jeudi 28 janvier 2010

Centre de requérants d’asile fermé

SUGIEZ - L'annonce de son ouverture provisoire, il y a un an, avait suscité des réactions passionnées dans le Bas-Vully. Mais le provisoire est resté tel, souligne le Conseil d'Etat. Qui garde néanmoins le centre vullérain sous le coude, pour faire face à d'éventuels afflux de requérants. Un article de Samuel Jordan paru dans la Liberté

Centre pour requérants de Sugiez. Photo Alain Wicht Le 27 janvier 2009, le Conseil d'Etat fribourgeois annonçait la création d'un centre de requérants à Sugiez. Hier, un an plus tard jour pour jour, il a communiqué sa fermeture pour le 28 février. Les 25 pensionnaires qui s'y trouvent actuellement ne se retrouveront pas pour autant dans la rue avec leur baluchon. Il seront placés dans d'autres structures d'accueil du canton (lire ci-dessous). Cette nouvelle a réjoui le Conseil communal de Bas-Vully: «Nous sommes extrêmement satisfaits de cette décision. Le gouvernement a tenu ses engagements. Je l'en félicite», réagit à chaud Jean-François Chenaux, syndic de Bas-Vully. «Si cela n'avait pas été le cas, nous serions à nouveau montés aux barricades.»On s'en souvient, l'ouverture du foyer de Sugiez avait provoqué un véritable tollé parmi la population et les autorités communales de Bas- Vully. Toutes deux avaient très mal digéré le fait de se faire imposer à la hussarde, par le canton, un centre de requérants au milieu du village. Les réactions avaient été passionnées. Et les craintes s'étaient abondamment manifestées, jusque sur la Toile: «On n'en veut pas ici», avait été le message délivré par une grande partie des citoyens de la région. Résultat de cette rogne: une pétition munie de 300 signatures contre la création du foyer, remise au canton.

Sugiez reste une solution

En décidant de fermer le centre, le canton a-t-il plié devant l'intransigeance et la détermination de la commune de Bas-Vully? «Non, pas du tout. Dès le début, c'était clair pour nous. Il ne s'agissait que d'une solution provisoire pensée pour durer 12 mois, pas un de plus», répond Anne-Claude Demierre, directrice de la Santé et des affaires sociales du canton de Fribourg. Et la conseillère d'Etat de poursuivre: «A cela s'ajoute le fait que le nombre d'arrivées de requérants s'est stabilisé au cours du dernier semestre. Cette nouvelle donne a facilité notre décision.»Si le chapitre Sugiez sera clos à la fin février, il ne sera cependant pas complètement enterré. Le canton laisse en effet la porte entrouverte: «En cas d'afflux massif de réfugiés, le centre vulliérain demeure une solution de réserve.» Car il faut dire qu'en l'état actuel, le Gouvernement fribourgeois n'a pas encore réglé l'épineuse question qui le poursuit comme une ombre depuis fort longtemps: la création durable d'un nouveau centre d'accueil situé à choix dans les districts de la Singine, de la Veveyse ou du Lac. «Nous continuons à chercher tout azimut», communique Anne-Claude Demierre.

«Craintes infondées»

Contrairement aux profondes appréhensions initiales, l'ordre établi n'a pas été chamboulé par l'arrivée impromptue de dizaines d'étrangers inconnus. Les statistiques parlent d'ailleurs d'elles-mêmes: durant l'année écoulée, aucune plainte sérieuse, ni aucune intervention de la police n'ont été signalées. «Il y a eu plus de peur que de mal et les craintes se sont avérées infondées», résume Pierre-Alain Chervet. Membre d'une plateforme créée par un groupe de citoyens pour faciliter l'intégration des requérants, l'enseignant ajoute: «Au final, les Vulliérains se sont montrés solidaires. Discrètement et parfois anonymement, par crainte du «qu'en-dira-t-on», beaucoup d'entre eux ont fait de nombreux dons aux requérants. Afin d'améliorer leur modeste quotidien.»Pierre-Philippe Blaser, pasteur de Môtier et membre de la même plateforme, va plus loin dans sa réflexion: «Ce centre a été une chance pour la région. Il a permis d'interpeller les gens et d'éviter les généralisations. A ce titre, c'est dommage qu'il ferme.»Pour Nicolas Roulin, responsable du foyer géré par ORS, c'est un cycle qui s'achève: «Une expérience vraiment très forte, rythmée par quelques larmes et beaucoup de sourires», confie celui qui a vécu au jour le jour au contact des requérants. Son souvenir le plus fort: «L'arrivée de Leslie et Christivine, deux adorables bébés nés à Sugiez.»

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