vendredi 17 décembre 2010

En Syrie, les réfugiés irakiens enlisés dans une difficile attente

Oshana Khamo, 49 ans, a fui les violences en Irak et s'est réfugié en Syrie en 2004. Mais depuis plus de six ans, il attend sa réinstallation dans un pays tiers, en vain, et comme lui des centaines de milliers de réfugiés irakiens sont enlisés dans la république arabe. Convoqué en 2009 par le Haut Commissariat pour les réfugiés de l'ONU (HCR) pour les formalités d'un départ en Allemagne, Oshana affirme avoir subi "beaucoup de tracasseries" avant que son départ ne soit finalement reporté.

oshana khamo"A chaque fois, ils invoquent des raisons différentes", affirme-t-il. Comme Oshana, beaucoup de réfugiés irakiens, attendent avec impatience leur départ vers un autre pays et se plaignent de la dégradation de leurs conditions de vie en Syrie, où leur attente se prolonge. Après l'invasion américaine de l'Irak en 2003, près de 2 millions d'Irakiens ont quitté leur pays pour s'installer dans les pays voisins.

Outre les 150.000 Irakiens officiellement enregistrés auprès du HCR, l'agence de l'ONU pour les réfugiés estime que quelque 1,5 million d'Irakiens ont trouvé refuge en Syrie. Shamiran Youssef Agha Khan, 45 ans, est elle aussi coincée, alors que son frère, qui a fui l'Irak après elle et a choisi de se réfugier au Liban, est déjà réinstallé aux Etats-Unis. "Ils ont choisi de me rapatrier aux Etats-Unis il y a un an et demi, mais maintenant ils y ont renoncé parce que soi-disant, je ne remplissais pas les conditions", se plaint Shamiran. Même son de cloche pour Mohammad Youssef, 45 ans, inscrit au HCR en 2006: ses connaissances qui ont fui l'Irak après lui pour l'Egypte, la Turquie, la Jordanie ou le Liban, "ont déjà obtenu l'asile et sont installés aux Etats-Unis". "Les dossiers de la plupart des réfugiés en Syrie ne sont pas examinés. Le problème réside dans le service fourni par l'organisme de l'ONU", affirme Mohammad.
Depuis 2007, plus de 22.600 réfugiés irakiens ont quitté la Syrie pour s'installer dans différents pays, explique Roula Nasrallah, chargée de la communication du HCR à Damas. "Il reste encore bien sûr des réfugiés qui attendent leur tour, mais tous ne vont pas partir pour s'installer dans des pays tiers, et le HCR examine ces demandes au cas par cas", souligne-t-elle.

Comme des centaines d'Irakiens, Mohammad se rend régulièrement dans un centre de l'ONU près de Damas, pour recevoir l'assistance offerte par le Programme alimentaire mondial (PAM). Houda, 20 ans, préfère elle vendre ces rations pour acheter les vivres dont elle a besoin. Souraya Ghazi, 56 ans, reçoit une allocation de 7.000 livres syriennes (SYP), soit 112 euros par mois, dont 5.000 SYP sont consacrées au loyer. "Il ne me reste plus grand chose pour vivre", dit-elle.

En 2010, le PAM a accordé une aide alimentaire de 32 millions de dollars pour couvrir les besoins des quelque 150.000 Irakiens inscrits auprès du HCR. "Nous calculons les besoins quotidiens de chaque famille en calories", a explique Selly Muzammil, membre du bureau de presse du PAM. "Avant de les distribuer, nous soumettons les aides au gouvernement syrien qui donne son approbation". Selon un sondage réalisé auprès d'Irakiens par le bureau central des statistiques en Syrie, 52% se disent désespérés et 7,8% ont envisagé de se suicider.

AFP et le Parisien

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