lundi 7 mars 2011

Le camp de réfugiés de Ras Jédir, à la frontière tuniso-libyenne, continue de s'agrandir

Le camp de toile de Ras Jédir à la frontière tuniso-libyenne s'agrandit de jour en jour pour faire face à un possible nouvel afflux de travailleurs étrangers en provenance de Libye, même si le flot des réfugiés s'est tari au cours du week-end.

Situé en Tunisie, à sept kilomètres de la frontière libyenne, le camp de transit, géré par l'armée tunisienne, est loin d'être saturé: conçu pour accueillir 20.000 personnes, il en héberge actuellement 15.000. Mais le site poursuit sa croissance, comme en témoigne la construction d'un nouvel entrepôt de stockage. Les responsables de l'aide humanitaire expliquent qu'ils doivent être prêts à faire face à tout nouvel afflux de civils.

Plus de 213.000 travailleurs migrants ont fui la Libye depuis le début de la révolte contre le régime de Moammar Kadhafi, d'après l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Au total, 110.000 se sont réfugiés en Tunisie, 90.000 en Egypte et 3.000 au Niger.

La plupart de ceux qui ont gagné la Tunisie ont déjà été rapatriés dans leur pays, notamment de nombreux Egyptiens. Les 15.000 occupants actuels du camp de Ras Jédir sont originaires d'une vingtaine de pays, mais la grande majorité (12.000) sont des Bangladais en attente de leur évacuation.

Leur gouvernement a demandé l'aide de la communauté internationale pour leur rapatriement, qui devrait commencer mardi à raison de quatre vols par jour vers Dacca, selon Nick Vandervyver de l'OIM.

En attendant, les bénévoles du camp tentent de répondre aux besoins des réfugiés. Si nombre de ces volontaires sont tunisiens, ils comptent parmi eux au moins un Américain: David Lennhouts, qui vit en Tunisie depuis sept mois, est chargé de transporter de la nourriture jusqu'à la zone de restauration. D'autres font la plonge ou distribuent des assiettes en plastique aux réfugiés, qui font la queue pour recevoir leurs repas.

"Je suis heureux de travailler avec les gens ici", dit M. Lennhouts. "Je leur dis que nous sommes tous les mêmes, nous avons tous les mêmes besoins et nous devons nous occuper les uns des autres."

Le camp a de plus en plus des allures de village avec sa grand-place et son hôpital de campagne. Les organisations humanitaires ont planté des tentes arborant leurs emblèmes, et trois entrepôts, en fait d'immenses tentes, ont été installés.

Des alignements de centaines de tentes blanches forment la zone d'habitation, où se sont constitués des "quartiers", comme celui de ces familles somaliennes qui avaient obtenu l'asile en Libye et se retrouvent à nouveau déplacées. Au total, une trentaine de familles vivent dans le camp et reçoivent l'aide de psychologues bénévoles tunisiens.

Environ 1,5 million de travailleurs étrangers sont encore en Libye, mais on ignore combien pourraient encore fuir. Des réfugiés en Tunisie racontent que certains de leurs amis avaient peur d'entreprendre le dangereux voyage vers les pays voisins ou n'en avaient pas les moyens financiers.

M. Vandervyver estime que malgré la chute des arrivées de réfugiés ce week-end, il est trop tôt pour parler d'une stabilisation de la situation à la frontière tuniso-libyenne. "La situation est tellement (...) volatile que tout peut arriver", prévient-il. "Nous devons nous assurer", ajoute-t-il, que tout le monde reste mobilisé "pour pouvoir répondre" à tout nouvel afflux de réfugiés.

AP et le Nouvel Observateur

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