LIBERATION.FR - LibéToulouse
http://www.libetoulouse.fr/2007/2009/04/cest-jos-bov-qu.html
Coupables volontaires à Toulouse: ils s'accusent devant le palais de justice d'avoir aidé des sans papiers
DÉSOBÉISSANCE CIVILE. C’est José Bové qui parle: «J’ai aidé des sans-papiers, je l’assume, je demande à être inculpé. J'ai l'habitude», sourit-il. La députée socialiste de Haute-Garonne Catherine Lemorton est plus circonstanciée : «J’ai à plusieurs reprises transporté et fourni des médicaments à des familles Bulgares. Je suis une citoyenne délinquante récidiviste. Je me livre à la justice».
Ils sont 600 ou 300 selon la police, cette fin d’après-midi, à venir se constituer prisonniers volontaires place du Salin devant le palais de Justice, revendiquant avoir commis le «délit de solidarité».
Ce qui vaudra aux plus connus d’entre eux d’être enchaînés. Symboliquement, s’entend : ils sont en ligne face au palais de justice, une chaîne passée aux menottes sous l’objectif des photographes.
Il y a les people, mais Il y a le chauffeur Carcassonnais d’Emmaüs aussi parmi eux. Ou le leader toulousain du Réseau Éducation sans frontière. Et des élus communistes du Tarn, des Alternatifs de Toulouse, des Verts d’un peu partout. Même de Bègles puisque Noël Mamère est de la partie. Plus beaucoup de syndicalistes et de simples citoyens.
C’est l’ex-juge d’instruction Eva Joly, à Toulouse pour cause de meeting électoral d’Europe-Écologie ce mercredi soir qui explique : les dernières informations ministérielles font état de 28.000 sans papiers à renvoyer chez eux et de 5.500 nationaux qui se seraient rendus complices de leur séjour irrégulier en France. «Ces 5.500 personnes ne peuvent pas être uniquement des passeurs et autres délinquants, dit-elle. Sont visés aussi les “aidants”, les citoyens qui, par pure solidarité, viennent simplement au secours des gens démunis».
Des élus en écharpe, des célbrités et des militants ordinaires pour dire sur la place publique, à Toulouse comme devant le palais de justice des grandes villes de France, qu'il n'y a plus à se cacher pour cacher des sans papiers... Témoignages.
La ville de Toulouse a elle aussi ses aidants mis en examen. Mais pour «manquement aux règles de sécurité»… Ces quatre salariés du club de prévention d’Empalot ont franchi les portiques de l’aéroport de Blagnac, le 19 juin dernier pour protester jusqu’au bout contre l’expulsion express du père d’une famille dont ils avaient professionnellement la charge.
Qui manifeste aussi devant le palais de justice, le frère franciscain Didier. Il est de ceux qui participent au cercle de silence contre les centres de rétention, tous les mois depuis le mois d’octobre 2007 sur la place du Capitole: «Nous hébergeons aussi des familles chez nous, dit-il. Nous les aidons aussi dans leur démarche. Plus récemment, nous avons fêté les 18 ans d’une jeune Algérienne arrivée en France depuis 5 ans et donc susceptible de recevoir son obligation de quitter le territoire à sa majorité».
Brigitte, est membre du Réseau éducation sans frontières (RESF) et de la Ligue des droits de l’homme (LDH): «Depuis 2005, j’aide des familles, raconte-t-elle. Nous les cachons dans des endroits connus de nous seuls. J’organise aussi des parrainages. J’ai eu cent fois l’occasion d’être arrêtée pour ce que je fais».
Sylvie, elle, «n’a pas attendu qu’on en parle pour s’engager». «J’ai commencé à aider des sans papiers en 1997 sous le gouvernement Jospin et son ministre de l’intérieur Jean-Pierre Chevènement, raconte-t-elle. C’était aussi l’époque de la guerre civile en Algérie entre les islamistes et le gouvernement. Beaucoup de types débarquaient de là-bas pour échapper aux massacres. Nous les avons aidés en les hébergeant, en louant des appartements pour eux et en les aidant à obtenir des papiers où à passer en Grande-Bretagne où c’était plus facile pour eux». «Ce n’est pas un délit. C’est de l’humanisme», reprend Habib qui «avoue» avoir hébergé des copains sénégalais.
«C’est un devoir de désobéissance civile, déclare Guy, militant d’Act Up. C’était déjà dur de soutenir les sans papiers du temps des socialistes. Mais ce gouvernement a franchi un pas en décidant d’appliquer des quotas. Cela ne m’empêchera pas de continuer à me battre pour empêcher les expulsions dans les aéroports et pour les droits des étrangers malades».
