Lire l'article d'Aline Andrey dans 24heures
LOI La nouvelle loi sur les étrangers inclurait désormais la possibilité d’investigations secrètes au sein des associations. Une pratique qui pourrait déjà se faire légalement, selon Berne.
«Il y a une volonté de criminaliser les collectifs de soutien. Il est choquant que ces mouvements ne soient pas distingués, dans la loi, des réseaux de traite d’êtres humains.» Christophe Tafelmacher, avocat, membre de la Coordination Asile Vaud, ne cache pas son inquiétude. Car si la loi sur les étrangers (LEtr) s’attaque aux droits des sans-papiers, ceux de leurs défenseurs seraient également mis à mal. Les mouvements de soutien pourraient en effet être infiltrés selon la Loi sur l’investigation secrète qui touche la LEtr.
Un argument de plus à faire valoir par les comités référendaires en pleine récolte de signatures. Cette mesure concernerait les collectifs de soutien aux sans-papiers, aux personnes frappées d’une non-entrée en matière et aux requérants déboutés.
Paranoïa ou véritable mise en péril des droits des mouvements de solidarité? «Du moment que la loi indique de telles dispositions, je ne crois pas que l’on puisse parler de paranoïa», estime Christophe Tafelmacher. «Il y a un risque réel que nous soyons davantage exposés dans notre pratique», ajoute Francisco Merlot, travailleur social à la Fraternité à Lausanne. Une inquiétude nourrie par le fait qu’agir «dans le cadre d’un groupe ou d’une association de personnes» aggraverait encore les délits inscrit dans la loi. A savoir: faciliter l’entrée, la sortie ou le séjour illégal (art. 116) ou le comportement frauduleux à l’égard des autorités (art. 118). Du côté de l’Office des migrations (ODM) le discours se veut rassurant. «Il n’y a pas de quoi paniquer, tempère le porte-parole Dominique Boillat. Selon nos juristes, la nouvelle loi ne change pratiquement rien. Le fait de surveiller, et d’investiguer, est semblable à la pratique actuelle.» Selon l’ODM, seul un délit commis dans le but d’un enrichissement ou dans le cadre d’activités délictueuses est punissable: un groupe, par exemple, qui voudrait sciemment cacher des clandestins ou organiserait des mariages de complaisance. «Une personne qui en protégerait une autre dans une situation de détresse ne serait pas concernée par cette loi, ajoute Dominique Boillat. Dans tous les cas, les juges tiennent compte des circonstances.»
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