Le ministère de l’intérieur empêche les jeunes diplômés étrangers d’obtenir le changement de statut nécessaire pour pouvoir travailler en France.
Non content d’expulser les immigrés clandestins, (l’objectif minimum “d’éloignements d’illégaux, impérieux à atteindre“ d’après lui a été fixé à 28.000 au minimum pour 2011), notre ministre de l’Intérieur a récemment décidé de faire diminuer l’immigration légale. Mu par la même logique comptable, son objectif déclaré est de ramener “dans un premier temps”, les titres de séjour délivrés par la France de 200.000 à 180.000 par an.
Comment s’y prendre ? Et bien en empêchant notamment les jeunes diplômés étrangers d’obtenir le statut nécessaire pour pouvoir travailler chez nous. Ils sont 280.000 étudiants étrangers (dont 40% de doctorants), ce qui fait de nous le troisième pays d’accueil après les Etats-Unis et l’Angleterre. Une véritable richesse culturelle pour notre pays, et un vivier de main d’œuvre super qualifiée pour nos entreprises et nos laboratoires de recherche ? Et bien non, pense monsieur Guéant qui déclarait début mai au Grand rendez-vous Europe1/Le Parisien : "Contrairement à une légende, il est inexact que nous ayons besoin de talents, de compétences" issues de l’immigration. Du coup, le 31 mai dernier, il a publié une circulaire. De quoi s’agissait-il ? De bloquer les demandes d’autorisation de travail des étrangers non européens, qui désirent rester en France après leur diplôme supérieur.
Le 11 août, en pleine trêve estivale, le même Claude Guéant a pris un arrêté qui limite à 14 la liste des métiers auxquels peuvent postuler les étrangers en France, sous réserve d’être payé un minimum de 1500 euros par mois. Pour tous les autres, il faut que l’entreprise qui souhaite embaucher un étranger prouve qu’elle n’a pas trouvé de candidat français valable ! Ainsi s’applique désormais au marché du travail ce que d’aucuns appellent la préférence nationale.
Enfin, pour peaufiner encore cette politique anti immigration en vue des élections présidentielles, un décret publié en septembre relève le niveau des conditions de ressources exigées aux étudiants qui veulent suivre des études en France à plus de 1500 euros par mois ! Le sésame du titre de séjour devient ainsi inaccessible pour la plupart des étudiants de valeur aux revenus modestes, issus des pays du tiers monde.
Résultat des courses ? Ils sont des centaines de jeunes talents étrangers désireux de mettre leurs compétences au service de notre pays, qui se retrouveront ipso facto hors la loi.
Cette situation ubuesque a récemment fait réagir les présidents des Grandes Écoles et des Universités, ainsi que le Collectif 31 mai (composé de diplômés étrangers de Sciences Po, Polytechnique, HEC, Essec,… ). Laurent Wauquiez, le ministre de l’enseignement Supérieur leur a répondu qu’il se refusait à faire abroger la circulaire Guéant, tout en concédant qu’il « fallait la corriger » et que « des directives seront données aux préfets », afin que le texte « ne soit pas sur interprété comme il l’a été ». Les centaines de diplômés étrangers dont les dossiers sont toujours bloqués en préfecture apprécieront ! D’autant que le silence des différents candidats à la primaire socialiste sur le sujet a été pour le moins assourdissant…
Espérons que la campagne électorale, sera l’occasion de porter le débat sur l’ouverture de notre pays à tous les talents, d’où qu’ils viennent.
Caroline de Hugo sur Place publique, le site des initiatives citoyennes
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