lundi 25 mai 2009

Jouer avec les requérants, une belle leçon de fair-play


CRANS-PRÈS-CÉLIGNY | Le match de foot amical entre les requérants d’asile de Nyon et l’équipe juniors locale s’est mué, hier, en un intense partage ludique.

© VANESSA CARDOSO | ​Un match qui allie le plaisir du jeu et de l’ouverture. Le FC Crans (en rouge) s’est incliné face aux requérants d’asile de Nyon (en blanc).

ANETKA MÜHLEMANN | 25.05.2009 |dans 24heures

Les requérants d’asile ont remporté 3 à 1 le match de foot dominical, mais surtout, ils ont su gagner les cœurs des gens d’ici, qu’ils ont côtoyés. Les vainqueurs, ce sont les joueurs de Mama Africa qui, outre leur continent d’origine, ont également pour point commun leur situation. Demandeurs d’asile logés à l’abri PCi nyonnais En Oie et soumis à la procédure liée aux Accords de Dublin, ils risquent à tout moment d’être expulsés vers un autre pays européen où ils auraient déjà séjourné.

Cette réalité n’a pas gâché la rencontre sportive contre les juniors du FC Crans. Cette équipe, composée de jeunes âgés entre 15 et 17 ans, n’a pas eu la tâche facile. Le jeu de Mama Africa s’est révélé incisif et tactiquement efficace. «On a été super-étonnés, confie Habip Sarikaya, l’entraîneur du FC Crans, ils sont extrêmement bons.» Mais l’affrontement, bien que rude, s’est révélé particulièrement fair-play. «Je n’ai jamais vu un match aussi galant», s’exclame Christine, épouse et mère de footballeur. D’ailleurs, cet état d’esprit est très vite devenu contagieux, puisque sur le terrain, un joueur de Crans se montrait bon prince: «On perd… mais au moins les requérants ont du plaisir.»

Malgré le départ des amis
Du plaisir, ils en ont eu, certainement. Mais s’ils ont mis autant d’énergie dans ce match amical, c’est qu’il y avait un enjeu de taille: leur dignité. «C’est merveilleux, témoigne Ouattara Lamoussa, originaire de Côte d’Ivoire. On peut enfin partager quelque chose avec les Suisses. Jusqu’ici, on croisait des gens en ville, mais ils nous dévisageaient avec méfiance. A leurs yeux, on n’était rien de plus que des demandeurs d’asiles. Cela ne nous dérange pas. Mais on est quand même contents de pouvoir montrer ce qu’on sait faire.»

Au-delà des prouesses techniques, ces sportifs africains ont surtout donné une belle leçon de vie. «J’ai été marqué par la détermination de ces jeunes et par leur capacité à toujours aller de l’avant, témoigne leur entraîneur, Denis Jaccard. Cinq de leurs coéquipiers ont été expulsés du pays et ils ont continué à donner le meilleur d’eux-mêmes.»

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