En mars, les étrangers pourront voter pour la deuxième fois dans le cadre d'une élection communale. Seront-ils plus nombreux à le faire qu'en 2006?
En mars 2006, c'est un corps électoral élargi à 85 000 nouveaux membres qui désignait ses représentants municipaux. Pour la première fois depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle Constitution vaudoise, les étrangers ayant résidé en Suisse depuis au moins dix ans (dont trois dans le canton) pouvaient faire usage du droit de vote et d'éligibilité à l'échelon communal. Résultat: 314 étrangers faisaient leur entrée dans un législatif, alors que 28 autres accédaient à un siège de municipal. Pionnier, Vufflens-le-Château élisait une syndique de nationalité norvégienne. Lors de ce scrutin, un peu plus d'un quart (26,9%) des étrangers avaient pris le chemin des urnes, contre 43,7% des Suisses. A Lausanne, la participation des primo-votants avait été de 19%. Par la suite, les diverses votations communales ont montré une relative baisse: entre 15 et 16% de participation lors des votations sur le local d'injection, le projet Métamorphose et l'impôt sur le divertissement.
Besoin de temps
Déléguée lausannoise à l'intégration, Gabriela Amarelle ne voit pas dans ces chiffres un manque d'intérêt pour la chose publique. Elle met plutôt en avant le besoin de temps pour se familiariser avec de nouveaux droits. «La démocratie, c'est tout un apprentissage, d'autant que la Suisse est une démocratie complexe.»
Ancien membre de la commission consultative des étrangers, Douglas Gonzalez rappelle qu'en 2006, nom- bre de personnes n'étaient tout simplement pas au fait de leurs droits. «A l'époque, on a constaté que des gens recevaient leurs bulletins de vote et les déchiraient, en pensant que c'était une blague, se souvient-il. Aujourd'hui, la situation est différente, les gens sont mieux informés.»
Différents rendez-vous
Avec l'ambition affichée d'améliorer la participation des étrangers aux prochaines élections, le Bureau lausannois pour l'intégration des immigrés (BLI) a lancé une campagne de sensibilisation baptisée «Votre ville, votre vie, votre voix». De janvier à mars, les habitants sont conviés à des séances d'information, des visites des institutions lausannoises ou encore des cafés politiques. Des rendez-vous conçus comme autant d'occasions pour rapprocher les étrangers de la cité et de sa vie institutionnelle.
Pour autant, Gabriela Amarelle n'articule pas d'objectif chiffré en terme de participation. «Les effets ne seront pas immédiats. C'est un travail d'information qu'il faut mener à long terme. Si nous faisons ce programme, soutenu par la Confédération et qui fera l'objet d'une évaluation externe, c'est aussi pour voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.»
Arnaud Crevoisier dans le Courrier
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