Diène. Témoignent-ils du choc provoqué par l’image inquiétante de la Suisse qui ressort de son évaluation? Rares sont les médias à ne pas avoir communiqué la conclusion de sa conférence de presse, vendredi 13 janvier 2006, à Berne: «Oui, la Suisse connaît une situation de racisme, de xénophobie et de discrimination».

Ce constat n’est pas une surprise pour les personnes engagées depuis des années contre ce fléau ou pour celles qui en ont subi les manifestations.

Nous nous rappelons les actions entreprises dès 1989 en faveur d’une véritable législation pour prévenir le racisme; le premier succès que fut, en 1994, l’adoption de l’article 261bis du Code pénal; l’adhésion de la Suisse à la Convention de l’ONU sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale que cette loi rendait enfin possible.

Ce premier succès a permis la création, il y a dix ans, d’ACOR SOS Racisme, service social indépendant à l’écoute des victimes du racisme et agent de changement social, culturel, politique qui met le doigt sur les progrès à accomplir.

Depuis trois ans, la xénophobie arrogante de l’UDC blochérienne a fait tache d’huile. Les observateurs de terrain ont tiré la sonnette d’alarme, mais la majorité de la «classe politique» a peiné à prendre la mesure du phénomène.

La réaction des autorités aux paroles indignes que les porte-parole de l’UDC ont prononcées contre le Rapporteur spécial de l’ONU témoigne de la réaction qui se fait jour.

Mais c’est surtout de la société civile que naît enfin la riposte à cette menace contre la démocratie!

En 2005, la détermination de Magalie Schaer à défendre sa dignité a été payante face à un refus d’embauche dû à la couleur de sa peau. Le Tribunal des Prud’hommes de Lausanne a reconnu une politique d’embauche ségrégationniste et condamné l’employeur.

Mais aussi, et peut-être surtout, la solidarité qu’elle a stimulé a donné le coup d’envoi à la mobilisation pour cette loi d’application effective de la Convention de l’ONU dont Doudou Diène vient de souligner la nécessité en Suisse aujourd’hui!

Enfin, depuis le début 2006, une mobilisation sans précédent se développe pour faire aboutir les référendums qui contestent les nouvelles lois contre l’asile et les étrangers et la politique migratoire inhumaine qu’elles entraîneraient.

Pour la première fois depuis la votation du 25 septembre 1994, l’actualité du racisme et la gravité des enjeux qui lui sont liés ont fait l’objet d’une information accessible à tous.

Merci, Monsieur le Rapporteur spécial!

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