lundi 31 octobre 2011

Les Turcs en Allemagne, 50 ans de «mariage blanc»

allemagne communauté turque Angela Merkel célèbre mercredi un demi-siècle d’immigration. Mais l’intégration est en panne.

Petit, le crâne dégarni, l’œil malicieux, Ahmet Bayram, 66 ans, est arrivé en 1971 à Berlin avec un contrat de travail dans une grosse entreprise de machines-outils. Quarante ans après, «je suis pratiquement devenu un Berlinois», sourit-il. Il passe toujours ses vacances «au pays» mais sa vie est ici, au nord du Danube. «Mes trois enfants et mes petits enfants vivent à Berlin», explique-t-il devant les rayons de la librairie turque Kitapçi, tenue par son fils.

«Il y a quarante ans, tout le monde avait du travail. Avec la crise, regrette-t-il, les Allemands ont commencé à nous dire qu’on leur piquait leur boulot et nous ont reproché de rouler en grosse Mercedes, en profitant de leur sécurité sociale.» Ahmet a le passeport allemand mais a conservé sa nationalité turque.

«Cinquante ans de mariage blanc!» La banderole barre l’immeuble à l’entrée de Berlin-Kreuzberg, le «petit Istanbul». C’est le titre d’une pièce de théâtre montée pour le 50e anniversaire des accords du 30 octobre 1961, organisant l’afflux des travailleurs turcs dont l’industrie avait cruellement besoin.

«Nous sommes tolérés»

«Nous restons des gens tolérés», résume Bekir Yilmaz, dans les bureaux voisins de la communauté turque. Il nous montre une lettre anonyme arrivée le matin. «Pourquoi votre association proteste-t-elle contre l’interdiction des grillades dans le Tiergarten (ndlr: le parc central de Berlin, à deux pas de la résidence du président de la République) ? Vos compatriotes sont incapables de se tenir correctement et proprement. Allez à Ankara ou à Istanbul faire vos barbecues! Ici vous êtes seulement des invités tolérés.» L’été, les grillades au Tiergarten étaient une vieille tradition pour les familles de la communauté turque berlinoise.

Bekir Yilmaz a rejoint son père à Berlin en 1977, il était alors âgé de 8 ans. Aujourd’hui père de quatre enfants nés en Allemagne, il se sent citoyen allemand. «Mais je ne suis quand même pas un Allemand. Je ne peux pas renier mon origine, précise-t-il. J’ai eu la chance d’acquérir la nationalité allemande avant 2000.» Depuis, la loi exige le renoncement préalable à la nationalité turque. Faute de l’avoir respectée, 55 000 personnes se sont vu retirer leur «nouveau» passeport de la République fédérale.

Dominant Berlin-Neuköln, la mosquée du cimetière turc dresse ses minarets le long de l’ancien aéroport de Tempelhof. «Nous n’avons aucune difficulté à pratiquer notre religion», souligne Ender Çetin, qui siège à la présidence de la mosquée. Né à Berlin en 1977, il se sent Berlinois à 100%, mais n’a jamais demandé la nationalité allemande. Il lui faudrait pour cela renoncer à sa nationalité turque. Or, rien ne dit qu’il n’ira pas vivre un jour dans le pays de ses parents. «Le racisme, la haine de l’Islam se sont renforcés ces dernières années.»

Serdar Taçi ou Mesut Özil, les étoiles turques de l’équipe de foot nationale, n’y changent rien. Diplôme en poche, nombre de jeunes Turcs nés en Allemagne repartent travailler dans le pays de leurs parents. Cinquante ans après, le solde migratoire s’est inversé.

Le défi de Merkel

Aujourd’hui, il reste néanmoins 2,5 millions de Turcs d’origine vivant en Allemagne, dont 1,5 million ont acquis la nationalité allemande. La communauté a ses artistes, ses millionnaires, ses responsables politiques. Mais la définition même de l’intégration reste contestée. Peut-on devenir Allemand et rester Turc? C’est le défi auquel font face le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et la chancelière allemande Angela Merkel, qui célébreront le cinquantenaire mercredi à Berlin .

Michel Verrier, Berlin, pour 24 Heures

Condamnés à mort pour cause de mariage, ils vivent en Suisse

Traqué par son propre clan, un couple de Pakistanais entame une nouvelle vie en Suisse. Témoignage.

sami et sara

«Sara* était condamnée à être enterrée vivante. Quand la tribu a su que je l’avais épousée, ils m’ont également condamné à mort», explique Sami* (27 ans). Une traque commence alors dans une grande ville du Pakistan. Elle durera une année. Une année pendant laquelle le couple se fait héberger en changeant d’endroit toutes les semaines. «Ils ont essayé de nous tuer trois fois avec des armes à feu. Nous n’étions en sécurité nulle part.» En avril 2011, quand Sami arrive en Suisse avec sa jeune épouse Sara (21 ans), le couple est aux abois.

L’histoire de Sara et de Sami ressemble à beaucoup d’autres au Pakistan. Les tribunaux tribaux (jirga) condamnent à mort des centaines de femmes chaque année. Le crime de Sara? Refuser d’épouser son cousin. Une affaire d’honneur dans la province du Sindh, où les femmes sont considérées comme des biens d’échange entre les familles. «Ma famille s’est plainte auprès du jirga , raconte Sara. Je suis devenue kari , c’est-à-dire un mouton noir.» Sara parvient à s’échapper, rejoint la ville de la province et contacte Sami, qui a grandi dans son village.

«Personne ne pouvait nous aider, ni la police, ni les autorités, ni les médias, si je n’avais pas une relation officielle avec elle», explique Sami. Ils se marient. Mais cela ne résout rien: il devient à son tour un karo , un mouton noir. Leurs têtes à tous deux est mise à prix. La tribu fait détruire la maison de Sami au village. Ses parents et sa sœur sont blessés. La loi pakistanaise interdit les jugements karo-kari , mais l’influence des clans reste puissante. Les pressions sont immenses: sur les familles pour qu’elles exécutent les sentences elles-mêmes, et sur la police pour qu’elle ferme les yeux.

En danger jusqu’ici

La Fondation Surgir, à Lausanne et à Genève, est alertée de la situation par une ONG asiatique, fin 2010. «Nous avons correspondu pendant trois mois par internet, puis nous avons obtenu un permis humanitaire pour Sara et Sami», explique Jacqueline Thibault, fondatrice et présidente de Surgir. Soutenu par la fondation, le couple loge dans un petit studio, prend des cours accélérés de français. Sami, bardé de diplômes dans son pays, a trouvé un job modeste dans une entreprise de transports. Sara, issue d’une famille riche qui n’avait pas besoin de travailler, fait des ménages. Ils ne retourneront jamais au pays: «Trop dangereux.» Leur vie est ici. Ils évitent de raconter leur histoire, car si la tribu retrouve leur trace, où que ce soit, ils ne seraient pas à l’abri de représailles.

Comme tous les pays occidentaux, la Suisse n’est pas à l’abri des crimes d’honneur. Le pays se souvient de la tragédie survenue à Zurich en mai 2010, où un père pakistanais a tué sa fille de 16 ans à coups de hache.

La Suisse en retard

«Il y a peu de crimes d’honneur officiellement recensés comme tels, mais les menaces sont bien réelles», prévient Jacqueline Thibault. La Fondation Surgir, créée en 2000 sous l’impulsion d’Edmond Kaiser, accueille et aide des victimes de l’étranger, réfugiées en Suisse, en France et en Italie. Environ vingt-cinq personnes et leurs enfants. Elle lutte aussi pour que ce problème soit pris au sérieux par les autorités: «En Grande-Bretagne ou en Belgique, les polices sont formées à décrypter les menaces, les mariages forcés, les crimes maquillés. En Suisse, tout reste à faire.»

La conseillère nationale Bea Heim (PS/SO) a déposé une motion en 2010 pour que la Suisse mette en place une politique de prévention. Sans succès. «La Suisse sous-estime le danger», regrette Jacqueline Thibault, qui vient d’éditer une plaquette sur les crimes d’honneur en Europe. Cette humanitaire, qui a écrit en 2006 Brûlée vive avec Souad (une Palestinienne victime d’un crime d’honneur), se bat pour que l’horreur ne devienne jamais banale. «Il faut que les gens sachent que dans certains pays les chiens sont mieux traités que les femmes, conclut Sami. Ce n’est pas une question de religion, mais de traditions ancestrales .»

* Prénoms d’emprunt

Patrick Chuard dans 24 Heures

Manifestation nationale contre l’islamophobie

2000 personnes ont répondu à l’appel lancé par le Conseil central islamique.

Quelque 2000 personnes ont manifesté samedi sur la place Fédérale pour dénoncer ce que le Conseil central islamique (IZRS) appelle «les discriminations croissantes envers les musulmans». D’autres organisations musulmanes avaient au préalable pris leurs distances avec cette manifestation.

Parmi les orateurs, le président du Conseil central islamique, Nicolas Blancho, a harangué l’assemblée depuis l’estrade où derrière lui figurait en grandes lettres jaunes le mot «islamophobie». Lettres qui ont été renversées une à une lorsque la foule a clamé plusieurs fois «non» à sa question: «Voulez-vous que l’interdiction des minarets soit maintenue?» Les musulmans ne doivent pas être traités comme des citoyens de deuxième classe, a également déclaré Nicolas Blancho. «Nous sommes une partie de la société comme les autres.»

En Suisse, l’interdiction des minarets votée par le peuple ne serait que la pointe de l’iceberg, selon un communiqué de l’IZRS. Ce document évoque des discriminations en hausse dans le monde du travail ou en matière de logement, par exemple. Quant aux agressions verbales, elles sont «quotidiennes», avec une tendance «en forte hausse», écrit le Conseil, qui dit documenter les cas d’islamophobie systématiquement depuis cette année. Le Conseil central islamique appelle la Confédération à prendre des mesures.

La manifestation s’est déroulée sans heurt. Bon nombre de participants portaient une étoile jaune où figurait l’appellation «musulman», rappelant la persécution des juifs par les nazis. Certains se sont agenouillés pour prier entre les discours. Un geste qui ne faisait pas partie de l’autorisation de manifester, a fait savoir la police, qui a contacté les organisateurs. Les autorités municipales qui ont délivré l’autorisation seront averties.

24 Heures et ATS

Un néonazi repenti efface ses tatouages

tatoo nn effacé Bryon Widner, ancien leader d’un groupement prônant la suprématie de la race blanche, a subi vingt-cinq opérations chirurgicales pour faire enlever les inscriptions qui lui couvraient le visage.

