mardi 10 janvier 2006

Le rapporteur spécial sur le racisme de l'ONU est en Suisse


Valentin Zubler dans 24heures est allé interroger ce haut fonctionnaire Sénégalais actuellement en mission dans notre pays:


» Doudou Diène ne badine pas avec la xénophobie. Un peu partout dans le monde, «la bête est sortie du bois», déplore le rapporteur spécial de l'ONU sur le racisme. Et en Suisse? C'est justement afin d'y répondre que l'ancien diplomate sénégalais a entrepris, hier, une visite-enquête de cinq jours à Bellinzone, Berne, Bâle et Neuchâtel.

Au cours de son voyage, Doudou Diène rencontrera les conseillers fédéraux Pascal Couchepin et Christoph Blocher, ainsi que des représentants des autorités cantonales, d'ONG et de communautés de migrants. Le tout avant de soumettre, en mars, un rapport provisoire à la prochaine session de la Commission des droits de l'homme.

- Pourquoi cette visite?


- Toutes les sociétés traversent un processus de multiculturisation. Je souhaite savoir ce qu'il en est en Suisse. Mais je m'interroge surtout sur le nombre de votations et de référendums, dans ce pays, concernant les étrangers. La démocratie directe est une bonne chose, mais pourquoi tant de scrutins sur cet objet? Par ailleurs, j'aimerais connaître les raisons du refus par le peuple des deux projets de naturalisation facilitée des jeunes étrangers en septembre 2004.

- Vos premiers éléments de réponse?

- Avant les votations, la presse dénonçait certains discours xénophobes. Et je me souviens d'une affiche inquiétante représentant des mains brunes prêtes à s'emparer de passeports suisses (n.d.l.r.: le placard de l'UDC).

- Votre venue intervient alors que le Parlement vient d'adopter deux lois sur l'asile et les étrangers, combattues en référendum.

- Les crispations identitaires sont communes à beaucoup de pays. Elles se traduisent notamment par l'adoption de lois qui criminalisent les requérants ou les immigrés. Mon enquête déterminera si tel est le cas ici.

- Vous insistez sur la nécessité d'interdire les partis ne cachant pas leurs penchants xénophobes.

- C'est ce qu'exigent les Conventions internationales. Or, la rhétorique traditionnelle des partis d'extrême droite est récupérée par les partis démocratiques.

- Comment jugez-vous les efforts d'un pays?


- D'abord, j'évalue la stratégie politique et l'appareil juridique mis en place contre le racisme. Mais aussi les efforts en matière de culture et d'éducation.

- Vous allez rencontrer des responsables du FC Bâle. Racisme et sport font-ils trop bon ménage?

- J'ai déjà dénoncé la montée du racisme dans le sport, notamment le football. D'ailleurs, je regrette profondément les récents heurts entre la Suisse et la Turquie pour la qualification de la Coupe du monde 2006. Les grandes fédérations doivent s'engager.

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