A deux semaines de la votation sur les minarets, rapide coup de projecteur sur cet élément architectural, l'un des sept qui composent une mosquée. Cylindrique, carré, octogonal: il peut revêtir les formes les plus variées et n'obéit à aucune règle codifiée. Il n'est d'ailleurs pas indispensable, surtout à l'heure où le muezzin est remplacé par Internet ou les SMS, mais revêt un caractère symbolique et culturel
Ivan Radja - le 14 novembre 2009, 19h52
Le Matin Dimanche
«Ce n'est pas une religion ostentatoire dans son essence, rappelle l'architecte et professeur Patrick Mestelan, spécialiste de l'architecture de l'islam. Si, à la limite, l'expression la plus simple de la mosquée est le tapis de prière, elle est par excellence, et avant tout, le lieu de recueillement de la communauté. Ce qui importe, c'est le haram , l'aire sacrée rectangulaire orientée vers La Mecque, où prient les fidèles.» Il est l'un des sept éléments d'une mosquée, avec le kibla , mur qui borde le grand côté du rectangle, le mirab , niche figurant une porte symbolique vers la vie spirituelle, le minbar , chaire appuyée sur ce même mur (plus guère en usage), une cour extérieure, un bassin ou une fontaine pour se laver pieds, mains et visage, et enfin le minaret. De l'arabe manâra (le phare), il est à la fois symbolique (lumière) et pratique pour porter la voix du muezzin. Les premiers seraient apparus au premier siècle de l'hégire (VIIe siècle). Bilal, muezzin de Mahomet, montait simplement sur un auvent de la maison du Prophète, à Médine.
Ils ont pris des formes très variées, au fil des siècles, en fonction des cultures, de la géographie, du matériau, du climat ou des constructeurs (chrétiens, Byzantins, Mamelouks, Ottomans, etc.). Les minarets cylindriques de Turquie résistaient, par exemple, mieux aux secousses sismiques. «Au départ, ils étaient de base carrée, énumère Patrick Mestelan, puis il y eut des variantes hélicoïdales, à la manière de la tour de Babel, ou pyramidales en Afrique, et des modèles octogonaux et cylindriques.»
Historien de l'art, Henri Stierlin précise que «rien n'est codifié ni systématisé. Ainsi la mosquée d'al-Aqsa, à Jérusalem, n'a pas de minaret, alors que d'autres peuvent en compter plusieurs.» Il n'y a pas de règle non plus concernant le diamètre et la hauteur. «Comme n'importe quelle construction en Suisse, précise Hafid Ouardiri, directeur de la Fondation de l'entre-connaissance, il est soumis aux règles de l'urbanisme communal.»
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