Bryon Widner était un Américain extrêmement violent, redouté pour ses actes racistes. Il affichait fièrement son visage recouvert de tatouages nazis. Mais devenir père l’a transformé. Sa femme Julie et lui ont alors quitté les mouvements racistes prônant la suprématie de la race blanche auxquels ils appartenaient. Ses idées avaient totalement changé, mais son corps ne reflétait pas son nouvel état d'esprit. Il ne supportait plus ses nombreux tatouages néonazis. Un rasoir imbibé de sang, des croix gammées ou les lettres du mot «haine» sur chacune de ses phalanges le dégoûtaient de sa propre enveloppe corporelle. Les gens voyaient en lui un voyou menaçant, et non un père de famille aimant.

Il songe à brûler son visage avec de l’acide

D'importants tatouages faciaux comme ceux qu’arborait Bryon sont extrêmement rares et les opérations pour les enlever restent hors de prix. Désespéré, il songea à se brûler le visage avec de l’acide. Julie fit alors quelque chose qui lui aurait paru impensable quelques mois plus tôt: elle contacta un homme de couleur, Daryle Lamont Jenkins, qui se battait contre le racisme. «Je n’ai pas pensé à ce qu’elle avait pu faire auparavant, j’ai simplement vu une femme et une mère prête à faire n’importe quoi pour sauver sa famille», déclara ce dernier au quotidien «Daily Mail». Par l’intermédiaire de Daryle, Julie et Bryon font la connaissance de T.J. Leyden, un ancien néonazi qui se bat désormais pour la tolérance.

Bryon prit son courage à deux mains et suivit le conseil de ses nouvelles connaissances: il contacta le Southern Poverty Law Center (SPLC), une association qui lutte contre le racisme, traquant les groupes auxquels Bryon appartenait autrefois. Joe Roy, inspecteur en chef pour le SPLC, connaissait bien Bryon Widner du temps où celui-ci était actif dans ces derniers. «Les gens qui quittent réellement ces mouvements sont extrêmement rares, explique-t-il. La plupart traversent une crise, mais y retournent par la suite.» Après plusieurs semaines de discussion avec les époux Widner, Joe Roy fut convaincu du changement qui s’était opéré au sein du couple. Bryon collabora avec le SPLC, expliquant de quelle manière fonctionnaient les groupes néonazis, comment ils recrutaient de nouveaux membres, leur façon de se rassembler. La famille reçut de nombreuses menaces de mort de la part de leurs anciennes connaissances.

Des douleurs inimaginables

Touché par le sort de Bryon, Joe Roy finit par trouver un donateur capable d’assurer le financement des opérations chirurgicales nécessaires pour enlever définitivement ses tatouages. Les frais pour les vingt-cinq opérations s’élevèrent à 35'000 dollars. Durant les interventions, réalisées au laser, Bryon souffrait d’une douleur incommensurable: il fallut alors l’anesthésier totalement lors de chaque séance. Plus de vingt opérations en seize mois furent nécessaires pour venir à bout de ces tatouages haineux. Bryon vécut cela comme une épreuve de pénitence. Il donna son accord pour être suivi par une équipe de télévision, afin «d’empêcher d’autres jeunes de commettre les mêmes erreurs que moi».

Le début d’une vie nouvelle

Les bras et le torse de Bryon sont encore couverts de tatouages. Peu à peu, afin de les dissimuler, il les recouvre d’encre. Son cou et ses mains ont subi quelques dommages dus aux pigments, il souffre fréquemment de migraines et ne peut s'exposer au soleil. Mais, dit-il, «c'est un petit prix à payer pour être devenu un nouvel être humain».  Le documentaire «Erasing Hate» consacré à Bryon Widmer peut être visionné sur le site Huffington Post.

20minutes.ch

3700 réfugiés sont toujours bloqués à la frontière tuniso-libyenne

L'Europe doit venir en aide aux réfugiés de Libye. C'est le message adressé par les ONG qui gèrent le camp de Choucha en Tunisie. Situé à proximité du poste frontalier de Ras Jdir, il accueille aujourd'hui encore 3700 réfugiés, originaires de 22 pays.

Euronews

« Pas d’enfants en prison ! »

Samedi soir, un père tchétchène et ses quatre enfants arrêtés à Nancy et menacés d’expulsion étaient remis en liberté. Une première en France.

Le tribunal administratif de Melun (Seine-et-Marne) a remis en liberté samedi un père de famille et ses quatre enfants interpellés mercredi à Nancy et menacés d’expulsion, après leur placement au centre de rétention du Mesnil-Amelot. Ils devaient être renvoyés en Russie, comme des milliers d’autres chaque année.

« C’est une décision importante, les enfants ne doivent pas être en rétention pour des raisons juridiques et humaines », s’est réjouie l’avocate nancéienne de la famille, Me Brigitte Jeannot, après avoir plaidé pendant plus de 2 heures.

La famille sans papiers avait reçu une obligation de quitter le territoire français (OQTF) qui reste valide, mais la décision de rétention a été annulée, les juges s‘étant opposés à l’enfermement des enfants. Une première en France. En effet, une nouvelle loi sur l’immigration mise en place en juin donne la compétence aux tribunaux administratifs. « La rétention est prévue comme une mesure d’éloignement, or les enfants - mineurs - ne peuvent pas être reconduits à la frontière, donc aucune rétention n’est possible pour eux », a expliqué l’avocate, militante de la Ligue des droits de l’Homme.

Arrivés en France en 2006, après avoir transité par l’Allemagne, la famille vit à Nancy. Le père âgé de 35 ans et ses 4 enfants de 4 à 14 ans ont été interpellés chez eux mercredi, avant d’être conduits dans la soirée au Centre de rétention du Mesnil-Amelot. La mère qui suivait un cours de français n’avait pas été arrêtée.

La demande d’asile de la famille a été rejetée par l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (OFPRA), mais un recours doit être examiné par la Commission nationale du droit d’asile avec des arguments solides car « Monsieur est recherché par le gouvernement de Kadirov qui le considère comme un traître et la Tchétchénie n’est pas un pays sûr », a plaidé Me Jeannot.

Durant les 4 jours de rétention, les enfants ont vu des détenus s‘automutiler, se battre… « Des choses qu’ils n’auraient jamais dû voir. C’est grave », a dénoncé le sénateur de Seine-et-Marne venu soutenir la famille. « Pas d’enfants en prison ! J’espère que cela fera réfléchir les préfets. »

Corinne Baret-Idatte dans l’Est Républicain

La professionnalisation de l’encouragement de l’intégration continue sur sa lancée

Le bilan de la troisième année de l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les étrangers et de la loi révisée sur l’asile fait état d’une consolidation de la collaboration entre la Confédération, les cantons, les villes, les communes ainsi que les responsables du secteur privé en matière d’encouragement de l’intégration. Le rapport annuel 2010 sur l’encouragement de l’intégration par la Confédération révèle que l’offre a été renforcée en tenant compte des besoins croissants et a été davantage ciblée sur les besoins des groupes auxquels elle s’adresse.

Le catalogue de mesures d'intégration proposé par la Confédération et élaboré conjointement par les cantons et quinze services fédéraux a considérablement contribué à l'ancrage de la promotion de l'intégration à l'échelon fédéral – précisément dans les structures existantes telles que la formation professionnelle, l'assurance-chômage et le secteur de la santé – et à une sensibilisation des différents partenaires.

Dans le cadre du programme des points forts pour les années 2008 à 2011, l'Office fédéral des migrations soutient l'encouragement de l'intégration des étrangers. En 2010,  près de 2900 cours ou mesures ont été proposés autour du thème "Langue et formation", rassemblant quelques 57 000 personnes. Trente centres de compétence régionaux de l'intégration ont ainsi pu faire connaître plus en détail leur fonction de services centraux d'accueil et de coordination. Les quinze services d'interprétariat communautaire ont dispensé environ 128 000 heures d'interprétation et ont apporté une contribution précieuse à la compréhension mutuelle lors de situations de dialogue importantes, que ce soit à l'hôpital, à l'école ou auprès des autorités. Le lancement de projets d'intérêt national a été amorcé et accéléré ; on peut notamment citer l'encouragement de l'intégration dans le domaine préscolaire ou les projets de développement de quartier. L'encouragement de l'intégration des réfugiés reconnus et des personnes admises à titre provisoire a été poursuivi, notamment dans les domaines de l'acquisition d'une langue et de l'intégration professionnelle.

Communiqué de l’ODM

Demandeurs d'asile, le "cri d'alerte" de la ville d'Angers

Face à l'afflux persistant de migrants, pour beaucoup venus de pays africains en proie à la guerre ou à la famine, la ville d'Angers sature et appelle au secours: les services d'accueil sont débordés, les centres d'hébergement affichent complet, les points de distributions alimentaires refusent du monde, ce qui crée des tensions.

"En aucun cas, il ne s'agit de stigmatiser les demandeurs d'asile. C'est un cri d'alerte auprès de l'Etat et un appel à une plus grande solidarité territoriale. Nous avons tous atteint les limites", raconte Rose-Marie Véron, adjointe en charge de la solidarité au sein de la municipalité socialiste. "Aujourd'hui, le seuil physique de saturation a été atteint", renchérit Christophe Béchu, sénateur UMP et président du conseil général.

Plus de 800 demandeurs d'asile, principalement venus de Somalie, Soudan ou Erythrée, sont arrivés depuis le début de l'année dans cette ville de 155.000 habitants. Ils étaient 940 l'an passé et un peu plus de 900 (enfants non compris) en 2009. Elus et associations avaient déjà tiré la sonnette d'alarme il y a deux ans, rien n'a changé. "C'est surtout très compliqué car beaucoup relèvent de procédures prioritaires et n'ont droit à rien", appuie Jean-François Fribault, le directeur de l'Abri de la Providence, l'association qui anime la plateforme d'accueil unique du Maine-et-Loire.

Sur les 800 primo-arrivants, 180 sont aujourd'hui en attente d'accompagnement administratif car l'association ne peut assurer le suivi de leurs dossiers. Epuisés, les salariés avaient exercé il y a quelques mois leur droit de retrait, relayant sur la place publique la fatigue et l'inquiétude des responsables de l'accueil d'urgence. Au Point accueil santé solidarité (PASS), un local municipal en centre-ville où les sans-domicile fixe trouvent chaque matin collation et soutien psychologique, social ou médical, le malaise est palpable depuis plusieurs semaines.

L'afflux des demandeurs d'asile y entraîne des tensions avec les habitués, routards et SDF, d'autant qu'au delà de 130 personnes, une mesure de fermeture des portes s'applique automatiquement. Plus grave, un deuxième accueil de jour, expérimenté depuis décembre 2010 avec le soutien de l'Etat, a été fermé ce vendredi, faute de crédits suffisants. "C'est démentiel, on arrive en période hivernale et dans une ville comme Angers, on peut se retrouver sans accueil de jour", dit Hubert, 51 ans, un "vieux routard" en provenance de Caen, pour qui "priorité doit être donnée aux plus précaires".

