Recherché en Belgique, Vincent Reynouard est un nom bien connu dans les milieux d’extrême droite. Il songe à rejoindre Berne. Où il ne devrait pas être inquiété. Un article signé Nicola Burnens pour 24 Heures.
Incognito, il se cachait à son domicile à Ixelles, une commune de l’agglomération bruxelloise, à quelques kilomètres du tribunal qui l’a fait condamner pour propos négationnistes. Vincent Reynouard, chef de file du négationnisme franco-belge, se prépare à rejoindre Berne. «J’ai certains contacts avec des sympathisants qui veulent garder l’anonymat et qui ne souhaitent pas être ennuyés. Quelqu’un m’accueillera en toute discrétion», écrit-il, interrogé par courrier électronique, alors qu’il est une nouvelle fois en cavale.
Cet ingénieur chimiste de 39 ans indique avoir quitté la Belgique, mais refuse de dévoiler où il se cache en ce moment. Sous le coup d’une «ordonnance de capture» en Belgique, il est aussi recherché en France pour le même type de délits. Que compte-il faire à Berne? «Tout cela dépendra des événements. J’ai déjà donné une conférence privée en Suisse en 2007», se contente-t-il de dire.
Disparu de la circulation
Il y a quelques semaines, Vincent Reynouard parlait déjà de rejoindre la Suisse dans un entretien accordé à l’édition belge de Paris Match. Deux journalistes l’avaient retrouvé à Bruxelles, réfugié dans un obscur «Sanctuaire de Notre-Dame des Sept Douleurs» tenu par un catholique. Tentait-il de brouiller les pistes pour mieux cacher sa fuite? Son refuge se situait à l’avenue Louise, une des grandes artères animées de Bruxelles. L’endroit avait déjà servi de cachette à Olivier Mathieu, un autre négationniste français.
Personne n’y a vu le fugitif, même pas sa femme, avec qui il est en instance de divorce. «La police est venue plusieurs fois ici, sans le trouver. Je ne sais pas où il est», explique-t-elle, dépitée. Elle vit ici avec les sept enfants nés de leur union. Ils sont inscrits à la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, le courant catholique fondamentaliste qui défraie la chronique depuis les propos négationnistes de l’évêque intégriste britannique Richard Williamson. Vincent Reynouard a toujours nié des liens avec cette Fraternité implantée en Belgique, mais aussi en Suisse, notamment à Ecône (VS). Par contre, il sait que certains évêques lisent ses écrits.
Soutenu en Suisse
L’an dernier, un comité de soutien s’est formé autour de lui. Il a son blog sur internet et une case postale à Montreux, inconnue des autorités et des habitants. C’est par ce biais que Vincent Reynouard fait circuler ses écrits en Belgique. «Je peux vous assurer qu’il se réfugiera à Berne. Nous serons là pour le soutenir financièrement», déclare un membre du comité, sous le couvert de l’anonymat. Cette information est appuyée par une autre source proche du milieu.
La police suisse compte-t-elle l’arrêter? «Quelqu’un qui commet un délit à l’étranger ne peut pas être arrêté. Il faut qu’un mandat d’arrêt soit lancé par un autre pays ou que la personne soit frappée d’une interdiction de séjour sur le territoire», note Guido Balmer, porte-parole de l’Office fédéral de police (fedpol). Le fugitif n’est concerné par aucun de ces cas de figure. Du côté belge, on est septique. «Pour une peine aussi courte (ndlr: un an de prison), lancer un mandat d’arrêt est peu probable. Ce genre de fuite est fréquent», explique-t-on au Parquet général de Bruxelles.
Le fuyard serait donc tranquille à Berne. Tous les indices semblent par ailleurs confirmer cette destination. Vincent Reynouard est-il conscient des faibles risques qu’il encourt en Suisse ou continue-t-il sciemment de brouiller les pistes? «Où que je sois, il y a toujours possibilité de me faire arrêter», conclut-il, pragmatique.
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