vendredi 15 janvier 2010

La burqa fait gonfler les voiles du front national

KeystoneDébat à grand spectacle, hier soir, entre Marine Le Pen et le ministre Eric Besson. Un article de Jean-Noël Cuénod, Paris, pour 24 Heures.

La Suisse a ses minarets, devenus les «marronniers» de son identité nationale. La France, elle, a sa burqa pour agiter le débat sur cette question. Pour l’instant, la polémique sur le port du voile intégral dans la République voisine fait gonfler les voiles du Front national.

«Le vote suisse, une onde de choc en Europe»

Hier soir, en effet, Marine Le Pen – qui s’impose pour remplacer son père à la tête de la formation d’extrême droite – s’est mesurée au ministre de l’Immigration, Eric Besson, invité principal de l’émission A vous de juger sur France 2, avec l’eurodéputé socialiste Vincent Peillon comme troisième personnage. Mais, au dernier moment, le socialiste a renoncé à participer à ce qu’il appelle un «piège» qui ferait le lit du Front national.

Quant aux dérapages de son grand débat sur l’identité nationale, le ministre Besson s’est caché derrière… notre pays: «Je ne pouvais pas prévoir le vote suisse sur les minarets, qui a provoqué une onde de choc dans toute l’Europe et pas seulement en France.» Marine Le Pen reprend la balle au bond: «Même si ce n’était pas votre but, les Français se sont saisis de ce débat. Ils ont exprimé un véritable appel au secours en vous disant: «Nous sommes bousculés dans nos habitudes par une immigration massive. L’intégration est un échec total. Nous souffrons. Et vous n’entendez pas cette souffrance.»

Zizanies

Au sein du camp sarkozyste, la division règne aussi sur ce thème. Dès le début de cette année, le chef de file des députés de la majorité présidentielle (UMP), Jean-François Copé, a agité la burqa en annonçant que son groupe allait déposer un projet de loi interdisant le port du voile intégral islamique dans tout l’espace public (les rues, les administrations etc.). Il voulait semer la zizanie dans le camp socialiste, qui se montre divisé quant à l’adoption d’une loi contraignante. Mais Copé a mis aussi dans l’embarras celui qu’il est censé soutenir, le président Sarkozy, qui voulait temporiser pour convaincre les socialistes de se rallier à un texte plus nuancé. Le jeune chef du groupe parlementaire UMP ne cache pas ses ambitions élyséennes et ne manque plus une occasion de tacler Nicolas Sarkozy en profitant de son actuelle impopularité.

Mesures «non stigmatisantes»

Le président français a voulu reprendre la main en décidant que le parlement voterait rapidement une résolution non contraignante, puis se déterminerait sur des mesures législatives qui éviteraient toute stigmatisation des musulmans, après les élections régionales des 14 et 21 mars prochains.

A quoi pourraient ressembler ces «mesures législatives non stigmatisantes»? Elles restent floues et sentent l’usine à gaz. Le voile intégral n’a pas fini de faire danser la classe politique outre-Jura.

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