Au Secours Populaire, aux Restaurants du coeur, on partage le même constat: les conditions d'accueil se dégradent sous le poids de la demande. "La fréquentation a progressé de 20% cet été. Sur les 736 familles, 60 à 70% sont des demandeurs d'asile avec lesquels il n'est pas toujours simple communiquer", constate Jean-Pierre Meriel, un responsable des Restos du coeur. Depuis plusieurs jours, plusieurs dizaines de migrants dorment dehors, sous les arcades de la gare. Arrivée en avion à Paris depuis Addis Abeba (Ethiopie), Huda, une étudiante somalienne de 24 ans, affirme avoir "fui les guerres civiles".

Pourquoi Angers? "J'ai appelé une connaissance avec mon portable", répond Huda qui n'en dira pas plus. Le réseau entre compatriotes joue et la ville semble réputée pour la qualité de ses services d'accueil, selon les responsables locaux. "Il existerait même un site internet en Somalie où l'on conseille de venir à Angers. On voit bien qu'on est dans un cercle vicieux. Il faut que l'accueil reste dans des proportions raisonnables", dit Christophe Béchu. A sa demande, élus et parlementaires angevins rencontreront le ministre de l'Intérieur Claude Guéant le 3 novembre, pour tenter de trouver des solutions.

AFP

vendredi 28 octobre 2011

Une étoile jaune pour dénoncer l’islamophobie

Deux organisations faîtières musulmanes dénoncent l’utilisation de l’étoile jaune dans un appel à manifester contre l’islamophobie.

La nouvelle provocation du Conseil central islamique suisse (CCIS) suscite la colère de deux des principales organisations faîtières musulmanes. Fait rare, la Fédération d’organisations islamiques de Suisse (FOIS) et la Coordination des organisations islamiques de Suisse (COIS) ont publié un communiqué commun dénonçant une manifestation contre l’islamophobie. Celle-ci, organisée par le CCIS, dont le président n’est autre que Nicolas Blancho, a lieu ce samedi à Berne. Or l’annonce de cette manifestation sur le site internet du CCIS fait défiler quatre photos – trois portraits de musulmans et un minaret, tous frappés d’une étoile jaune qui rappelle celle qui discriminait les juifs dans l’Allemagne nazie et ses satellites. Cette étoile, formée de deux carrés entrelacés, et donc de huit branches (l’étoile jaune en compte six), comporte en son centre l’inscription «muslim», calligraphiée à la manière hébraïque.

La FOIS et la COIS dénoncent un acte «tapageur», «non éthique», qui «nuit aux intérêts et à l’image des musulmans de Suisse». «Le fait d’utiliser abusivement ce symbole historiquement lourd de signification à des fins de provocation gratuite blesse nos concitoyens juifs», affirme le communiqué. «Il est exclu d’établir un lien entre les discriminations subies par les musulmans aujourd’hui et le génocide des juifs par les nazis.»

«L’islamophobie est un grand problème en Suisse», dit Farhad Afshar, président de la COIS. «Porter le voile est difficile pour de nombreuses jeunes femmes, et les musulmans peinent à trouver du travail. Mais il faut résoudre ces problèmes par le dialogue avec les partis politiques intéressés à améliorer les conditions de vie des minorités, et avec les instances communales, cantonales et nationales. Les provocations du CCIS sont contre-productives.»

«Un vrai malaise»

Nicolas Blancho balaie ces critiques. «Je ne crois pas que le symbole de l’étoile n’appartient qu’aux juifs. Cette étoile a huit branches, et nous n’avons jamais prétendu que la situation des musulmans était la même que celle des juifs dans l’Allemagne nazie. Nous condamnons l’antisémitisme, mais il y a un vrai malaise. Certaines situations que vivent les musulmans rappellent l’antisémitisme des débuts. Un débat sur l’islamophobie est nécessaire.»

La Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (Cicad) avait déjà déploré durant l’été l’utilisation abusive de l’étoile jaune par le CCIS. Elle se félicite aujourd’hui de la réaction des organisations faîtières musulmanes. «Il appartient aux communautés musulmanes de dénoncer les débordements qui peuvent naître en leur sein. On ne peut que saluer cette initiative», affirme Johanne Gurfinkiel, secrétaire général de la Cicad.

Patricia Briel dans le Temps

dimanche 23 octobre 2011

En Suisse, net recul du parti populiste UDC

Le parti de la droite populiste de l'Union démocratique du centre (UDC) a enregistré un net recul dimanche aux élections du Parlement, mais reste la première formation politique de Suisse, selon une projection nationale de la télévision helvétique.

toni brunner

Le président de l'UDC, Toni Brunner, le 23 octobre à Zurich.AFP/FABRICE COFFRINI

L'UDC, qui a martelé pendant la campagne son discours anti-européen et anti-immigration, a perdu sept sièges au Conseil national (assemblée), obtenant 26,8 % des voix contre 28,9 % au dernier scrutin il y a quatre ans et 26,6% en 2003.

Ce serait la première fois que l'UDC voit son score reculer en 20 ans. Ce résultat est une surprise, puisque à quelques jours du scrutin, l'UDC était encore en légère progression par rapport à 2007, avec quelque 29,3 % d'intentions de vote. Contre toute attente, le parti n'a donc pas réussi à atteindre la barre historique des 30%.

Selon l'estimation nationale diffusée par la télévision, les partis de centre droit gagneraient en revanche du terrain, notamment les Verts libéraux et le Parti bourgeois démocratique, issu d'une scission antérieure de l'UDC. Pour sa part, le Parti socialiste resterait stable, tandis que le parti de la droite traditionnelle PLR (Libéraux radicaux) a cédé 4 sièges.

AFP et Le Monde

jeudi 20 octobre 2011

Pétition pour l’allègement du régime d’aide d’urgence

aide urgence pétition

Le Courrier

“Migrants en Suisse: quelle contribution au développement ?”

migrant débat genève

Le Courrier

“S’en prendre aux enfants est abject”

A propos de la campagne “Stop à l’immigration massive”, réaction d’un lecteur du Courrier.

courrier lecteur migrants enfants

Le Courrier

«Un roi» règne sur le cœur de Corinne Desarzens

Les éditions Grasset (Paris) publient le dernier roman de l’écrivain suisse qui se frotte ici aux requérants d’asile. Un sujet épineux que nous ramène chaque rendez-vous électoral. Cette publication est un hasard, mais elle tombe à point nommé.

Corinne Desarzens, un peu à la Melgar, le militantisme en moins et l’angélisme en plus.

Corinne Desarzens, un peu à la Melgar, le militantisme en moins et l’angélisme en plus. (RDB)

L’immigration. Un sujet épineux que nous ramènent les politiciens à l’occasion de chaque élection. Difficile d’y échapper ces temps-ci, avec le rendez-vous du 23 octobre qui approche à grands pas.
A propos de pas, il y en a qui sont très noirs. Ils écrasent un drapeau rouge frappé de trois mots blancs: «Stopper l’immigration massive!». C’est l’affiche de l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice) – vous l’aurez reconnue – pour l’actuelle campagne électorale. Bien avant, pour une autre campagne, ladite UDC s’était surpassée. A l’époque, «les murs de la ville s’étaient couverts d’affiches représentant des moutons noirs, puis, quelques mois plus tard, de corneilles qui déchiquetaient de beaux passeports rouges», rappelle Corinne Desarzens dans son nouveau roman Un roi (éditions Grasset).
La «ville» dont il est question ici, c’est Nyon où vit la romancière suisse. Quant au «roi» du titre, il est Noir. Inutile de vous dire son nom: il est un et multiple. Originaire d’Erythrée, il aime néanmoins l’Ethiopie qu’il a traversée, comme le Soudan et la Lybie, avant de débarquer à Lampedusa et de poursuivre son chemin jusqu’au pays de la Croix-Rouge. Là, il attend ce que tous attendent: l’asile politique.

Les bons et les méchants

C’est donc un «requérant». Malheur à Corinne Desarzens ! Elle va aimer ce «roi» qu’elle associe à des «princes trempés dans l’encre» qui marchent «comme s’ils avançaient sur une lame, un pied devant l’autre, souples mais précautionneux, tâtant et anticipant l’obstacle». Elle l’aimera sans se soucier des consignes données: garder ses distances avec les requérants d’asile. C’est ce que recommande le centre d’accueil des migrants à Nyon, où elle travaille comme enseignante bénévole. «Qu’ils apprennent, soit, mais sans créer de liens puisqu’ils ne resteront pas». Un destin scellé d’avance.
«Le traitement à réserver à ces migrants figurait sur n’importe quel programme électoral», écrit Corinne Desarzens dans ce livre qui fait penser à La Forteresse, le film du Suisse Fernand Melgar, avec le militantisme en moins et l’angélisme en plus. Car il faut le dire, il y a chez la romancière un côté manichéen qui place un peu trop les pays d’accueil (Suisse et Europe) dans le camp des méchants, et les accueillis dans le camp des bons.
Il n’en reste pas moins que ce «Roi» est touchant. Non pas tant grâce à cette histoire d’amour que l’écrivain effleure ou détaille (c’est selon) avec passion, mais grâce à un va-et-vient étourdissant entre deux civilisations occidentale et africaine, l’une pauvre en sentiments, l’autre en finances. Le Nord versus le Sud, en somme. Deux points cardinaux auxquels Corinne Desarzens ajoute l’Est et l’Ouest, offrant ainsi à son lecteur quatre gros chapitres en guise de charpente à son roman.
Tout commence donc en Suisse, dans ce centre d’accueil pour réfugiés dont le quotidien est rythmé par les cours de français, entre autres, et par l’attente exténuante d’une réponse aux demandes d’asile.

