lundi 21 septembre 2009

Une délégation suisse a interrogé des détenus de Guantánamo


ASILE | Les représentants de la Confédération et des cantons devaient déterminer le degré de risque présenté par quatre prisonniers qui pourraient être accueillis en Suisse. (Tdg)

© AFP | Une vue du camp de Guantánamo. Genève s’était engagée en février, à une condition: l’ex-détenu devra être innocent et n’avoir aucun contact avec le terrorisme.
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LAURENT AUBERT | 21.09.2009 | 00:00

Une délégation suisse s’est rendue en août à la base américaine de Guantánamo, à Cuba. Elle a visité le camp où ont été détenus des milliers de prisonniers capturés en 2001-2002 lors de l’intervention en Afghanistan et soupçonnés de liens avec des organisations terroristes.

Ce groupe comprenait des représentants du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), du Département fédéral de la justice et de la police (DFJP) et des cantons, a indiqué Guido Balmer, porte-parole du DFJP, confirmant une information de la SonntagsZeitung. Ces fonctionnaires ont été en contact avec quatre détenus – deux Ouïgours, un Ouzbek et un Palestinien – qui pourraient trouver asile en Suisse après leur libération de Guantánamo.

Pas de risque zéro

Cette délégation, dont la visite n’a pas été annoncée au Département d’Etat américain, comme le permettent certaines procédures confidentielles du Département de la défense, avait pour but de déterminer le degré de risque présenté par ces quatre personnes. A cet effet, les fonctionnaires suisses ont eu accès aux dossiers d’instruction de la justice militaire américaine et aux informations communiquées par les détenus eux-mêmes.

Selon la SonntagsZeitung, les biographies de ces personnes ne permettraient pas d’exclure tout risque. Ce dernier devrait donc être qualifié de «moyen». Une telle incertitude exclurait tout accueil en Suisse.

Selon le conseiller d’Etat fribourgeois Erwin Jutzet, il est clair que l’offre de son canton d’accueillir un détenu de Guantánamo ne peut s’appliquer qu’à une personne détenue à tort. «Je n’ai pas d’avis sur le rapport de cette délégation que je ne connais pas, a-t-il déclaré hier sur les ondes de La Première. Il conviendra d’examiner les demandes au cas par cas.»

Lorsque Genève s’était engagée en février, le conseiller d’Etat Laurent Moutinot avait posé les mêmes conditions: l’ex-détenu devra être innocent et n’avoir aucun contact avec le terrorisme. Le magistrat n’a malheureusement pas pu être atteint hier afin de confirmer cette position.

Le 15 décembre 2008, Berne avait promis d’examiner «avec minutie» la demande du gouvernement américain d’accueillir des ex-détenus. D’autres pays comme la France, la Grande-Bretagne, l’Espagne, l’Irlande, le Portugal ou la Hongrie ont répondu favorablement à l’appel du président Barack Obama sitôt connue l’annonce de la fermeture progressive du camp de Guantánamo d’ici au mois de janvier 2010. Seuls les cantons de Genève, Fribourg, Bâle-Ville et Thurgovie s’étaient alors déclarés prêts en principe à recevoir des détenus

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