lundi 30 août 2010

«Il faut contrôler l'ADN des étrangers»

Un conseiller national PLR demande qu’on analyse les liens de sang lors des demandes de regroupement familial.

Philippe Mueller

Le libéral-radical Philipp Müller est outré. La population suisse a augmenté de 84 000 personnes l’année dernière, soit davantage que le nombre d’habitants que compte la ville de Saint-Gall (72 642). Pour freiner cette explosion démographique, le conseiller national argovien préconise de «systématiser les contrôles d’ADN des liens familiaux» afin d’empêcher les abus lors des demandes de regroupement familial pour les immigrés ne provenant pas de l’Union européenne.

C’est en effet là que le bât blesse, selon lui. La moitié de l’accroissement est imputable aux extracommunautaires, et la moitié de cette moitié aux regroupements familiaux de ces étrangers provenant des Balkans ou des autres continents. Bien sûr, les demandeurs doivent jouer le jeu et surtout payer les analyses.

Déjà prévu par la loi
Philipp Müller rappelle que cette mesure est déjà prévue et que les services d’immigration ont une liste qui comprend 34 Etats, principalement africains, où cette démarche peut être entreprise. «Mais nous l’utilisons trop rarement, car cela coûte cher, estime-t-il au téléphone. Cette liste doit en outre être élargie, par exemple à l’ex-Yougoslavie, la Turquie et l’Amérique latine.»

Le politicien bourgeois a estimé que quelque 20 000 personnes pourraient être empêchées de venir vivre en Suisse grâce à sa proposition. Car non seulement l’analyse d’ADN empêcherait les abus, mais une initiative parlementaire que Philipp Müller déposera lors de la session d’automne des Chambres réclamera que le demandeur d’un regroupement familial prouve qu’il est capable de loger son conjoint et ses enfants, et que la famille ne dépendra pas de l’aide sociale. Un bon moyen, selon lui, de décourager nombre de requêtes.

«La densité de la population est déjà à la limite du supportable en zones de plaine et les investissements nécessaires pour permettre un nouvel accroissement démographique seraient énormes», explique l’Argovien. Bref, pour lui la barque est pleine et, pour preuve, il avance les chiffres révélés par Moritz Leuenberger. Le ministre des Transports avait parlé de 200 milliards de francs indispensables pour moderniser les infrastructures du pays, rappelle le libéral-radical.

En 2009, par rapport à 2008, l’immigration nette en provenance de l’UE a reculé de 34%, alors que celle en provenance d’Etats tiers n’a diminué que de 9%», a-t-il précisé dans un message au Conseil fédéral ce printemps.

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Les règles de nos voisins

Italie
L’utilisation de test d’ADN pour prouver une filiation a été mise en place dès 2001. Ces tests sont volontaires et pris en charge par l’Etat.

Allemagne
Pour obtenir un droit de séjour, les étrangers sont tenus de justifier de leur âge et de leur identité. S’ils s’y refusent, ou en cas de doutes très sérieux sur les documents fournis, les autorités peuvent recourir à une analyse d’ADN, entre autres.

Autriche
Le test d’ADN dans le cadre du regroupement familial, pratiqué depuis 2006, est effectué si le candidat ne peut pas fournir les documents prouvant la filiation.

France
Le projet de loi relatif à l’utilisation des tests d’ADN dans le cadre des procédures de regroupement familial, adopté le 23 octobre 2007 au Parlement, a suscité la polémique. Il a été rejeté par le Conseil constitutionnel.

Laszlo Molnar dans le Matin

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