Le chef du service de l’asile, contesté par ses troupes, est en congé maladie. Le conseiller d’Etat Thierry Grosjean cherche une solution pour ramener le calme.
L’Office social de l’asile (OSAS) du canton de Neuchâtel navigue sans capitaine: deux employés sont absents pour burnout et le chef de l’office lui-même est en congé maladie depuis trois semaines. Ce dernier serait victime de la résistance de «quelques cadres intermédiaires», explique le conseiller d’Etat Thierry Grosjean: «Certains de ses cadres voulaient vraiment le voir partir et ont tout fait pour. Si on avait mis une pression semblable sur un collaborateur, on parlerait de mobbing.»
Le malaise ne doit rien aux récentes tensions générées par le refus de certains réfugiés des centres du Val-de-Travers et du Val-de-Ruz d’intégrer l’abri PCi de La Chaux-de-Fonds. Il serait endémique depuis la nomination du chef d’office en juin 2008. Selon le récit d’employés qui souhaitent garder l’anonymat, le chef de l’office ne serait pas fait pour diriger une équipe (48 personnes travaillent à l’OSAS) et peinerait dans la maîtrise des finances.
En clair: une erreur de casting. Parachuté de l’Office des migrations, à Berne, on lui reconnaît des compétences théoriques, analytiques, statistiques, mais guère d’efficacité sur le terrain. Thierry Clément, du SSP Neuchâtel, a enquêté sur ce litige: «Lorsque vous avez un problème avec des requérants dans un centre, vous attendez plus de votre chef qu’une statistique. Il y a eu des exemples où, face à des bagarres, le chef appelé sur les lieux, est reparti car c’était l’heure de dîner, tandis que les deux responsables se débrouillaient avec la situation.»
Pas question de se séparer de lui, nous a confirmé Thierry Grosjean. Mais il reconnaît «chercher une solution qui permette à ce chef d’office de retomber sur ses pattes». Un replacement dans le Service des migrations (dont fait partie l’OSAS), mais à d’autres fonctions? Peut-être. Une chose est sûre, dit Thierry Clément: «Il ne peut pas rester 720 jours en congé maladie même si le règlement l’y autorise.»
Dans le même département, alors dirigé par Frédéric Hainard, le Service de surveillance du travail (SSRT) avait connu de graves turbulences, notamment en raison de la présence de la maîtresse de M. Hainard en son sein. La surcharge de travail et le régime minceur imposé par l’Etat à l’administration fragilisent les personnes, admet un employé: «Il y a davantage de missions, davantage de pression, et la dotation en personnel est moindre. L’usure est là. Qu’un dysfonctionnement survienne et les dégâts sont immédiats.»
Yvan Radja dans le Matin
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