Carole Pantet dans 24heures revient sur les conséquences sanitaires des restrictions budgétaires dans le domaine de l'asile:
Depuis le début de l’année, les requérants d’asile arrivant à Vallorbe ne subissent plus automatiquement de dépistage contre la tuberculose. La Confédération espère ainsi économiser près de 2,5 millions de francs, sur la base de 10 000 requérants par année.
La Croix-Rouge suisse a quitté le CERA (Centre d’enregistrement des requérants d’asile) de Vallorbe le 31 décembre dernier. L’organisation, qui était en charge des examens médicaux des requérants d’asile dans les CERA, s’est retirée silencieusement, perdant dix-huit postes au passage.
L’Office fédérale de la santé publique (OFSP) a en effet décidé d’alléger les contrôles sanitaires aux frontières et de mandater la société zurichoise ORS Service en lieu et place de la Croix-Rouge suisse. «On regrette vraiment cette décision, mais nous ne pouvons qu’en prendre acte. Nous ne sommes pas en position de juger», réagit Hans Beat, chef du département migration de la Croix-Rouge suisse à Berne.
Jusqu’au début de cette année, chaque requérant subissait une radiographie de dépistage et un test tuberculinique lors de son arrivée au CERA. Il recevait aussi le programme de vaccination suisse. «L’OFSP a reçu un programme de renoncement à certaines tâches. Le choix de supprimer la radiographie et le test tuberculinique a été fait selon un rapport entre le coût et le résultat (lire l’encadré).
Et les vaccins se feront désormais dans les cantons», explique Gilbert Forestier, responsable de la division CERA à l’Office des migrations.
Selon l’OFSP, environ 450 radiographies du thorax étaient nécessaires pour déterminer un cas de tuberculose contagieuse. «A vrai dire, nous avons déjà hésité à supprimer ce test en 1992, rappelle Peter Helbling, collaborateur scientifique à l’OFSP. Mais nous n’étions pas encore prêts à aller de l’avant. Ce qui a déclenché la décision, c’est leur coût important (n.d.l.r.: 440 francs par requérant) ». Pour Peter Helbling, ces tests étaient certes utiles, mais trop onéreux. «Il est préférable d’utiliser cet argent ailleurs. Par exemple en donnant plus de moyens aux infirmières qui suivent les tuberculeux pour qu’elles puissent s’assurer qu’ils prennent leur traitement.» En effet, en Suisse, seule la moitié des requérants d’asile possiblement infectés commencent un traitement et tous ne le terminent pas.
Questionnaires informatisés
Désormais, la tuberculose est donc dépistée grâce à un simple questionnaire informatisé disponible en 28 langues. Une infirmière diplômée interroge le requérant pendant une vingtaine de minutes sur son état de santé. Le questionnaire aboutit à un nombre de points qui poussent ou non le personnel soignant à envoyer le requérant chez un médecin qui effectuera alors radiographie et frottis d’expectoration. Lors de ce même entretien, le requérant reçoit une information sur le mode de fonctionnement du système de santé suisse et visionne une vidéo de prévention contre le sida.
Cette mesure d’économie dans le domaine de la santé des requérants d’asile n’est pas une première. Elle fait suite à la suppression en 2005 des consultations médicales individuelles, testées en programme pilote à Vallorbe et Chiasso. «Les requérants doivent, depuis lors, faire part de leurs problèmes de santé aux agents de sécurité ou au personnel de la maintenance qui communiquent leur demande à l’administration », explique Sandra Antrilli, conseillère juridique au Service d’aide juridique aux exilés de Vallorbe. Avec l’augmentation prévue pour avril 2006 de la durée de séjour dans les CERA, cet accès restreint aux soins inquiète particulièrement les associations
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