Une fête des sens

Dans les deux autres tiers du livre, éclatent des couleurs magnifiques et une fête des sens aiguillonnée par la curiosité de l’auteur. Desarzens décide de se rendre en Ethiopie afin de connaître un peu mieux ce pays que le «roi» aime, sans pouvoir y régner.
A partir de cet instant, le roman bascule. On entre alors dans un récit de voyage, digne d’un Nicolas Bouvier, où l’Ethiopie, sa dynastie impériale, ses châteaux, ses églises, ses déserts, ses lacs, ses parcs nationaux, ses zèbres et ses crocodiles, ses ethnies aux coutumes ancestrales, rivalise de richesse avec l’Occident des banques, des cartes magnétiques et de toutes les bricoles technologiques.
Au bout du fil, cette question douloureuse: l’intégration est-elle possible, dans un sens comme dans l’autre? Un Africain peut-il comprendre des Occidentaux qui «découpent les heures sur un cadran» alors que pour lui, coule dans le monde «une énergie mystérieuse qui (…) nous donne la force de mettre le temps en mouvement»?
Et inversement: un Occidental peut-il s’accommoder des habitudes sexuelles des Hamers, une ethnie éthiopienne où l’homme, pour conquérir son épouse, «doit à la pleine lune de septembre, escalader les échines du bétail placé flanc contre flanc»?
D’aucuns trouveraient cet exercice barbare. Mais qu’entend-on par barbarie? se demande Corinne Desarzens. Sa réponse, elle l’emprunte à Montaigne: «Chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage».

Ghania Adamo, swissinfo.ch

La force de l’UDC n’est pas due qu’aux «perdants de la mondialisation»

Une étude lausannoise décrit les tribus très diverses qui composent l’électorat du parti populiste. Et pourfend quelques idées reçues.

Pourquoi le succès de l’UDC et, au-delà, des partis populistes en Europe? La question n’a pas fini d’embarrasser les formations politiques traditionnelles, de droite comme de gauche, et de questionner les chercheurs. Les conclusions auxquelles parvient l’étude de deux politologues* de l’Université de Lausanne, Philippe Gottraux et Cécile Péchu, se démarquent d’une explication qui verrait dans la fragilisation d’un électorat populaire, en raison de la mondialisation économique, le principal ressort d’une progression, pour ce qui est de l’UDC, sans précédent dans toute l’histoire de l’Etat fédéral. A partir, principalement, d’entretiens approfondis avec 40 militants, 20 à Genève et 20 à Zurich, les deux universitaires font apparaître des logiques d’engagement beaucoup plus complexes, diversifiées et surprenantes.

Le Temps: Votre étude contredit la thèse qui voit dans la fragilisation des «perdants de la mondialisation» la cause du succès de l’UDC. Pourquoi n’y souscrivez-vous pas?

Philippe Gottraux: Cette thèse se fonde sur des sondages post-électoraux. Or ces analyses, c’est le grand problème, négligent le phénomène de l’abstention, particulièrement forte dans les catégories populaires. Leurs données ne permettent pas de savoir si réellement des électeurs de gauche basculent vers l’UDC plutôt que vers l’abstention. Plus fondamentalement, la thèse que vous citez – que l’on retrouve, en France, pour expliquer le vote en faveur du Front national – repose sur un modèle qui tend à faire mécaniquement de la situation socioprofessionnelle le seul critère déterminant, à l’exclusion d’autres espaces socialisateurs, du parcours de vie, etc... Elle ne prend pas non plus en compte les effets induits par l’offre politique elle-même et sa capacité à imposer des thèmes. L’offre ne crée pas ex nihilo la demande mais contribue très largement à la formater. Notre démarche met en évidence la rencontre entre une offre politique qui peut être très différente selon les cantons, et des individus aux parcours variés. C’est un schéma beaucoup plus complexe que l’explication par les «perdants de la mondialisation».

– Que montre donc votre étude?

– Nous avons constaté qu’à côté de profils qui sont effectivement fragilisés par l’évolution économique, il existe des «gagnants» de la mondialisation qui se reconnaissent aussi dans les valeurs de l’UDC et contribuent à son succès. Qui plus est, ils ne sont pas toujours ni uniquement attirés par le discours néolibéral de ce parti. Ainsi, la suspicion envers les étrangers est transversale, elle est partagée, avec des nuances dans l’expression, par les six catégories de militants que nous avons distinguées, les «populaires», les déclassés, les jeunes anti-européens, les méritants, les libéraux et les idéologues ou moralistes. Chez les libéraux, la suspicion envers les étrangers est certes plus modérée, mais les positions du parti sur ce thème n’en sont pas moins défendues sans conditions. Ce thème semble donc avoir un effet rassembleur.

– Vous soulignez la très relative stigmatisation dont l’UDC serait l’objet, à vos yeux, dans le discours public. Ce constat peut surprendre, dans la mesure où les médias se voient reprocher de contribuer parfois sans discernement à la diabolisation de ce parti…

– Cette stigmatisation peut varier selon les cantons. Nous avons constaté un effet d’autocontrôle de la parole des militants plus fort à Genève qu’à Zurich, où les propos peuvent être assez extrêmes. Mais je pense qu’en Suisse, l’UDC connaît une forme de banalisation élevée pour des raisons historiques. Le thème de l’«Überfremdung» est ancien et présent au-delà de la droite de la droite. Par ailleurs, l’UDC est un parti gouvernemental depuis longtemps, à la différence, par exemple, du Front national en France.

– Comment les médias sont-ils perçus par les militants que vous avez interrogés?

– Ils se montrent méfiants. Les journalistes sont vus comme des gens de gauche qui critiquent l’UDC en permanence. Cette perception tend à renforcer la cohésion entre des militants souvent assez différents les uns des autres. Nous ne leur avons jamais entendu dire en revanche que les médias, en parlant de l’UDC même en termes critiques, lui auraient rendu service.

– Votre étude permet-elle de tirer des enseignements sur ce que les adversaires de l’UDC devraient faire pour la combattre plus efficacement?

– Je souhaite ne pas quitter mon rôle de scientifique pour endosser celui de prescripteur. Je constate simplement que la force de ce parti est d’offrir un programme «à la carte» qui lui permet de rassembler des militants aux profils très variés.

– Quels sont les résultats de votre enquête qui vont ont le plus surpris?

– Nous ne nous attendions pas à découvrir chez les jeunes anti-européens des attitudes a priori très contradictoires. Ce sont chez eux en effet que nous avons constaté le plus d’ouverture sur des questions de société telles que le «pacs» ou les drogues douces, mais en même temps une conception très conservatrice des rapports entre hommes et femmes. Nous avons été surpris également de constater dans les classes supérieures des militants UDC, en particulier chez les femmes, de faibles compétences politiques, peu d’aptitudes à séparer un discours subjectif et émotionnel d’une appréhension proprement politique. Nous nous sommes aussi rendu compte du poids de la culture de l’effort, le refus que l’Etat ponctionne les revenus des particuliers, qui traverse toutes les catégories de militants, même les «populaires». Il s’agit dans ce dernier cas d’accuser «plus petit que soi», requérants d’asile ou bénéficiaires d’aides sociales, de vivre à leur crochet.¨

Denis Masmejan dans le Temps

 

*Philippe Gottraux et Cécile Péchu: «Militants de l’UDC. La diversité sociale et politique des engagés», 2011, Editions Antipodes, 304 p.

Plainte contre une publicité de l’UDC

plainte udc racisme

24 Heures

mercredi 19 octobre 2011

«Le manque de transparence en matière de détention administrative est inquiétant»

Michael Flynn, responsable du «Global Detention Project» à l’Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID), vient de publier un rapport sur la Suisse. Il critique le manque de transparence qui entoure la détention de requérants d’asile déboutés.

Avec son documentaire Vol Spécial, Fernand Melgar a mis sur le devant de la scène la prison de Frambois (GE), centre de détention administrative où des clandestins et requérants d’asile déboutés sont enfermés en vue d’une éventuelle expulsion. Un thème qui intéresse depuis longtemps Michael Flynn. Il vient de publier, avec sa collègue Cecilia Cannon, un rapport sur la détention administrative en Suisse. Entretien.

Le Temps: Votre rapport sur la Suisse s’inscrit dans le cadre d’un projet global sur la détention administrative. Quel est son but?

Michael Flynn: C’est un projet que je mène depuis six ans pour l’IHEID. Comme journaliste d’investigation aux Etats-Unis, je m’intéressais en particulier aux conséquences de la politique d’immigration de mon gouvernement, sur les pays d’Amérique latine notamment. Et la question de la détention administrative est importante. J’ai voulu voir ce qui se passe ailleurs en matière d’incarcération des migrants. Un but important de ce projet, qui récolte des informations sur de nombreux pays, est de faciliter la transparence dans le domaine. Notre rôle n’est pas de dénoncer. Pour la Suisse, nous avons eu des difficultés à récolter les données…

– Justement: qu’est-ce qui vous a le plus frappé?

– L’Office fédéral des migrations nous a dit qu’il ne pouvait pas nous préciser combien de centres de ce type existent en Suisse, la détention administrative et l’exécution des renvois étant de la compétence des cantons. Un rapport du Département fédéral de justice et police fait état de 476 places, mais sans en préciser la répartition. Nous avons donc dû contacter chaque canton. Nous avons eu un problème similaire avec l’Allemagne.

– Et tous les cantons n’ont pas joué le jeu…

– Juste. Nous avons recensé 27 centres de détention administrative, répartis en différentes catégories. Mais seuls 18 cantons ont répondu de manière complète. Ceux de Berne, du Valais et des Grisons n’ont pas répondu; Nidwald a refusé de nous transmettre des informations, Soleure a indiqué que ces données étaient confidentielles et le Tessin et Vaud n’ont que partiellement répondu. Le Jura nous a demandé des informations supplémentaires, mais ne nous a par la suite pas fourni de réponse. Ce manque de transparence est inquiétant.

– Globalement, comment la Suisse se situe-t-elle par rapport aux pays voisins?

– Les pratiques sont très contrastées entre les cantons, donc comparer n’est pas évident. Frambois a par exemple plutôt la réputation d’offrir des conditions correctes: contrairement à d’autres centres de détention administrative, les déboutés ne sont pas enfermés dans leur cellule durant la journée. Mais prenons la durée moyenne de séjour: en Suisse, elle est de 24 jours contre 10 pour la France (chiffres de 2009). En revanche, le chiffre est bien plus élevé pour le Royaume-Uni: il est de 100. Et il n’y existe pas de limite maximum, alors qu’en Suisse, la détention administrative ne peut pas excéder 18 mois.

– Constatez-vous une évolution négative en matière dans le domaine?

– Encore une fois, notre rôle n’est pas de dénoncer. Mais la criminalisation grandissante des violations des lois sur l’immigration m’inquiète. L’Italie a par exemple adopté en 2009 une loi qui qualifie l’immigration clandestine de délit (l’entrée ou le séjour illégaux sont passibles d’une amende de 5000 à 10 000 euros). Une tendance à laquelle la Suisse n’échappe pas. Selon des experts en droits de l’homme, les personnes en détention administrative devraient par ailleurs être retenues dans des structures indépendantes et pas dans les mêmes bâtiments que des détenus relevant du droit pénal. Or ce n’est pas toujours le cas.

