jeudi 9 septembre 2010

La Suisse ne chassera pas Musa Selimi

Installé à Genève depuis vingt ans, marié et père de deux enfants, ce Kosovar sans-papiers travaille comme pizzaïolo dans le quartier des Eaux-Vives.

Musa Selimi Genève

L’Office fédéral des migrations, qui avait prévu de le renvoyer au Kosovo le 5 juillet dernier, est finalement revenu sur sa décision: la famille Selimi a obtenu un permis de séjour. C’est une belle victoire pour Genève, et surtout, pour Musa Selimi. Cet Albanais du Kosovo de 40 ans, installé au bout du Léman depuis 20 ans, avait prévenu: «Je préfère mourir en Suisse que de retourner au Kosovo» (LT du 3.6.2010). L’Office fédéral des migrations (ODM) lui avait signifié l’obligation de quitter le territoire suisse le 5 juillet dernier avec sa femme et ses deux enfants. Mais le canton s’est mobilisé en dénonçant un traitement jugé injuste. Avec succès: la famille Selimi pourra finalement rester en Suisse.

Mercredi, l’agence Decaprod annonçait la nouvelle dans un communiqué. Porte-parole de l’ODM, Marie Avet confirme: «Le canton de Genève a déposé une demande de réexamen du cas de la famille Selimi avec plusieurs éléments nouveaux, comme des raisons de santé. Nous en avons tenu compte en délivrant une décision positive. Par ailleurs, Genève a souligné la parfaite intégration de cette famille.»

La famille Selimi recevra donc un permis de séjour qui lui permettra de rester en Suisse. «Le permis est valable une année et renouvelable. Après un certain nombre d’années, on délivre un permis C», explique Marie Avet.

Ce n’était pourtant pas gagné d’avance. Même si Musa Selimi a passé la moitié de sa vie en Suisse. Employé comme pizzaïolo dans un restaurant prisé du quartier des Eaux-Vives, il paie ses impôts et ses charges sociales. Ses deux enfants sont scolarisés à Genève. Une partie de la population l’a activement soutenu, parmi laquelle des personnalités et des politiques comme le chanteur et animateur Alain Morisod, les conseillers nationaux PDC Luc Barthassat et socialiste Jean-Charles Rielle ainsi que la commune de Carouge, où réside la famille. Au niveau cantonal, le Grand Conseil avait voté une résolution demandant au Conseil d’Etat d’intervenir.

Jusqu’à ce mercredi, l’ODM avait adopté une position très ferme: son directeur, Alard du Bois-Reymond avait reproché à Musa Selimi le fait d’avoir «fait venir sa famille après le refus de l’ODM». Au niveau juridique, toutes les voies de recours avaient été épuisées.

Conseillère d’Etat chargée de la Sécurité, Isabel Rochat est elle aussi intervenue auprès de la Confédération. La ministre libérale avait toutefois prévenu qu’il était hors de question que Genève fasse preuve d’insubordination par rapport à la décision de Berne. Mercredi, elle ne cachait pas son soulagement en se déclarant «heureuse et satisfaite» de l’épilogue de l’affaire Selimi, rendu possible par le grand élan de solidarité du canton.

Cynthia Gani dans le Temps

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