jeudi 11 mars 2010

Le “gentil organisateur” du centre de Vallorbe aurait exercé du mobbing

Le chef de l'assistance, Pierre-Alain Lunardi, a été licencié suite à une lettre corsée du personnel. Il est aussi visé par une plainte pénale de son ancien adjoint. Un article de Mickaël Rodriguez dans le  Courrier.
Des accusations de mobbing ont poussé vers la porte Pierre-Alain Lunardi, l'ancien chef de l'assistance au Centre d'enregistrement de requérants d'asile à Vallorbe. L'homme qui endossait le rôle du chef à visage humain dans «La Forteresse», le documentaire de Fernand Melgar, aurait fait régner un climat de terreur afin d'asseoir son pouvoir. Un de ses anciens adjoints, Khalid Aqezdaou, a déposé une plainte pénale contre lui.
Une lettre accablante
En décembre dernier, huit employés ont écrit à la direction d'ORS, l'entreprise qui gère le centre, pour se plaindre de l'attitude de leur chef. Cette lettre, dont le quotidien «24 heures» a publié récemment des extraits, fait état de mobbing et de propos à caractère raciste. «Cela a été un point parmi beaucoup d'autres» dans la décision de licencier Pierre-Alain Lunardi, confirme le directeur d'ORS, Eric Jaun. «Nous avons eu un entretien avec M. Lunardi au mois de janvier et nous avons décidé de le libérer tout de suite de son travail», précise-t-il.
Dans nos colonnes, l'ancien chef affirmait qu'il avait été poussé à la démission pour avoir pris la défense d'un de ses adjoints, licencié au mois d'octobre (notre édition du 11 février). Il critiquait aussi le manque de moyens à disposition du centre et les bas salaires des employés d'ORS.
Certains employés font un récit radicalement différent. Après ses premiers mois à Vallorbe, durant lesquels il se serait montré très présent et prévenant, Pierre-Alain Lunardi se serait rapidement comporté comme un chef intouchable. «Beaucoup ont été surpris, voire fâchés, de voir la place que M. Lunardi prenait dans «La Forteresse», alors qu'en dehors de la période du tournage, on ne le voyait que rarement dans le centre», relate un ancien membre de l'équipe du centre sous couvert de l'anonymat.
«Un tournus effarant»
«Il y avait un tournus effarant au sein du personnel, poursuit notre interlocuteur. La plupart des personnes qui étaient là depuis longtemps sont parties, et celles qui étaient nouvellement engagées restaient peu de temps. Certaines employées étaient privilégiées, d'autres au contraire harcelées, voire même renvoyées pour un mot de travers.»
Car la stratégie de l'ancien chef consistait apparemment à diviser pour mieux régner. «Quand un employé le dérangeait, M. Lunardi montait parfois de toutes pièces une chasse aux sorcières pour le renvoyer, relate Illan Acher, un ancien stagiaire bénévole. Il s'arrangeait pour faire témoigner contre cette personne d'autres employés en les menaçant de licenciement s'ils refusaient.»
Selon une partie du personnel, une mésaventure similaire serait arrivée à Khalid Aqezdaou. Bien loin de prendre sa défense, Pierre-Alain Lunardi aurait été à l'origine de son licenciement. «Le plus probable est que M. Lunardi, voulant se débarrasser de son adjoint, ait fait en sorte d'obtenir son licenciement en le faisant accuser de harcèlement», relate notre source anonyme. Reste que le personnel est divisé. Une partie des employés soutient en effet Pierre-Alain Lunardi contre son adjoint.
La justice saisie
Le conflit qui a opposé les deux hommes se poursuivra devant la justice. Khalid Aqezdaou a déposé une plainte pénale visant plusieurs personnes, dont Pierre-Alain Lunardi. «Nous sommes au courant de cette plainte, mais c'est une affaire entre M. Lunardi et M. Aqezdaou», indique Eric Jaun. La direction d'ORS n'est pas en cause, affirme le directeur de la firme.
Le motif de la plainte serait-il la diffamation, voire la calomnie? La question reste pour l'heure sans réponse, Khalid Aqezdaou n'ayant pas donné suite à nos demandes d'entretien. Pierre-Alain Lunardi se refuse également à tout commentaire.
Quant aux propos à caractère raciste, nos interlocuteurs n'en ont pas été témoins. Illan Acher dit par ailleurs avoir été frappé par une déclaration de l'ancien chef: «Il a dit qu'il était contre la notion même d'asile, parce que c'était aux pays du tiers-monde d'œuvrer eux-mêmes à leur développement».

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je suis effarée par ce que je lis dans cet article, dont le titre est toutefois au conditionnel. Surtout lorsque je pense à l'image que donnait de lui M. Lunardi dans la Forteresse.
Cette forteresse en est donc véritablement une, fermée, repliée sur elle-même, dans laquelle tout peu se produire, mais en silence et - presque - impunément.