Valérie de Graffenried dans le Temps

 

Un antisémite à la tête d’un théâtre de Budapest

L’extrémisme de droite menace la société hongroise. Il occupe de plus en plus le terrain politique et s’immisce désormais sur la scène artistique, suscitant la colère des milieux culturels.

La nomination le 7 octobre à la tête du Nouveau théâtre de Budapest (Uj Szinhaz, en hongrois) de deux personnalités de l’extrême droite a suscité la colère des milieux culturels. La commission avait dans un premier temps décidé de reconduire le directeur sortant, Istvan Marta, mais c’était sans compter l’avis du maire de Budapest, Istvan Tarlos, qui a usé de son droit de veto pour faire passer un tandem controversé: l’acteur György Dörner et le dramaturge et politicien Istvan Csurka.

Contexte délétère

Cette désignation intervient dans un contexte délétère. La première partie de l’année a été marquée par une loi contre la liberté de la presse, que seules les pressions de la communauté européenne ont permis d’amender. Accusé de ne pas faire respecter les droits que garantit pourtant la Constitution européenne, le premier ministre Viktor Orban a préféré reculer pour éviter une confrontation. Ces derniers mois ont vu une recrudescence des violences contre les Roms et la promulgation de nouvelles lois contre la mendicité et le vagabondage. De plus en plus, les extrémistes de droite occupent le terrain politique et ils s’immiscent désormais sur la scène artistique.

György Dörner a longtemps milité au sein du Jobbik, un parti d’extrême droite qui est entré au parlement en mai 2010 avec près de 17% des voix aux législatives. Comédien médiocre, il s’est replié sur le doublage des voix d’acteurs américains connus parmi lesquels Eddie Murphy et Bruce Willis. Ses prises de position contre la dépravation de la scène théâtrale hongroise l’ont assis comme chantre des valeurs nationalistes.

György Dörner a choisi Istvan Csurka comme administrateur. Ce dernier est une figure emblématique de l’extrême droite et dirige le Parti hongrois de la justice et de la vie (MIEP). Il milite en faveur des minorités hongroises séparées de la mère patrie par le traité de Trianon (en 1920) et a fait de ce thème, en tant que dramaturge, le leitmotiv de son théâtre. Ses anathèmes antisémites ont fait sa notoriété.

Dans son dossier de candidature, Istvan Marta, le directeur sortant, a exposé ses priorités et donné sa programmation à venir sur 200 pages: «Je dirige depuis treize ans cette scène, et j’ai réussi à en faire un lieu populaire et, grâce à une gestion scrupuleuse, rentable, c’est un carrefour entre les répertoires magyar et international, entre diverses formes d’art.» De leur côté, Istvan Csurka et György Dörner ont livré leurs propositions politiques dans un pamphlet de 16 pages où le mot «national» revient 34 fois et «magyar» 35. Ils fustigent l’abâtardissement des milieux culturels hongrois et proposent d’en revenir à un art plus proche du cœur campagnard de la Hongrie, «l’arrière-pays». Selon Istvan Marta, au vu des dossiers, il ressort que ce ne sont pas des considérations artistiques qui ont guidé le maire de Budapest dans son choix.

Manifestation et pétition

Des milliers d’écrivains, d’artistes et d’acteurs culturels ont défilé samedi pour dire leur désapprobation et une pétition a circulé pour demander au maire de revoir sa copie. En vain. Istvan Marta s’est rendu chez le maire pour trouver une solution et l’a interrogé sur les raisons de son choix, mais, selon lui, le maire est resté mutique et a refusé de se justifier: «Les rumeurs disent que Viktor Orban est derrière le maire.» D’où qu’elle vienne, cette nomination permet au maire et à son parti, le Fidesz, de flatter les électeurs sensibles aux thèmes nationalistes. D’autre part, elle donne des gages aux partis les plus extrémistes et peut-être même initie un rapprochement opportuniste.

L’extrême droite se félicite de cette nomination. Le Jobbik a pris pour cible les milieux culturels du pays. Il fait pression depuis une année pour que soit révoqué le directeur du Théâtre national de Budapest, Robert Alföldi, dont le mandat court pourtant jusqu’en 2013. Les députés du Jobbik critiquent son manque de patriotisme et, pour railler son homosexualité, l’appellent ouvertement Roberta.

Le responsable de l’Association des communautés juives de Hongrie, Peter Feldmajer, pense qu’une étape a été franchie: «Une passerelle a été jetée entre la droite conservatrice, dont le maire fait partie, et un élément antidémocratique et antisémite, Istvan Csurka.» Tout n’est pas encore perdu pour Istvan Marta. «Le parti LMP a entrepris une démarche légale pour contester la décision du maire. J’espère encore.»

De son côté, György Dörner a annoncé qu’il annulerait les pièces programmées par son prédécesseur. Les spectateurs ne verront peut-être pas la Montagne magique de l’écrivain allemand Thomas Mann, programmée pour la mi-février, en adaptation théâtrale hongroise.

Boris Mabillard dans le Temps

Des Roumains payés 10 euros de l'heure sur un chantier SIG ?

Des Roumains ont affirmé au syndicat SIT être payés 10 euros de l'heure pour poser des panneaux photovoltaïques sur le toit de Palexpo.

© Patrick Gillieron Lopreno

Le syndicat SIT dénonce un nouveau cas de sous-enchère salariale à Genève. Après le chantier de la Rampe de Vésenaz fermé lundi suite aux allégations du syndicat Unia (voir l'article d'hier), place au plus grand toit solaire de Suisse à Palexpo. Les quinze ouvriers chargés de la pose de panneaux photovoltaïques ont déclaré aux syndicalistes du SIT percevoir 10 euros (environ 12 francs) de l’heure depuis le début des travaux voilà un mois, alors que les minima dans la branche oscillent entre 25 et 31 francs à Genève.

Sous-traitance en chaîne

Les Services Industriels de Genève (SIG), maîtres d’ouvrage, ont sous-traité la pose des panneaux à une société belge, Derbigum, qui a elle-même mandaté une entreprise roumaine, Zorenca. Cette dernière, qui emploie les 15 travailleurs en question pour la durée des travaux, est en charge du versement des salaires des ouvriers concernés par l’affaire.

Mais également de leur logement. Les employés ont affirmé au syndicat dormir sommairement dans des caravanes en France voisine depuis le début des travaux. «Voilà la nébuleuse de la sous-traitance. Ces ouvriers sont payés par la société roumaine, quand le répondant sur le chantier appartient à Derbigum», s’insurge Sylvain Lehmann, du SIT.

Suite au coup d’éclat du syndicat via les médias, les SIG ont riposté par un autre communiqué de presse dans la soirée. Pour l’entreprise genevoise, les informations récoltées auprès de la société belge tendent à prouver «qu’elle et ses sous-traitants respectent les conditions salariales répondant aux normes en vigueur appliquée à Genève et ont été validées par l’Office cantonal de l’inspection et les relations du travail (OCIRT).»

Une réunion entre le syndicat et les SIG est prévue jeudi après-midi. «Là, nous jugerons sur pièces, avec présentation des contrats et des salaires versés», déclare le secrétaire syndical, qui apprécie la prise au sérieux de l’affaire par les SIG.

Julien de Weck dans la Tribune de Genève

Deux Kosovars portent plainte contre une affiche de l'UDC

Une publicité de l'UDC sur l'initiative "contre l'immigration de masse" fait l'objet d'une plainte pour discrimination raciale. Elle a été déposée par deux Kosovars.

Une affiche de l'UDC contre l'immigration massive

Une affiche de l'UDC contre l'immigration massive © KEYSTONE

Deux Kosovars ont déposé une plainte pénale pour discrimination raciale contre une publicité de l’UDC sur l’initiative «contre l’immigration de masse». Le Ministère public zurichois a reçu la plainte vendredi, a indiqué le procureur Hans Maurer à l’ats, confirmant une information de 20 Minuten.

La procédure concerne une annonce ayant pour titre «Des Kosovars poignardent un Suisse!». Elle faisait allusion à un fait divers survenu le 15 août à Interlaken (BE) et qui serait soi-disant la conséquence d’une immigration de masse incontrôlée. Quelques journaux ont accepté de publier cette annonce en la mettant au singulier: «Un Kosovar poignarde un Suisse!». Le slogan d’origine a par contre été affiché sur Internet. L’annonce enfreint la norme anti-racisme, a expliqué l’avocat des plaignants David Gibor à l’ats. Elle appelle publiquement à l’exclusion collective d’une ethnie.

De son côté, l’UDC reste sereine. La plainte n’est pas fondée, estime son secrétaire général Martin Baltisser. Le parti n’a rien fait d’autre que de représenter un événement qui s’est réellement produit.

Le Matin

mardi 18 octobre 2011

C’est l’histoire d’un bouc

Le récent kidnapping de Zottel a fait réagir un de nos lecteurs.

image d'archiveQue le bouc, mascotte de l'UDC, et son congénère aient réellement été kidnappés, ou que ce soit une manœuvre de ce parti pour faire parler de lui avant les élections, n'est finalement que de la petite bière. Mais dans un article consacré à ce sujet dans un quotidien gratuit, on apprend de la bouche d'une spécialiste des animaux que: "ce brusque changement de lieu de vie peut traumatiser les deux boucs, car cela provoque beaucoup de stress pour les animaux et peut, plus tard, causer des dégâts dans leur vie".
Soit... Mais je propose aux lecteurs un petit exercice: dire cette phrase à haute voix en remplaçant "ce brusque changement de lieu de vie" par "la politique de l'UDC", "les deux boucs" par "les immigrés", et "les animaux" par "les êtres humains". Ainsi, on aura enfin l'impression de se poser une vraie et importante question.
Mais il est vrai que pour l'UDC, les chèvres d'origine suisse ont plus de valeur, et méritent plus d'égards, que les personnes d'origine étrangère...

 

Philippe Thonney, Lausanne

Asile: allégement demandé pour l’aide d’urgence

Amnesty International, Solidarités sans frontières, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés et l’Observatoire suisse du droit d’asile et des étrangers remettront aujourd’hui à la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga une pétition munie de plus de 20 000 signatures, indiquent ces organisations dans un communiqué.

Leur objectif est de réclamer un allégement du régime minimal de l’aide d’urgence auquel sont soumis les requérants d’asile déboutés ou frappés d’une décision de non-entrée en matière. Les auteurs de la pétition dénoncent un régime à leurs yeux trop restrictif, appliqué «de manière chicanière» par les autorités et poussant au surplus les intéressés vers l’illégalité. Depuis 2008, les requérants d’asile déboutés ne peuvent plus bénéficier de l’assistance sociale et sont soumis au régime de l’aide d’urgence.

