Des milliers de migrants pourraient venir en Suisse. Mais la Confédération n’est pas prête.
Hier encore, treize migrants étaient interceptés au large de Lampedusa. En une semaine, près de 5500 Tunisiens ont débarqué sur l’île italienne. Si la vague révolutionnaire dans les pays d’Afrique du Nord est souvent saluée en Europe, elle fait aussi craindre un afflux de réfugiés. L’Italie évoque plus de 80 000 personnes. Et la Suisse ne sera pas épargnée.
«Théoriquement, il est possible que les pays maghrébins tombent les uns après les autres et que leurs citoyens fuient massivement», avertit, dans le SonntagsBlick, Alard du Bois-Reymond, directeur de l’Office fédéral des migrations. Seulement voilà: la Suisse n’est pas prête.
«Nous sommes très mal préparés», déplore Doris Fiala. La conseillère nationale (PLR/ZH) connaît le domaine puisqu’elle préside la Commission des migrants, des réfugiés et de la population du Conseil de l’Europe. «Les pays d’Afrique du Nord ont une population jeune. 60% des citoyens rêvent de venir en Europe pour travailler, dit-elle. Mais on ne peut pas tous les accueillir, notamment pour des raisons logistiques.»
Cantons pas d’accord
Le problème se pose particulièrement au niveau des structures d’accueil. Alors que la Confédération cherche des solutions, Karin Keller-Sutter, présidente de la Conférence des directeurs cantonaux de justice et police, avertit, dans la Luzerner Zeitung , que les structures sont presque pleines et suffiraient à peine à héberger provisoirement des réfugiés supplémentaires. Elle précise que les cantons ne veulent pas créer de nouveaux lieux d’hébergement.
D’autant que les réfugiés en question «ne relèvent pas de l’asile». «Ce sont exclusivement des jeunes hommes, note-t-elle. Il n’y a pas, à ma connaissance, de femmes et d’enfants. Ces hommes tentent leur chance comme réfugiés économiques.» Les laisser venir serait leur donner «de faux espoirs» de rester en Suisse.
Pour l’instant, les demandes d’asile n’ont pas encore augmenté en Suisse. Si cela devait arriver, la Confédération pourrait toujours faire valoir les Accords de Dublin, qui permettent de renvoyer le demandeur d’asile dans le premier pays par lequel il a transité. Mais, vu la situation en Italie, la démarche serait difficile. A cela s’ajoute un autre souci: «La Suisse a signé 45 accords de réadmission avec des pays étrangers. Mais elle n’en a aucun avec les pays d’Afrique du Nord, hormis l’Algérie», regrette Doris Fiala. Dans ces conditions, faire réadmettre les réfugiés dans leur pays d’origine s’avérera également problématique.
Pour elle, l’idéal serait d’éviter l’arrivée des réfugiés: «La Confédération doit donc collaborer davantage avec l’Union européenne et l’Italie.» Elle préconise une aide logistique pour la mise en place de camps d’accueil de réfugiés. «Et l’envoi de gardes-frontière suisses est aussi une excellente idée.»
Douaniers en Italie
Depuis jeudi, trois douaniers sont à disposition de Frontex, l’agence européenne de surveillance des frontières extérieures de l’Union européenne. Selon la presse dominicale, il s’agit de deux spécialistes de la détection de faux documents et d’un expert en surveillance aérienne. Ils participeront à l’opération Hermes , qui vise à surveiller la frontière sud de l’Italie. Pour l’heure, ils n’ont pas encore été envoyés sur le terrain.
C’est la première fois que la Suisse prend part à une telle opération, en vertu des Accords de Schengen sur la libre circulation. En tout, 30 employés ont été formés et seront, à l’avenir, engagés dans diverses missions.
Nadine Haltiner dans 24 Heures
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