samedi 5 novembre 2005

Genève est prête pour le référendum

Didier Estoppey dans Le Courrier annonce les dispositions genevoises à ouvrir la voie du référendum contre les lois sur les Etrangers et l'Asile.
Le vote final des Chambres n'est programmé que pour le 16 décembre. Mais vu les majorités qui se sont dessinées, au Conseil des Etats comme au National, pour suivre les injonctions de Christoph Blocher, la messe est dite. A Genève, on est d'ores et déjà prêt à lancer le référendum contre les durcissements apportés à la Loi sur l'asile (Lasi) et ceux inscrits dans la nouvelle Loi sur les étrangers (LEtr).
Une assemblée qui vient de se tenir à l'invitation de la Coordination asile genevoise a permis de constituer le comité référendaire. «Une cinquantaine de personnes représentant une vingtaine de partis, associations ou syndicats étaient présentes, relate Yves Brutsch, du Centre social protestant. Je n'avais encore jamais assisté à une telle mobilisation à ce stade d'un référendum. C'est de bon augure.» Une évidence est rapidement née de la rencontre: vu la détermination des militants présents à combattre tant la Lasi que la LEtr, pas question de partir en ordre dispersé. «Nous avons constitué un comité unitaire qui récoltera les signatures pour les deux référendums», annonce M.Brutsch.
Genève est ainsi le premier canton à voir se constituer un comité référendaire contre les deux lois. Ailleurs en Suisse, les rencontres et les réflexions se poursuivent, avec deux interrogations qui demeurent: faut-il créer des comités pour chacun des référendums ou les fusionner? Est-il opportun, surtout, pour des organisations statutairement apolitiques, de se joindre à des partis de gauche dans un comité unitaire (lire notre édition du 1eroctobre)?
La question ne s'est pas posée à Genève, selon Yves Brutsch. D'ailleurs, même si les partis de gauche sont pour l'instant seuls à avoir adhéré au comité référendaire, il n'est pas exclu qu'ils soient rejoints par d'autres. Le Parti démocrate-chrétien genevois avait vu son conseiller national, Luc Barthassat, voter en tous points avec la gauche lors du débat de septembre à la Chambre du peuple. Et a adopté récemment une prise de position adressée à la direction nationale du parti par laquelle il en appelle «au bon sens et au bon coeur des parlementaires fédéraux», implorant les Chambres de reconsidérer, sur les points les plus décriés des deux lois, leur position lors des votes finaux.
Secrétaire général du PDC genevois, Fabiano Forte ne se nourrit toutefois pas d'illusions quant à la portée de l'appel. Et n'exclut pas que sa section se joigne à un comité référendaire. «La présidence du parti doit en discuter dès lundi, et nous aurons peut-être une assemblée des délégués sur la question. Ce qui me paraît clair, c'est que nous ne resterons en tous les cas pas silencieux. Nous ne nous tiendrons pas alignés couverts sur la position du parti national qui, pour plaire à son électorat le plus conservateur, a suivi la ligne blochérienne.»
Les autres partis du centre sont plus tièdes. Le Parti libéral, dont les quatre élus se sont opposés aux principaux durcissements des deux lois, ne soutiendra probablement pas le référendum, selon son président suisse, Claude Ruey. Quant au Parti radical genevois, dont le conseiller national John Dupraz avait aussi voté contre l'écrasante majorité de son groupe, il ne s'est visiblement guère ému de la chose. «Pour être franc, nous n'avons pas reparlé de la question depuis le débat du National», admet François Longchamp, président des radicaux genevois. Et accessoirement candidat à une élection qui fait visiblement passer certaines préoccupations au second plan. I

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