Plusieurs lecteurs de 24heures s'élèvent contre la manière dont Denis Barrelet à rendu compte du bilan d'autosatisfaction de Christof Blocher, il y a deux semaines. On se rappelle effectivement que le chroniqueur de 24heures avait été bien seul à donner raison au chef du département de l'intérieur, comme le montre les autres commentaires de la presse.
Lire les lettres de lecteurs:
Cet article consacré à l’évolution du droit d’asile m’a heurtée de front et je souhaite apporter deux remarques tirées de ma pratique d’avocate.
M. Barrelet semble ignorer que, dans la plupart des pays de provenance des requérants d’asile, seule une minorité de la population possède un passeport. Les requérants d’asile sont donc dans l’impossibilité d’en présenter un à leur nom. D’ailleurs, celui qui arrive avec un passeport est exclu du statut de réfugié. L’équation est donc simple: pas de passeport = nonentrée en matière; passeport = refus d’asile!
Dans toutes les discussions relatives au «523» refusés ou aux «175» Ethiopiens et Erythréens, les partisans de la ligne dure répètent que ces personnes sont demeurées en Suisse illégalement. Or ils ont souvent bénéficié de décisions provisoires les autorisant à rester en Suisse en attendant l’issue des démarches en cours. Il ne s’agissait pas de «tirer toutes les ficelles», mais souvent d’invoquer un traitement médical indispensable qui ne pouvait pas être dispensé dans le pays d’origine.
Je pense par exemple à une jeune fille déjà traumatisée par les circonstances de son départ en exil, arrachée violemment à sa mère sitôt après le meurtre du père. Peu après son arrivée en Suisse, elle a vu un de ses compatriotes se noyer. Elle a
présenté alors de graves troubles psychiques et a été autorisée à rester en Suisse.
Les années ont passé, elle a repris pied dans la vie, se fiant à une apparente stabilité. Après un séjour légal de neuf ans et demi, alors même qu’elle est parfaitement intégrée et financièrement autonome, elle a reçu une décision de renvoi, fondée en réalité exclusivement sur le fait qu’elle est Ethiopienne, et qu’actuellement les Ethiopiens doivent partir, Punkt Schluss.
Est-ce cela, notre tradition d’humanité?
Monique Gisel,
Le Mont-sur-Lausanne
Seconde lettre
Mal informé!
M. Barrelet est mal informé, hélas. Il dit des «demandes d’asile manifestement infondées» qu’«elles seules font l’objet de décisions de non-entrée en matière». La réalité est autre, les personnes qui lisent ces décisions le constatent. Des journalistes d’opposition, ayant fui par exemple le Congo RDC, se sont vu frapper de non-entrée en matière! Car la loi suisse permet de refuser, pour des raisons formelles, l’examen de la situation réelle de la personne.
Nous n’attendons pas d’un correspondant parlementaire qu’il nous renseigne sur des vœux pieux ou des théories! Mais M. Barrelet a des excuses: il a entendu M. le conseiller fédéral Blocher, qui affirme par exemple que «la nouvelle mesure n’a condamné personne à la rue, et qu’aucune des personnes ayant affirmé le contraire n’a été en mesure d’étayer ses accusations». Pour prétendre cela, il faut fermer les yeux bien fort, ne pas regarder les documentaires et enquêtes qui ont cherché ce qui se passe réellement, éviter d’aller là où on rencontre ces personnes. Ces messieurs ont-ils vu le documentaire NEE-NEM tourné entre autres à Soleure, présenté au Parlement et à la presse en mars 2005? Ou les émissions radio ou TV (Jonctions magazine, par exemple) de novembre et décembre 2004?
Je n’ai jamais entendu l’expression fantaisiste «accueillir tous les malheureux de la terre» venant des partisans du droit d’asile (et pour cause: ils demandent un examen juste, et non une charité absurde!); je ne la lis que chez ceux de leurs adversaires qui cherchent à les caricaturer. (...)
Hélène Küng
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