Brève du Temps

«Qui a peur de l’homme noir?» Un jeu raciste?

Le débat fait rage en Valais. Des parents dénoncent le fait que leur fils métis s’est vu proposer ce jeu en cours de gym.

Faut-il bannir de notre vocabulaire la question «Qui a peur de l’homme noir?» De prime abord, ce jeu de poursuite, qui se pratique dans les cours de gymnastique et sous les préaux d’école, est tout ce qu’il y a de plus sympathique. Mais le nom que certains lui donnent suscite le débat en Valais. A Monthey, les parents de quatre enfants métis sont partis en guerre contre ce qu’ils qualifient de «racisme pur et simple».

L’histoire débute en mai 2010. Hedi Putallaz découvre alors une affichette sous le préau de l’école de son fils. Dans cette liste énumérant les jeux qui peuvent être pratiqués figure «Qui a peur de l’homme noir» Le sang de cet homme, marié à une Afro-Américaine, ne fait qu’un tour. Derrière ce terme, explique-t-il en substance, il y a l’idée que la personne de couleur fait peur et ne doit pas attraper les autres participants.

Le Valaisan prend contact avec la direction de l’établissement et obtient le retrait puis le changement du message. Tout aurait pu s’arrêter là si, le mois dernier, un professeur de gymnastique n’avait pas une nouvelle fois proposé au fils Putallaz de jouer à «l’homme noir».

Pour Hedi et son épouse, Aleiah, c’en est trop! Ils reprennent contact avec l’école. Puis avec le Service de l’enseignement valaisan. Leur exigence: «Une directive officielle du Canton doit dire que cette appellation est changée.» Car, précisent-ils, le terme reste utilisé dans d’autres écoles du canton. Leur credo: «Le Valais ne doit pas être considéré comme le Mississippi de la Suisse!»

«Anodin»

Selon Jean-François Lovey, chef du Service valaisan de l’enseignement, on en est bien loin: «Honnêtement, ce jeu me paraît anodin. La démarche de ces parents montre l’extrême correction de notre société devenue lisse. Elle pourrait même s’avérer contre-productive en suscitant le mépris.» S’il doit encore étudier le dossier, Jean-François Lovey se dit «peu ébranlé» par cette affaire. Sa conclusion: «Si, à l’échelle du canton, nous décidions d’appeler ce jeu «Qui a peur du loup?» nous nous mettrions aussi des gens à dos.»

Anecdotique? Absolument pas, rétorquent Hedi et Aleiah Putallaz, en regrettant le «déni» de certains. Certes, les enfants ne connaissent pas forcément l’histoire, et notamment l’esclavagisme, mais les adultes si. «Jouer à «l’homme noir , c’est comme retourner à ce passé hideux qu’ont vécu mes ancêtres», estime Aleiah Putallaz. «Si ce jeu s’appelait «Avez-vous peur de l’homme juif» ou « de l’homosexuel , comment réagiriez-vous?» renchérit son époux.

Un avis partagé par la Commission fédérale contre le racisme: la Constitution, rappelle-t-elle, interdit toute discrimination du fait, notamment, de la race. «Stigmatiser les personnes de couleur en tant que «bougres imbéciles» fait référence au temps du colonialisme; c’est inapproprié et dommageable aux personnes de peau noire ou foncée, précise sa présidente, Doris Angst. Une attitude que l’on peut par conséquent qualifier aujourd’hui de raciste.»

«Un combat juste»

De son côté, l’école primaire de Monthey fait baisser la pression. Pour son directeur, Hubert Grenon, ce jeu fait plutôt référence à l’homme en noir. Il ne faut donc pas y voir de discrimination. L’an dernier, après la première intervention du couple Putallaz, une directive orale est passée auprès des enseignants, leur suggérant l’appellation «Le loup dans la bergerie» . Peut-être cette consigne n’a-t-elle pas été entendue par tous? admet le directeur, en précisant que le professeur qui a récemment proposé ce jeu au fils Putallaz était un animateur extérieur. Quoi qu’il en soit, le directeur enverra un e-mail à tous les enseignants.

Hedi et Aleiah Putallaz, eux, attendent pour voir. Et maintiennent leur exigence: que le Canton intervienne. A défaut, menacent-ils, ils déposeront plainte. «Notre combat est juste. Dans un Etat de droit, personne ne peut dire que nous avons tort», conclut le père de famille. S’il le faut, assure-t-il, il ira jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme.

Caroline Zuercher dans la Tribune de Genève

Les jeunes nationalistes au front

« Nous sommes plus qu'inquiets ». Stéphane Gomez, président de la Ligue des Droits de l'Homme du Rhône ne cache pas sa colère depuis la création samedi d'un nouveau mouvement baptisé « Jeunesses nationalistes ».

Epaulé par la Licra et SOS Racisme, il vient d'écrire au préfet de région pour lui demander de dissoudre cette structure fondée par Alexandre Gabriac, ancien élu FN exclu par Marine Le Pen après la diffusion d'une photo le montrant en train de faire le salut nazi. « Il n'y a qu'à regarder leur charte ouvertement raciste ; elle stipule que les Français sont uniquement les personnes issues de souche européenne. Sans parler de leur emblème : un aigle évoquant celui des anciens mouvements nazis et fascistes ». Montré du doigt, Alexandre Gabriac assume ses idées et peste contre la « dédiabolisation du FN voulue par Marine Le Pen ». « Le Front n'est plus le Front, il y a beaucoup de gens orphelins qui ne se retrouvent plus dans ce parti. Nous voulons défendre la nation sans compromission», revendique le jeune homme.

20minutes.fr

lundi 17 octobre 2011

Elections USA : un favori veut électrocuter les clandestins

Aux Etats-Unis, la campagne pour les primaires bat son plein, un an avant l'élection présidentielle. Côté républicain, c'est Herman Cain qui a le vent en poupe. Favori dans le camp républicain, ce businessman surfe sur la vague des Tea Party et multiplie les déclarations tapageuses.

Dernière en date : il a proposé samedi, lors d'un déplacement dans le Tennessee, d'ériger des clôtures électriques qui seraient capables de tuer les immigrants qui tenteraient de passer frauduleusement la frontière avec le Mexique. Pour compléter le dispositif, il souhaiterait également autoriser les militaires à utiliser "de vraies armes avec de vraies balles" le long de cette frontière, afin de "la sécuriser pour de bon".

Brève de RTL.fr

dimanche 16 octobre 2011

Un cheval de Troie pour les droit-de-l'hommistes

Dans l'une de ses éditions, Radio France International rapporte des faits assez confus sur la situation des réfugiés ayant fui l'enfer de la guerre civile en Libye, qui se trouvent actuellement sur le sol algérien.

De différentes nationalités, des milliers de réfugiés dont des Touareg reçus par les autorités civiles et militaires et pris en charge par le Croissant-Rouge algérien, reprochent, selon cette radio, le manque d'eau au centre d'accueil de Djanet. C'est pourtant là que des tentes ont été dressées avec toutes les commodités nécessaires, mêmes des médecins se sont portés volontaires pour aller au secours de ces sinistrés. Mais niant cette vérité, RFI qualifie ces réfugiés de détenus. Elle ne s'arrête pas là et accuse qu'ils sont interdits de quitter le centre sauf pour accomplir des tâches au profit des Algériens sans avoir été payés en échange.

On accuse même les Algériens d'user de menace d'armes après que des organisations internationales eurent été alertées. Ces affirmations sont étonnantes si l'on tient compte du fait que beaucoup de ces réfugiés sont à Constantine, à Annaba, à Tébessa, pour ne citer que ces régions. Que cherche donc RFI par la diffusion de ce reportage douteux? Il coïncide étrangement avec les événements du 17 Octobre 1961. Une tache noire dans l'histoire de la République française, qui suscite actuellement de vives tensions et des exigences pour que la France reconnaisse les massacres commis en cette date. «C'est une diversion», selon des politologues et des historiens. «On peut vérifier sur le terrain le contraire des faits présumés par cette radio», affirme-t-on. Ce n'est pas la première fois que l'Algérie est ciblée à propos de la situation des droits de l'Homme. Le 8 avril dernier, le département d'Etat américain avait dressé un tableau très sombre sur les droits de l'Homme en Algérie. Réagissant à cedit rapport, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (Cncppdh), Me Farouk Ksentini, n'avait pas manqué de qualifier le rapport du département d'Etat américain sur les droits de l'Homme en Algérie de «scandaleux» et «injurieux».

Une accusation infondée et gratuite qui n'a pour but que de ternir la réputation de l'Algérie, avait souligné Me Ksentini, qualifiant le contenu du rapport selon lequel la «traite des hommes» serait pratiquée en Algérie de «fiction et affabulation». cherche-t-on par là à fabriquer le mobile d'une ingérence? Ceci dit le nouvel ambassadeur des USA à Alger avait déclaré au mois d'août dernier à un organe de presse national, en réponse à cette même question: «Je préfère utiliser le mot coopération. La base pour garantir une sécurité effective commence par la préservation des droits des citoyens. De ce fait, nous nous devons d'être attentifs à la situation des droits de l'Homme tout en prenant en considération les paramètres sécuritaires. Il existe un lien étroit entre la question des droits de l'Homme et la sécurité. Le peuple algérien, tout comme le peuple américain, a le droit d'exprimer son avis sur la situation sécuritaire et le respect des droits de l'homme.»

La plus grande préoccupation des USA demeure la situation sécuritaire. Dans ce contexte précis, les USA sont de plus en plus inquiets par la circulation des armes lourdes en Libye et notamment au Sahel. Les Etats-Unis d'Amérique s'appliquent davantage pour leur opération lancée depuis peu, pour contrôler et récupérer ces armes. Pas moins de neuf équipes ont été chargées de cette mission et les USA envisagent d'envoyer des dizaines d'anciens GI's pour renforcer leur action en territoire libyen, actuellement secoué par de violents accrochages entre les frères ennemis.

C'est en pleine crise sociale sur son propre sol, qui connaît des manifestations populaires énormes relatives à la situation économique, que les Etats-Unis s'engagent à «traquer et sécuriser les armes conventionnelles disparues dans le cadre d'un programme de 30 millions de dollars», rapporte le Washington Post dans son édition de vendredi.
Le journal de la capitale fédéral souligne encore: «Cette opération pourrait se développer pour devenir l'une des trois plus grandes opérations de récupération d'armes jamais engagées par les Etats-Unis depuis celles d'Irak et d'Afghanistan.»

Ikram Ghioua dans l’Epression (Algérie)

Les jeunes diplômés étrangers ne sont pas bienvenus en France

Le ministère de l’intérieur empêche les jeunes diplômés étrangers d’obtenir le changement de statut nécessaire pour pouvoir travailler en France.

