Le criminologue André Kuhn a mis à mal le lien courant entre étrangers et criminalité lors des Assises de l’immigration.
«On dit que les étrangers sont surreprésentés dans la criminalité. C’est vrai.» Le Pr André Kuhn n’a pas fait dans l’angélisme lors des Assises vaudoises de l’immigration organisées samedi à Bex. La commission consultative des immigrés avait choisi un thème brûlant: «Criminalité et étrangers, entre réalité et stigmatisation». «En Suisse, il y a 21% d’étrangers pour 79% de détenteurs du passeport à croix blanche. Parmi les condamnés, la proportion est de 47% d’étrangers pour 53% de Suisses», a souligné le criminologue. Les chiffres publiés vendredi par la Confédération dévoilent en outre que 70% des détenus sont étrangers. «Mais il faut savoir que cette surreprésentation étrangère dans la criminalité existe dans la majorité des pays», insiste-t-il. Le professeur aux Universités de Lausanne et de Neuchâtel s’est attelé à démontrer que la nationalité d’un criminel n’est pas la seule variable qui peut expliquer son acte. Ainsi le sexe, l’âge, le niveau socio-économique ou celui de sa formation sont des facteurs qui ont, selon les statistiques, davantage d’influence dans le passage à l’acte. «Etre un homme est l’élément le plus prédicateur. Personne n’ose pour autant imaginer les éliminer ou faire de même avec les jeunes», a-t-il lancé, un brin provocateur. Il a ensuite insisté sur l’égalité sociale et la formation comme moyens de prévenir la criminalité. «Est-il alors utile de donner dans la presse la nationalité d’un criminel?» s’est interrogée l’assemblée. «Il ne faut pas cacher la vérité, lance le criminologue. Mais l’explication ne se trouvera pas forcément dans la provenance d’un auteur.»
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