Deux courriers de lecteurs dans 24 Heures à propos de l’article intitulé «Initiative antiminarets, l’appel historique du Conseil fédéral» ( 24 heures du 9 juillet 2008):
Une disposition à refuser absolument
L’appel du Conseil fédéral est certes «historique», il a surtout le grand mérite d’être clair et de refuser cette ignominie voulue par «certains»!
L’affaire des «caricatures danoises » contre le prophète Mahomet est encore dans toutes les mémoires et il était juste de réagir vite, déjà pour rassurer la communauté musulmane.
Dans un pays qui se dit épris de tolérance, il serait scandaleux qu’une telle disposition figure un jour dans le texte suprême de l’Etat. Il faut se réjouir que les initiants d’une telle aberration – le «retour des moutons noirs» – se voient toujours plus isolés, à preuve le peu de soutiens politiques dont ils bénéficient, encore moins demain d’ailleurs. Le peuple et les cantons ne devront pas entendre le «chant des sirènes» au moment de voter! L’acceptation d’une telle hérésie aurait des conséquences incommensurables, tant sur le plan international qu’interne alors que nous avons la grande chance de vivre en harmonie, chrétiens et musulmans.
Ne démolissons (!) donc pas en un jour ce que nos ancêtres, nos politiques (en majorité…), nos Eglises ont réussi à construire avec patience et temps.
La Suisse ne mériterait vraiment pas un tel affront, car ce qui réunit les Suisses, c’est leur volonté de vivre libres et leur volonté de voir leurs différences respectées. Cette initiative est un véritable «minaret» de la honte!
David Gun et Claude Vauthey,
Moudon
Le minaret de la Grande Mosquée du Petit-Saconnex, à Genève (Salvatore di Nolfi)
Un minimum de tolérance
Ainsi, 115 000 inconscients demandent l’interdiction de la construction de minarets en Suisse. J’ai bien dit «inconscients ». En effet, 310 000 musulmans vivent paisiblement chez nous. Ils n’ont jamais empêché personne d’aller adorer Dieu dans son lieu de culte et nous les avons laissés libres d’adorer Allah.
De quoi se plaignent les initiants de cette initiative dangereuse pour la paix confessionnelle en Suisse?
Cette paix a pu être instituée au prix d’une guerre entre cantons, le Sonderbund en 1847. Il y a eu des morts des deux côtés et une rancune tenace dans les cantons catholiques. M. Freysinger ne peut pas savoir, lui qui était en Autriche. Il n’y a pas si longtemps que dans son canton on refusait l’inhumation des défunts protestants, qu’un mariage mixte ne pouvait être béni par le curé que si le conjoint protestant signait un papier garantissant que les enfants seraient élevés dans la foi catholique. (…) M. Freysinger n’a pu avoir connaissance de ces faits que parce que certains vieillards lui en ont fait part. Il a oublié la difficulté qu’il y a eu à vivre ensemble. Même dans certaines régions le feu couve encore et la paix est fragile. Notre grand babillard UDC prend fait et cause avec les inconscients car grâce à eux il fera oublier les déboires de son parti et on parlera de lui, ce qui est beaucoup plus important que de justifier la valeur de l’initiative.
Pourquoi susciter une éventuelle querelle avec ceux qui vivent actuellement en paix et ne demandent rien d’autre que d’avoir des locaux pour exprimer leur foi? Cela ne demande de la part de la population qu’un minimum de tolérance… (…)
Claude Gonthier,
Rennaz
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