Non content d’expulser les immigrés clandestins, (l’objectif minimum “d’éloignements d’illégaux, impérieux à atteindre“ d’après lui a été fixé à 28.000 au minimum pour 2011), notre ministre de l’Intérieur a récemment décidé de faire diminuer l’immigration légale. Mu par la même logique comptable, son objectif déclaré est de ramener “dans un premier temps”, les titres de séjour délivrés par la France de 200.000 à 180.000 par an.

Comment s’y prendre ? Et bien en empêchant notamment les jeunes diplômés étrangers d’obtenir le statut nécessaire pour pouvoir travailler chez nous. Ils sont 280.000 étudiants étrangers (dont 40% de doctorants), ce qui fait de nous le troisième pays d’accueil après les Etats-Unis et l’Angleterre. Une véritable richesse culturelle pour notre pays, et un vivier de main d’œuvre super qualifiée pour nos entreprises et nos laboratoires de recherche ? Et bien non, pense monsieur Guéant qui déclarait début mai au Grand rendez-vous Europe1/Le Parisien : "Contrairement à une légende, il est inexact que nous ayons besoin de talents, de compétences" issues de l’immigration. Du coup, le 31 mai dernier, il a publié une circulaire. De quoi s’agissait-il ? De bloquer les demandes d’autorisation de travail des étrangers non européens, qui désirent rester en France après leur diplôme supérieur.

Le 11 août, en pleine trêve estivale, le même Claude Guéant a pris un arrêté qui limite à 14 la liste des métiers auxquels peuvent postuler les étrangers en France, sous réserve d’être payé un minimum de 1500 euros par mois. Pour tous les autres, il faut que l’entreprise qui souhaite embaucher un étranger prouve qu’elle n’a pas trouvé de candidat français valable ! Ainsi s’applique désormais au marché du travail ce que d’aucuns appellent la préférence nationale.

Enfin, pour peaufiner encore cette politique anti immigration en vue des élections présidentielles, un décret publié en septembre relève le niveau des conditions de ressources exigées aux étudiants qui veulent suivre des études en France à plus de 1500 euros par mois ! Le sésame du titre de séjour devient ainsi inaccessible pour la plupart des étudiants de valeur aux revenus modestes, issus des pays du tiers monde.
Résultat des courses ? Ils sont des centaines de jeunes talents étrangers désireux de mettre leurs compétences au service de notre pays, qui se retrouveront ipso facto hors la loi.

Cette situation ubuesque a récemment fait réagir les présidents des Grandes Écoles et des Universités, ainsi que le Collectif 31 mai (composé de diplômés étrangers de Sciences Po, Polytechnique, HEC, Essec,… ). Laurent Wauquiez, le ministre de l’enseignement Supérieur leur a répondu qu’il se refusait à faire abroger la circulaire Guéant, tout en concédant qu’il « fallait la corriger » et que « des directives seront données aux préfets », afin que le texte « ne soit pas sur interprété comme il l’a été ». Les centaines de diplômés étrangers dont les dossiers sont toujours bloqués en préfecture apprécieront ! D’autant que le silence des différents candidats à la primaire socialiste sur le sujet a été pour le moins assourdissant…

Espérons que la campagne électorale, sera l’occasion de porter le débat sur l’ouverture de notre pays à tous les talents, d’où qu’ils viennent.

Caroline de Hugo sur Place publique, le site des initiatives citoyennes

samedi 15 octobre 2011

Racisme, coups et torture dans les geôles de l’après-Kadhafi

Aveux extorqués, prisonniers battus, cellules surchargées où sont enfermés à la fois migrants, déplacés et soldats loyalistes, racisme contre la population libyenne noire : le rapport publié par Amnesty International «sonne comme une première alarme à l’intention des nouvelles autorités libyennes», explique Samira Bouslama, qui a mené la mission avec trois chercheuses.

L’ONG a pu visiter onze centres de détention à Zawiya, Tripoli et Misrata. Selon elle, les prisonniers «sont presque toujours détenus sans décision légale et pour la plupart sans autorisation du parquet général». Ils sont placés en détention par des conseils locaux, parfois militaires, ou des brigades armées «et bien loin de tout contrôle du ministère de la Justice».

Les délégués de l’organisation se sont entretenus avec «une centaine de prisonniers en août et septembre», indique Samira Bouslama. Aucun ne s’était vu présenter un mandat d’arrêt, et beaucoup «avaient en fait été enlevés chez eux par des ravisseurs non identifiés qui font des raids chez les combattants ou les fidèles présumés de Kadhafi», dit le rapport.

Fouet

Selon la chercheuse, les prisonniers qui leur ont été soumis (le plus jeune avait 16 ans et le plus âgé 77 ans) «n’ont pas été pris les armes à la main». Pour la plupart, il s’agissait de gens sortis de leur maison, de fidèles du Guide et notoirement connus comme tels, de migrants subsahariens, ou alors de Libyens noirs suspectés d’avoir soutenu le régime de Kadhafi. Une majorité de Noirs ont été arrêtés parce que noirs. Ils se sont plaints à chaque fois de racisme et d’un comportement esclavagiste. Selon eux, «leurs "frères" libyens ne les voient pas comme Libyens, mais comme des Africains», insiste la chercheuse.

Cette dernière a aussi interrogé deux geôliers à Misrata. «Pourquoi traitez-vous si mal les Noirs ?» Réponse des deux geôliers : «Ils ont soutenu le régime. On leur a donné des terres. On a pris soin d’eux pendant toutes ces années et, quand la révolution a éclaté, ils ont pris les armes contre nous. Ce sont des esclaves.»

Au moins deux gardiens, dans des centres de détention différents, ont admis frapper les prisonniers pour leur extorquer des «aveux» plus rapidement. Sur le sol de l’un des centres, les délégués d’Amnesty International ont retrouvé un bâton, une corde et un tuyau en caoutchouc, qui pourraient servir à frapper les prisonniers, y compris sur la plante des pieds - méthode de torture baptisée falaqa. Dans un centre de détention, ils auraient entendu des bruits de coups de fouet et des cris provenant d’une cellule proche.

Selon le rapport, les prisonniers sont soumis aux coups et à la torture, plus particulièrement au début de leur détention. Comme une sorte de «bienvenue» à leur arrivée. Entre un tiers et la moitié des prisonniers sont des personnes originaires d’Afrique subsaharienne soupçonnées d’être des mercenaires. Un homme originaire du Niger, initialement présenté à Amnesty International comme étant «un mercenaire et un tueur», s’est effondré et a expliqué qu’il avait «avoué» après avoir été frappé sans discontinuer deux jours durant. Il a nié avoir participé aux combats. Les Libyens noirs, notamment originaires de la région de Tawargha, qui a servi de base aux forces pro-Kadhafi lors de leurs manœuvres visant à reprendre le contrôle de Misrata, sont particulièrement vulnérables, souligne le rapport. «On leur fait signer des confessions extorquées sous la torture. Ils signent un document qui va les condamner…»

«Isolés»

Le Conseil militaire de Tripoli a été alerté le mois dernier par Amnesty International concernant ces cas de torture. Pour toute réponse : «Ce sont des agissements à mettre sur le compte de quelques cas isolés.» Vendredi, l’ONU a fait part de son inquiétude concernant «les cas de 7 000 prisonniers» détenus dans 67 centres de détention. Salira Bouslama se montre, elle, très inquiète : «Comment vont être traités les prisonniers de Syrte et de Bani Walid, les deux dernières villes qui résistent ?»

Jean-Louis Le Touzet dans Libération

Sans papiers : rassemblement devant la permanence du député de Fougères

À l’appel de RESF (Réseau éducation sans frontières), une cinquantaine de personnes se sont rassemblées, ce samedi, en fin de matinée devant la permanence du député Thierry Benoit (Alliance centriste), à Fougères.

Ils entendaient dénoncer la situation de cinq familles sans papiers du pays de Fougères, déboutées de leur demande d’asile, qui se « retrouvent sans hébergement ou en hébergement d’urgence et qui chaque soir ne savent pas où elles vont dormir ».

RESF poursuit son mouvement en appelant à d’autres rassemblements mercredi 19 octobre à 16 h 30, devant la sous-préfecture de Fougères, puis à 17 h 30, devant la mairie.

Des hommes passent trois jours dans le compartiment moteur d'un car

Les deux clandestins de 21 et 24 ans sont montés dans le compartiment moteur d'un bus de tourisme en Italie avec l'intention de se rendre en France. Lors d'une halte sur l'aire de repos de Pratteln (BL), ils ont décidé de poursuivre leur route à pied sur la bande d'arrêt d'urgence. Les Palestiniens n'avaient rien mangé depuis trois jours, a précisé la police. Ils ont aussitôt déposé une demande d'asile en Suisse.

Les deux clandestins de 21 et 24 ans sont montés dans le compartiment moteur d'un bus de tourisme en Italie avec l'intention de se rendre en France. Lors d'une halte sur l'aire de repos de Pratteln (BL), ils ont décidé de poursuivre leur route à pied sur la bande d'arrêt d'urgence.

Les Palestiniens n'avaient rien mangé depuis trois jours, a précisé la police. Ils ont aussitôt déposé une demande d'asile en Suisse.

ATS

Au chevet des enfants réfugiés sahraouis

Enfants réfugiés du monde (ERM) renforce son action près des réfugiés sahraouis. L'association forme sage-femmes et infirmières.

Formation des infirmières du Sahara occidental à l’Ecole de Santé 

Cela fait 35 ans que l'association Enfants réfugiés du monde Pays de la Loire (ERM) met en place des actions auprès des Sahraouis réfugiés depuis 35 ans. Ils survivent dans un désert aride, hostile, au sud-ouest de l'Algérie, près de Tindouf, répartis dans quatre camps. « Nous savons que nous devons rester à leurs côtés pour qu'ils ne deviennent pas des oubliés du désert », a souligné Jean-Noël Dugast, président de l'association, lors de l'assemblée générale du 7 octobre.

Missions dans les camps. Chaque année ERM ouvre de nouvelles formations de sage-femmes, d'infirmières pédiatriques. L'équipe d'infirmières formatrices est composée de Suzanne Guillou, Colette Blais, Christine Blagny et Anne-Marie Jamesse. Monique Baron assure la gestion de l'école. L'équipe existante a effectué trois missions : novembre 2010 (33 jours), février 2011 (11 jours) et mai 2011 (31 jours). Elles ont établi un bilan sur les évaluations des formations d'infirmières et de sage-femmes. Un nouveau bâtiment est en cours d'achèvement pour accueillir les classes d'élèves sage-femmes et de pédiatrie, des chambres et des labos.

