mardi 4 novembre 2008

Améliorations demandées au régime de l'aide d'urgence

LE COURRIER

Les socialistes veulent améliorer le quotidien des recalés de l'asile

Aide d'urgence • Le régime est inadapté à la réalité: nombre de requérants déboutés et de NEM restent en Suisse de longs mois, voire des années.

«Le débat que nous voulons lancer a trait à la dignité humaine.» La socialiste Anne Emery-Torracinta s'attaque au régime actuel d'aide aux ex-requérants d'asile ­ ceux dont la demande a été frappée d'une non-entrée en matière (NEM) et les déboutés. En déposant un projet de
modification de la loi sur l'aide sociale individuelle, la députée entend améliorer le quotidien des recalés de l'asile. En effet, si le système en vigueur est le résultat de décisions prises à l'échelon
fédéral, les cantons disposent toutefois d'une marge de manoeuvre.

Ce sont les laissés-pour-compte de la politique d'asile: respectivement depuis 2004 et le 1er janvier dernier, les NEM et les déboutés n'ont plus droit qu'à une maigre aide d'urgence, essentiellement administrée en nature. Censés quitter le territoire au plus vite, ces migrants sont pourtant nombreux à rester en Suisse. C'est un fait. Quitte à passer dans la clandestinité, puisque l'Etat leur accorde à peine le minimum vital (hébergement en foyer, nourriture et vêtements) tout en leur interdisant de travailler. Historiquement plutôt bienveillant à l'égard
des réfugiés, le canton de Genève n'a pas été le plus avare lors de l'adaptation de sa législation. Mais il peut faire plus, juge en substance Anne Emery-Torracinta, qui a dernièrement visité les foyers des Tattes ( Vernier) et du Lagnon (Bernex). «Les bâtiments semblent à l'abandon... comme ceux qui y logent.»

Désoeuvrement

La première mesure proposée par la députée socialiste consiste à gommer la distinction opérée entre déboutés et NEM. En effet, ces derniers perçoivent leurs pres-tations alimentaires en nature pendant une année avant de recevoir, comme les seconds, de l'argent pour se nourrir.
«Au-delà d'une courte période, il n'est pas tenable d'un point de vue éthique de distribuer des plats pré-cuisinés. En plus, pratiquement, ça ne fonctionne pas, nombre de personnes ne prenant pas cette nourriture.
On peut d'ailleurs se demander comment elles font vu qu'elles n'ont pas de revenus légaux. Et juridiquement, il n'y pas de raison de séparer NEM et déboutés», argumente Anne Emery-Torracinta.

Plus généralement, le projet de loi socialiste souhaite que la notion d'aide d'urgence soit abandonnée au bout de trois mois. Notamment pour développer les possibilités de gagner un peu d'argent ou de suivre des cours. «Aujourd'hui, aux Tattes et au Lagnon, c'est le désoeuvrement»,
déplore la députée. La seule option aujourd'hui offerte aux NEM et aux déboutés est l'accomplissement des «travaux d'utilité communautaires» payés au maximum 50 francs par mois pour un minimum de 20h, soit 2,50 francs de l'heure... Enfin, autre nouveauté préconisée, la législation indiquerait expressément que les «personnes vulnérables» ­ familles, femmes seules ­ puissent toucher l'aide sociale à part entière.

Selon Anne Emery-Torracinta, l'étude de ce projet de loi en commission sera d'abord l'occasion de dresser le bilan de ce régime d'aide d'urgence. Quant à savoir si une majorité est prête à suivre ses propositions... «J'espère bien obtenir le soutien de ceux qui s'étaient opposés à la révision de la loi fédérale sur l'asile, dont les radicaux et les démocrates-chrétiens», glisse la socialiste. 

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