jeudi 4 février 2010

A chacun sa solution pour réguler la mendicité | 24 heures

De gauche à droite, les élus lausannois se déchirent autour des Roms et de l’aumône. Le directeur de la Police, Marc Vuilleumier, a pour sa part demandé une réunion avec le Conseil d’Etat. Un article de Gérald Cordonier dans 24 Heures.



© PATRICK MARTIN | ​Une trentaine de mendiants roumains viennent quotidiennement faire la manche à Lausanne. Ce phénomène s’est accentué depuis le 1er juin 2009 et l’entrée en vigueur des accords de libre circulation des citoyens européens. La présence d’enfants choque la population.

Certains rêvent de voir les rues lausannoises vidées des nécessiteux aux bras tendus. D’autres accepteraient d’interdire la mendicité moyennant un accompagnement de mesures sociales supplémentaires. Mais d’autres encore refusent de limiter la manche et réclament, plutôt, des actions locales dirigées contre les passants généreux.

Après le trafic de cocaïne, les agressions nocturnes et les incivilités urbaines, c’est la présence de mendiants roumains qui divise les conseillers communaux lausannois. Jusqu’à faire éclater les consensus et alliances politiques bien établis. Lors de la première séance de commission agendée pour étudier une possible interdiction de la mendicité dans la capitale vaudoise – une proposition UDC –, les bonnes ententes ont franchement éclaté. A tel point que trois nouveaux postulats ont atterri, ces derniers jours, au bureau du Conseil communal.

L’UDC Claude-Alain JustifierVoiblet reste fermement convaincu qu’il faut prohiber la mendicité. «Laisser des personnes fragilisées et dans un état sanitaire préoccupant dans la rue n’a strictement rien d’humaniste», avance-t-il pour justifier son point de vue. Un rigorisme loin de plaire aux autres formations lausannoises. Verts, socialistes, PDC et Libéraux-radicaux ont refusé le postulat UDC, le 21 janvier dernier. Pas question, pour eux, d’encourager une interdiction pure et simple!

Unis sur le fond, les partis se sont pourtant ensuite divisés. Les Verts ont réussi à obtenir le soutien du centre-droite pour réclamer une étude fouillée sur toutes les alternatives envisageables, interdiction comprise. Mais, clairement opposés à toute prohibition, les socialistes ont préféré faire cavaliers seuls. De quoi annoncer de futurs débats très houleux dans les mois à venir. Et faire sourire la gauche de la gauche, qui se refuse d’entrer dans la danse: «L’UDC éternue une solution simpliste, humainement difficilement applicable, stigmatisante (…) et tout le monde court derrière», se gausse Alain Hubler, chef de groupe d’A Gauche toute!

Une action concertée
A l’exécutif, le municipal de la Police, Marc Vuilleumier, reste, lui, indifférent au jeu politique des partis. «Sans une action concertée entre la ville et le canton, nous ne trouverons jamais de solution, rappelle le popiste. Car la mendicité n’est pas uniquement un problème de police mais d’abord social ou lié à la libre circulation. Les compétences sont donc autant communales que cantonales ou fédérales.» Désireux de faire avancer le dossier, le directeur de la Sécurité publique a demandé une rencontre rapide avec le Conseil d’Etat.

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