jeudi 15 septembre 2005

Le parti radical vaudois en pleine confusion

Le Temps revient sur le réalignement à droite du parti radical vaudois conduit par le président du parti, Claude-André Fardel. Ce virage est particulièrement sensible sur le dossier de l'asile.

Trois voix pour, 29 contre. La décision a été massive mardi chez les députés radicaux vaudois. Le groupe n'a pas voulu d'une nouvelle initiative parlementaire sur les requérants d'asile déboutés. Pas question d'inviter le Conseil d'Etat à aller renégocier l'accord conclu avec la Confédération. Claude-André Fardel, le président du parti, qui condamnait la démarche et voulait que le parti s'exprime d'une seule voix (LT du 12.09.2005) a eu gain de cause.

L'unité démontrée par le parti cantonal à cette occasion n'est toutefois qu'une trompeuse façade. Sur la question de l'asile, d'abord, nombre de radicaux restent opposés aux renvois forcés. Mais surtout, à un an et demi des prochaines élections cantonales, l'orientation politique du parti est cause de divisions à la tête même de celui-ci.

Le discours du président Fardel creuse le fossé

Le discours droitier tenu ces derniers temps par le président Fardel, qui veut se rapprocher des libéraux en supprimant la notion de centre, creuse le fossé.

Les représentants de l'aile gauche se demandent s'ils ont encore leur place dans le parti. La solidarité est, pour les radicaux, un principe tout aussi important que la liberté et la responsabilité, soulignent-ils en déplorant que le mot ait disparu du langage présidentiel. Mais le désarroi est plus large. Des radicaux que l'on ne peut soupçonner d'être sous influence de la gauche se demandent avec consternation si leur président entend renoncer à la mission historique du parti qui consiste à tisser des liens entre les deux bords de l'échiquier politique. Ils réclament un débat ouvert sur l'orientation politique du parti. Le discours droitier paraît d'autant plus incongru alors que le radical Pascal Broulis vient de présenter, grâce à sa méthode consensuelle, un budget qui s'approche de l'équilibre sans créer une guerre sociale.

Une frange franchement antigouvernementale

L'existence d'une aile droite et d'une aile gauche chez les radicaux doit être presque aussi vieille que le parti lui-même. La nouveauté de la situation présente est que l'aile droite tend à être dépassée par une frange franchement antigouvernementale, qui a fait de Claude-André Fardel son porte-parole. Le député Olivier Feller, qui est avec le libéral Philippe Leuba l'un des héros de la victoire antifiscale contre le gouvernement, a par exemple menacé de lancer un nouveau référendum avant même de connaître le budget et les intentions précises du gouvernement à l'égard des communes. Un geste inimaginable il n'y a pas si longtemps de la part d'un député radical.

Olivier Feller était de ceux qui ont porté la candidature de Claude-André Fardel à la présidence, avec la députée Isabelle Moret, le président des communes Pierre Grandjean et les Jeunesses radicales. Claude-André Fardel a eu besoin d'un soutien supplémentaire, puisqu'il vient d'engager l'ancien journaliste Marc Comina comme conseiller politique. Les ambitions de l'aile droite se font sentir au parlement fédéral également: elle voudrait bien que l'ancien président Yves Christen laisse rapidement sa place à Isabelle Moret.

Direction écartelée


Déstabilisé par la grande crise des années 90, ses défaites électorales, la perte de sa place de premier parti vaudois, le PRDV offre un visage de plus en plus insaisissable. Il y a non seulement des ailes, mais des couches. La présidence s'affirme à droite, mais la direction est écartelée. Les députés sont très majoritairement gouvernementaux, tandis que les délégués au congrès sont volontiers frondeurs. Le président joue le congrès contre le groupe. Les uns et les autres se réclament de la base. Dans cette confusion, les interlocuteurs politiques des radicaux ne savent parfois plus à qui s'adresser lorsqu'ils ont besoin d'un partenaire fiable sur un dossier.

Aux élections cantonales de 2007, les radicaux vaudois jouent gros. Pas encore leur survie, comme à Genève. Mais la majorité politique cantonale et leur prééminence au sein du camp bourgeois. Volontariste à l'heure d'affirmer une ligne, Claude-André Fardel a encore tout à apprendre de son autre mission: rassembler. «On sait qui commande ici», aimaient à dire les radicaux vaudois du temps de leur gloire. Actuellement, on ne le sait plus du tout.

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