Le rapport annuel d’Eurodac confirme l’augmentation des demandes. Un labyrinthe administratif et géographique. Un article signé Richard Werly dans le Temps.
L’évidence est dans les chiffres: les pays de l’Espace Schengen-Dublin – dont la Suisse – ont de plus en plus de mal à gérer les données biométriques consécutives aux demandes d’asile et aux interpellations de clandestins.
Rendu public cette semaine, le rapport 2009 de l’organisme Eurodac – qui centralise les empreintes digitales des personnes âgées de 14 ans et plus transmises par les forces de police – confirme l’augmentation des dépôts de demandes dans plusieurs pays, les doublons et la mauvaise gestion de ces données dans l’Espace Schengen.
236 936 demandes d’asiles ont été enregistrées en 2009 par Eurodac, soit une augmentation de 8% en un an. Mais dans 55 226 cas – plus de 23% – ces empreintes avaient déjà été enregistrées, soit parce que le demandeur avait déjà introduit une requête dans le même pays, ou dans un autre pays de l’UE, soit parce que ses empreintes ont été relevées deux fois. La multiplication des demandes d’asile est en hausse constante depuis 2007.
La Suisse est, au prorata de sa population, l’un de tout premiers utilisateurs du système. 11 878 empreintes de demandeurs d’asile volontaires (contre 32 797 pour la France et 18 406 pour l’Italie) ont été «transmises» en 2009 par les autorités helvétiques. Lesquelles ont aussi interpellé et signalé à Eurodac 4036 personnes «irrégulières».
Les données Eurodac révèlent aussi les flux géographiques des demandeurs d’asile dans l’UE. Un grand nombre d’entre eux, en France et en Belgique, a déjà introduit une demande en Pologne. De nombreuses demandes effectuées en Grèce et en Italie viennent de personnes ayant déjà un dossier… au Royaume Uni.
Coté immigration illégale, la Grèce enregistre le plus grand nombre d’interpellations à la frontière, avec 60% de toutes les données envoyées en 2009 (plus de 18 000 sur 31 071). Suivent sans surprise les deux autres fronts méditerranéens que sont l’Italie (plus de 7000) et l’Espagne (1994). Après avoir augmenté de 17,6% en 2008, le nombre de «transmissions» biométriques à propos de clandestins a encore crû de 12,7% en 2009, pour atteindre 85 554.
La Suisse est, pour sa part, presque toujours à la croisée des itinéraires. La majorité des personnes entrées illégalement dans l’UE par la Grèce pour ensuite se rendre dans un autre pays (12 192) ont choisi principalement la Norvège (2223), le Royaume-Uni (1805) ou l’Allemagne (1516) comme destination. Celles entrées via l’Italie et poursuivant leur route (6398) se sont rendues principalement en Suisse (1422), aux Pays-Bas (1075), en Norvège (1041) ou en Suède (911). Celles entrées via l’Espagne (544) se sont retrouvées le plus souvent en France (254) ou en Suisse (118), tandis que celles entrées via la Hongrie ont continué leur voyage (604) essentiellement jusqu’en Autriche (150), en Suisse (80) ou en Allemagne (65).
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