«Raciste», la politique Suisse est dénoncée
Paru le Mardi 21 Avril 2009 dans le CourrierMIGRATIONS - Ce soir à Genève, Charles Heller présente son film «Home Sweet Home».
La Coordination genevoise contre l'exclusion et la xénophobie (StopEX) présente ce soir le nouveau film du jeune réalisateur genevois Charles Heller, Home Sweet Home, le régime migratoire helvétique. En 2007, son moyen métrage Crossroads at the edge of worlds retraçait les migrations irrégulières transitant par le Maroc ainsi que leur contrôle. Aujourd'hui, c'est la politique migratoire «discriminatoire et raciste» de la Suisse qu'il met en cause. Vaste dénonciation, traitée par les historiens Bouda Etemad et Marc Perrenoud, qui débute au XVIe siècle avec l'implication de la population helvétique dans la traite des Noirs, et qui se poursuit avec la position du Conseil fédéral, en 1864, favorable à l'esclavage, puis avec les villages de nègres exposés à Genève en 1896. «La traite des Noirs et l'esclavagisme sont les éléments fondateurs du racisme. Plus tard, la population juive a également été l'objet de discriminations sur notre territoire car on a refusé de considérer la persécution des Juifs en raison de leur race comme un motif d'asile», déclare le réalisateur Charles Heller.
Pour lui, cette politique raciste et discriminatoire est malheureusement toujours bien présente dans la politique suisse. «Le racisme est à chaque fois institutionnalisé. Aujourd'hui, on n'est plus confrontés à un racisme biologique mais à un racisme culturel. Selon le rapport sur la conception et les priorités de la politique suisse des étrangers pour les années 1990, 'l'accès au marché du travail suisse est nié a ceux et celles qui n'appartiennent pas à un milieu culturel et présentent des conditions de vies proches des nôtres'. C'est une vision culturelle raciste du monde où l'on traite différemment les Européens et les non-Européens», ajoute-t-il.
Le film laisse la parole aux migrants comme cet Africain, arrivé en Suisse et dont la loi lui interdit de travailler. Pour gagner de l'argent, il a décidé de vendre de la drogue. «En empêchant les requérants d'asile de travailler, on les incite à trouver des moyens de subsistance illégaux comme le trafic de la drogue. C'est totalement contradictoire de penser que l'on va combattre les dealers avec une politique migratoire restrictive», assure le réalisateur. Il avoue que le thème n'est pas simple mais lance le débat. Et propose des solutions comme celles de «démocratiser la politique migratoire» pour que les migrants puissent s'exprimer sur leur sort et de repenser leurs droits. LAURENCE BRON
Note : Mardi 21 avril à 19h, à la Maison des associations, 15 rue des Savoises, à Genève, salle Mahatma Gandhi. Le film sera suivi d'un débat. Entrée libre.
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