A cause du vieillissement de sa population, la République fédérale devra ouvrir massivement ses frontières, assure un prestigieux institut.
Si elle veut maintenir sa puissance économique dans la décennie à venir, l’Allemagne devra ouvrir ses portes à 500 000 nouveaux immigrés chaque année. Telle est la thèse choc présentée hier par Klaus Zimmermann, président de l’Institut de recherches économiques allemand (DIW), au quotidien Hamburger Abendblatt . Le chiffre a fait l’effet d’une bombe, au milieu de la tempête médiatique soulevée par le livre de Thilo Sarrazin L’Allemagne se supprime elle-même . Ce membre du directoire de la Bundesbank y met en garde ses compatriotes contre l’islamisation de leur pays, conséquence de l’intégration manquée des immigrés musulmans, turcs et arabes, et de la chute de la natalité enregistrée depuis les années 1970.
Déclin du bien-être
A partir de 2015, signale Zimmermann, l’économie perdra 250 000 travailleurs par an. Ils ne seront pas remplacés. La relève des générations n’est plus assurée. Trois millions de travailleurs feraient déjà défaut, les emplois très qualifiés sont particulièrement touchés. «Le PIB va donc décroître et le bien-être avec, les systèmes sociaux et la retraite vont entraîner d’immenses problèmes financiers. Il faudra travailler jusqu’à 70 ans et cela ne suffira même pas.»
Cela fait des lustres que les spécialistes dressent ce sombre tableau, sans rencontrer grand écho jusqu’ici. Mais plus le tournant démographique approche et plus le réveil sera dur. D’autant que l’Allemagne est aussi en panne d’étudiants, souligne une étude de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) parue mardi. Elle se classe même aujourd’hui derrière la Turquie, la Belgique ou le Mexique. Seuls 24% des jeunes issus des tranches d’âge de 25 à 34 ans ont suivi des études supérieures, pas plus qu’il y a trente ans chez les 55-64 ans.
Le besoin de nouvelles forces vives est donc général. De l’atelier au bureau d’étude. L’immigration turque des années 1950-1960 avait été «invitée» pour lancer la machine économique. Une nouvelle vague serait indispensable aujourd’hui pour assurer sa continuité. Mais, pour l’instant, l’effet Sarrazin risque au contraire de décourager les vocations d’immigrés.
La République fédérale devrait à l’inverse sortir de sa réserve, «ouvrir ses frontières à la Turquie, et attirer les jeunes diplômés d’Istanbul par exemple qui s’exilent aux USA plutôt que de venir à Berlin», suggère le président du DIW!
Pas sûr qu’il soit facile de passer de la parole aux actes.
Michel Verrier dans 24 Heures
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