Même si les milieux politiques et économiques de Québec comptent sur les immigrants pour assurer la croissance de la région et occuper les nombreux emplois vacants, la population de la capitale demeure craintive par rapport aux nouveaux venus, surtout lorsqu'ils sont «visibles». Un article signé Baptiste Ricard-Châtelain dans le Soleil de Québec, relayé par Cyberpresse.
«Il y a encore des résistances liées à l'ignorance», observe la directrice du Centre multiethnique de Québec, Dominique Lachance. «Il y a une adhésion qui doit se faire.»
Les institutions ont embarqué dans le train de l'immigration, mais les résidants seraient encore sur le quai à se demander s'ils veulent vraiment monter dans les wagons remplis de visages multicolores.
L'arrivée récente de réfugiés birmans a d'ailleurs suscité de vives réactions au sein de la communauté. Une nouveauté pour l'équipe du Centre multiethnique, qui a reçu, pour la première fois, des courriels et des appels troublants : «Il y a une peur.»
Il faudra bien que les récalcitrants s'adaptent parce que la capitale est la principale destination des réfugiés admis au Québec. D'ailleurs, plusieurs groupes de Bhoutanais réfugiés au Népal s'installeront au cours des prochaines années. Et une vague de réfugiés de l'Irak est attendue d'ici l'automne.
Surpris par le constat de Mme Lachance? Vous nous pensez accommodants? Au moins 30 % des propriétaires d'immeubles de logements de la région refusent catégoriquement d'héberger des immigrants réfugiés, critique Hélène Gosselin, l'employée du Centre multiethnique, qui a la difficile tâche de dénicher de grands logements abordables pour les familles débarquant à Québec. «De la couleur icitte, j'en veux pas», se fait-elle souvent lancer par ces locateurs. Leurs noms sont dès lors consignés sur la liste noire...
«On a une liste de propriétaires avec lesquels on ne fait pas affaire», insiste la directrice Dominique Lachance. Résultat : les réfugiés sont regroupés au centre-ville ainsi que dans le secteur Vanier et Limoilou, où l'accueil serait plus jovial. «On n'a pas le choix, quand on trouve des propriétaires ouverts, de "concentrer" [même si] ça va contre nos principes.»
Un demi-siècle d'accueil
Il y a 50 ans, les immigrants étaient reçus à la gare centrale de Québec par de riches femmes anglophones et une tasse de thé!
L'accueil des immigrants a bien évolué depuis la naissance, en 1960, de la Fraternité canadienne, l'ancêtre du Centre multiethnique de Québec.
«On n'utilise plus le Carnaval et la cabane à sucre!» rigole la directrice, Dominique Lachance.
À l'époque, ces activités étaient inscrites au parcours d'intégration typique, avec le concours de bonnets de la Sainte-Catherine et la kermesse gastronomique organisée une semaine avant la fête des Mères.
Les nouveaux arrivants ont aujourd'hui accès à une équipe structurée pour favoriser leur installation. Diane Plourde est l'une de ces intervenantes à l'accueil.
Dès la première rencontre, elle les accompagne dans les dédales gouvernementaux pour l'inscription à l'assurance maladie, à l'aide sociale... Puis, il y a la première expérience de magasinage au centre commercial afin d'habiller les familles souvent nombreuses.
La vie en appartement
Quand un logement est enfin déniché, il faut également diriger les futurs Québécois dans leur logis. Les réfugiés qui ont longtemps séjourné dans les camps sont particulièrement perdus.
Mme Plourde doit donc expliquer le fonctionnement du thermostat, du réfrigérateur, de la toilette, même. Il ne faut surtout pas oublier d'insister sur un point : le rideau de douche doit pendre dans la douche pour éviter les dégâts d'eau! C'est du nouveau pour ceux qui ont vécu dans le dénuement.
Tout cela peut sembler banal, convient Diane Plourde. Mais chaque irritant en moins sur les épaules des immigrants est un pas de plus vers une intégration réussie.
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