Accueil des enfants l'été. Un groupe de neuf enfants sahraouis, âgés de 8 à 10 ans, a été accueilli dans la région du 29 juin au 20 août (Rezé, Blain, Saint-Nazaire). Temps partagé entre l'accueil dans les familles, centres de loisirs de l'Arpej et centre de vacances. Le bilan de santé effectué à leur arrivée a révélé une malnutrition certaine.

Dans les pistes de travail, ERM envisage une éventuelle activité autour de l'enseignement du français et un renforcement du réseau des familles d'accueil pour être en capacité d'accueillir à nouveau des enfants les prochaines années.

Ouest-France

vendredi 14 octobre 2011

Les demandes d’asile explosent au Luxembourg

Le Luxembourg fait face à une demande massive de protection internationale. Mais en réalité, les réfugiés sont peu à entrer sur le territoire.

Le nombre de demandeurs de protection internationale a explosé au Grand-Duché en 2011, passant de 786 en 2010 à 1 586 en septembre 2011, l’année n’était pas encore terminée. En comparaison, en septembre de l’année dernière, ils n’étaient que 482 à avoir fait une demande d’asile au Luxembourg. Sur l’année en cours, près d’un demandeur sur deux est d’origine serbe. Les autres sont majoritairement des ressortissants des pays de l’ex-Yougoslavie, Macédoine, Kosovo, Monténégro et Bosnie-Herzégovine en tête.

Mais toutes les demandes ne sont pas acceptées. En 2011, 889 décisions ont été prises sur ces 1 586 demandes d’asile. Et sur ces 889 rapports, seules 31 personnes ont été reconnues réfugiées. En outre, 32 personnes ont été transférées vers le Luxembourg depuis le début de l’année, principalement des ressortissants ayant fait une demande de protection en Suisse et aux Pays-Bas. Enfin, 267 rapatriements ont été effectués dans l’année dont 152 de Serbie et 66 du Kosovo.

L’Essentiel

Racisme anti-Roms en Europe, l'alerte bulgare

Depuis près de deux semaines, la Bulgarie connaît de violentes manifestations racistes anti-Roms. Organisées par l'extrême droite, en particulier le parti Ataka ("Attaque") rejoint par des hooligans, elles se déploient dans une vingtaine de villes du pays, rassemblant plusieurs milliers de personnes. Lors des défilés, des slogans néonazis tels "les Roms en savon !" sont scandés par la foule.

Le point de départ de ces manifestations racistes a été un meurtre perpétré dans la petite ville de Katounitsa par les hommes de main du parrain de la mafia rom locale. Cependant, confondre le point de départ de l'incendie avec ses causes profondes serait une erreur criminelle.

Si ces manifestations rassemblent autant et aussi violemment, c'est que le terrain, travaillé depuis de nombreuses années, est désormais propices à de tels agissements, qui concernent la Bulgarie aujourd'hui mais qui pourraient concerner d'autres pays européens demain. Plusieurs raisons peuvent expliquer cet état de fait.

Tout d'abord, les stéréotypes et les préjugés stigmatisant les Roms ou d'autres catégories de populations (musulmans, immigrés, juifs…) s'expriment avec de plus en plus de facilité et circulent en toute permissivité partout sur le continent. Or les tabous sur la parole raciste et antisémite sont nécessaires à une société démocratique.

Ensuite, cela fait maintenant de nombreuses années que les Roms sont, dans toute l'Europe, la cible d'insupportables actes de violence sans que cela ne suscite de justes et fortes protestations politiques ou de la société civile.

Par exemple, en Hongrie, des individus sont assassinés parce que Roms. A Baia Mare et Tarlungeni en Roumanie, comme à Michalovce, Košice, Prešov et Svinia en Slovaquie, ils sont concentrés dans des ghettos où les conditions de vie sont indignes. En Serbie, en Moldavie, comme en France et en Allemagne, ils sont victimes de discriminations quotidiennes.

Ainsi, le peu de réactions que ces violences ont suscitées jusqu'à présent permet un passage à l'acte plus aisé aujourd'hui, en Bulgarie comme ailleurs. Enfin, l'extrême droite s'est organisée, structurée et renforcée ces dernières années partout en Europe.

Les partis d'extrême droite remportent des succès électoraux, comme le Jobbik en Hongrie, le Parti de la Liberté aux Pays-Bas, ou Ataka en Bulgarie. Les mouvements d'extrême droite exercent une influence sur certains partis de gouvernements, comme au Danemark, et séduisent de plus en plus de personnalités.

Au moment où la construction européenne est en crise, l'extrême droite, sous ses différentes composantes, propose un véritable modèle de structuration politique du continent, fondé sur le racisme et les discriminations raciales. Ce projet est sous-tendu par l'esprit de "guerre civile européenne" et l'obsession de "l'ennemi intérieur" à identifier et à exterminer et qui serait, selon les moments et les pays, le musulman, le Rom, le juif, etc.

A l'opposé de ce funeste projet, dont la mise en acte à la suite d'une prise de pouvoir des extrêmes droites européennes ne peut être totalement exclue, les sociétés civiles européennes antiracistes s'unissent désormais pour faire vivre un modèle européen véritablement démocratique car débarrassé du racisme, de l'antisémitisme et des discriminations raciales.

Samedi 1er octobre fut à ce titre un jour fondateur. Ce jour-là, les sociétés civiles de nombreux pays européens, menées par les organisations antiracistes membres de l'EGAM et leurs partenaires Roms, se sont mobilisées ensemble pour la première "Roma Pride".

Elles ont notamment exprimé leur rejet du racisme et leur solidarité avec les Roms bulgares, fait pression sur les autorités européennes, nationales et locales pour qu'elles réagissent fermement aux violences racistes en protégeant la population et les organisations Roms.

En Norvège, au Danemark, en Belgique, en France, mais également en Roumanie, où près de 400 personnes ont défilé dans la plus grande manifestation de l'année, et en Bulgarie, où des rassemblements publics se sont tenus dans 15 villes malgré les menaces, des dirigeants associatifs, des politiques, des intellectuels, des artistes et des milliers d'autres personnes se sont rassemblés pour faire Europe ensemble. Une Europe des valeurs partagées d'égalité et de dignité, une Europe construite par les actions communes des sociétés civiles en mouvement.

Le silence assourdissant, politique et militant, lors des ratonades de janvier 2010 contre les migrants noirs de Rosarno, dans le Sud de l'Italie, qui avait donné le coup d'envoi de la constitution de l'EGAM, paraît lointain.

Désormais, c'est avec force et conviction que les sociétés civiles européennes s'unissent pour faire vivre le rêve européen d'un continent débarrassé du racisme, de l'antisémitisme et des discriminations raciales.

Benjamin Abtan, secrétaire général du European Grassroots Antiracist Movement (EGAM), dans la rubrique Point de Vue du Monde

Pas de racisme chez Starbucks

La direction marketing de Starbucks a réagi aux accusations de racisme dans des affiches disposées dans plusieurs de ses boutiques. Représentant un homme au teint mat entouré d'objets de valeurs, elle incitait ses clients à garder un oeil sur ses biens pour ne pas être victime de pickpockets.

Des internautes se sont émus de cette affiche qualifiée de raciste, car elle sous-entendrait que l'homme (qui pourrait être arabe ou métis) était un voleur. "Le maghrébin fait-il peur à Starbucks ?" se demandait un internaute sur le site Le Plus, tandis que la photo se répandait sur les réseaux sociaux.

Starbucks a contre-attaqué sur Le Plus en expliquant que l'homme dessiné ne représentait pas un voleur ... mais un client. La chaîne a également publié dans son droit de réponse une autre affiche diffusée en magasin, montrant une jeune femme blanche entourée d'objets de valeurs.

Ces affiches "représentent nos clients et les objets auxquels nous leur recommandons de faire attention", explique le directeur marketing de la chaîne. "Elles sont utilisées la plupart du temps ensemble. Il ne s'agit en aucun cas pour nous de verser dans un quelconque stéréotype raciste et nous en voulons pour preuve les 1000 partenaires (employés) de 49 nationalités différentes qui travaillent aujourd'hui chez Starbucks en France."

Brève du Figaro

Dijon : situation tendue pour les demandeurs d’asile

La situation des demandeurs d’asile devient de plus en plus insoutenable. Procédures administratives très lourdes, centres d’hébergement inadaptés. Les demandeurs sont aussi des humains.

La loi Besson sur les demandeurs d’asile est claire. Toute demande de droit d’asile doit être effectuée en préfecture de région, et seulement dans cette administration. La Ligue des droits de l’homme du département s’inquiète de la situation et dénonce : « Tout est organisé pour éviter le poids de ceux qui tentent de se réfugier en France ». En ligne de mire, selon la Ligue : les migrants venant de Tunisie, Lybie, Egypte…L’an passé, 650 personnes avaient déposé un dossier. Pour 2011, du 1er janvier au 1er octobre, le nombre de demandeurs a doublé pour passer à 1 200. La préfecture est débordée, les centres d’accueils des demandeurs d’asile sont saturés. Bref, les conditions deviennent invivables.

Si le demandeur vient de la Nièvre, Saône-et-Loire, ou de l’Yonne, il doit le faire par ses propres moyens. Mais avant de demander un dossier, les autorités doivent s’assurer qu’il n’a pas fait de demande dans d’autres pays, sinon, il est renvoyé directement dans ce dernier. La préfecture vérifie cette condition en s’appuyant sur les empruntes digitales. Si l’empreinte est illisible, la préfecture renverra également le demandeur. Le droit de demande d’asile est bien encadré. Ainsi, il doit prouver qu’il est réellement en danger. « Habiter dans un pays ravagé par un conflit armée n’est plus une raison suffisante » déplore Dominique Clémang, avocate dijonnaise spécialiste, entre autre, du droit des étrangers. « L’état du pays n’est absolument pas étudié ».

Ce que reprochent les associations humanistes à la situation actuelle est de ne pas se poser les bonnes questions. « On ne choisi jamais l’exile » remarque l’avocate, avant de poursuivre : « Ils perdent tout pour venir survivre en France. S’ils quittent leur régions c’est parce qu’ils n’ont plus d’espoirs ». Avec la crise économique mondiale, les famines, le réchauffement climatique, et les guerres, l’afflux de demandeurs d’asile augmentera. « La France ne peut accueillir toute la misère du monde » disait Michel Rocard dans le Monde du 24 août 1996. Mais souvent est oubliée le reste de sa déclaration « mais elle doit savoir en prendre sa part ». Omission symptomatique d’une situation que l’on préfère cacher plutôt que de l’affronter.

Trouvé sur gazetteinfo.fr