GLv. et J-M.E
DERNIERES NOUVELLES D'ALSACE - JeuDI 9 avril 2009
http://www.dna.fr/une/2378251.html
250 personnes ont manifesté hier à Strasbourg contre le "délit de solidarité"
Un religieux de 78 ans inquiété parce qu'il accompagnait une famille de demandeurs d'asile (vidéo)
Un religieux alsacien de 78 ans a été placé en garde à vue, il y a quelques semaines à Strasbourg, parce qu'il accompagnait une famille de demandeurs d'asile, ont révélé hier matin les organisateurs d'une manifestation contre les mesures policières prises ces dernières semaines contre des membres d'associations qui soutiennent des sans-papiers. Les manifestants dénoncent le "délit de solidarité".
Lors d'un contrôle de police dans la gare, le religieux est intervenu pour dire qu'il s'agissait de ses amis. Il a été placé en garde à vue durant près de 24 heures, ont indiqué hier matin des membres de RESF Strasbourg qui participaient à un rassemblement, devant le tribunal de grande instance, pour protester contre l'interpellation, ces dernières semaines en France, de plusieurs militants associatifs inquiétés parce qu'ils soutenaient des sans-papiers.
"Si la solidarité devient un délit, nous demandons à être poursuivis", a notamment déclaré Jean-Michel Hitter, président de la Fédération d'entraide protestante devant quelque 250 personnes rassemblées à l 'appel d'une douzaine d'associations et de mouvements politiques.
Voir la vidéo : Manif contre le "délit de solidarité" à Strasbourg
Dans la foule, on notait la présence de plusieurs pasteurs, dont le vice-président de l'Union des églises protestantes d'Alsace et de Lorraine, Geoffroy Goetz.
"Jusqu'où nous pouvons être solidaires et où commence le délit ?"
Jean-Michel Hitter a notamment rappelé les récents incidents qui sont à l'origine des manifestations qui ont eu lieu ce matin dans plusieurs villes de France : l'interpellation le 18 février de Monique Pouille, bénévole des Restos du coeur, inquiétée parce qu'elle organisait des dons de nourriture et d'habits pour les migrants à Calais et parce qu'elle rechargeait leurs portables; l'interpellation et le placement en garde à vue d'un responsable de la communauté Emmaüs de Marseille, où une perquisition a été effectuée, le 16 février. Des représentants d'Emmaüs Strasbourg et Scherwiller étaient présents ce matin devant le tribunal de grande instance de Strasbourg.
"Le président de la République avait garanti que les personnes qui aidaient les demandeurs d'asile ne seraient pas inquiétées. Des indices concordants montrent que ce n'est plus le cas. Les choses ne sont pas claires, nous voulons savoir jusqu'où nous pouvons être solidaires et où commence le délit", explique Jean-Michel Hitter.
Devant les personnes rassemblées, il a réclamé l'abrogation des dispositions qui ont permis l'interpellation des militants associatifs. "Avant d'être des sans-papiers, les personnes que nous aidons sont des enfants, des hommes et des femmes en difficulté. C'est notre devoir de les aider".
Dans la loi de finance 2009 figure l'objectif de 28.000 reconduites à la frontière pour 2010 et de 5500 interpellations d'aidants pour 2011...
"Votre médecin sera-t-il interpellé pour avoir soigné un sans-papier malade? L'instituteur de vos enfants sera-t-il inquiété pour avoir appris à lire à un enfant ?", ont interrogé les personnes rassemblées devant le tribunal de grande instance de Strasbourg ce matin.
Les assurances d'Eric Besson au micro de France Inter, hier matin
Voir la vidéo : Eric Besson : rassurez-vous, la loi n'est jamais appliquéeChristian Bach
Le témoignage de frère André placé en garde à Strasbourg
Début mars, il a été sollicité par une personne d'origine arménienne qui lui signalait une famille avec quatre enfants, de 4 à 15 ans, présente à la gare de Strasbourg. Le religieux s'est occupé de leur hébergement et des démarches auprès de la préfecture.
La mère, malade, devait être opérée. Les démarches auprès de la préfecture du Bas-Rhin n'ont rien donné et la famille devait repartir à Grenoble.
C'est à la gare de Strasbourg, au moment du départ pour Grenoble, que cette famille a été contrôlée par des agents de la police de l'air et des frontières. "L'homme a été interpellé en premier, puis la femme et les enfants. Je suis intervenu, je les avais accompagnés et j'avais acheté les billets. On m'a déclaré que je n'avais rien à dire, que je ne faisais pas partie d'un organisme d'Etat. Puis, les policiers ont appris que j'avais les bagages de la famille dans la voiture. C'est ce qui a déclenché mon interpellation. J'ai été placé en garde à vue de 5h du soir à 4h le lendemain après-midi. Les policiers se sont bien comportés. Mais à la sortie j'ai dû récupérer ma voiture à la fourrière".
Le religieux ne sait pas aujourd'hui s'il fera l'objet de poursuites judiciaires : "On m'a dit que le dossier a été transmis au procureur, je n'ai pas de nouvelles", explique Frère André que nous avons joint à Bischwiller.
Pour l'heure, frère André a déjà une sorte d'amende à acquitter : il doit payer la fourrière puisque les policiers n'ont pas mis sa voiture à l'abri...
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