mardi 13 novembre 2007

Observateur de l'OSCE en Suisse

«Si un observateur cherche les problèmes, il en trouvera!»
Un expert de l’OSCE se penche sur la situation de la communauté islamique dans notre pays. Analyse de la sociologue Mallory Schneuwly Purdie.


Mallory Schneuwly Purdie est
aussi sociologue à l’Observatoire des
religions à l’Uni de Lausanne.

Les quelque 330 000 musulmans de Suisse font l’objet d’une atten­tion particulière. Représentant de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Eu­rope) contre l’intolérance et les discriminations envers les mu­sulmans, Ömür Orhun visite no­tre pays jusqu’à demain. Mallory Schneuwly Purdie, vice-prési­dente du Groupe de recherche sur l’islam en Suisse (GRIS), ré­pond à nos questions.
– La situation des musulmans dans notre pays est-elle si inquié­tante?
– Dans les relations avec les musulmans, deux choses sont importantes: la garantie de la liberté religieuse et le respect de notre constitution par cette com­munauté. De ce point de vue, les choses se passent en général sans problème. Mais si un obser­vateur cherche les problèmes, il en trouvera! Le port du voile n’est pas toujours accepté et on observe des discriminations, no­tamment à l’emploi. Mais comme beaucoup de choses se passent au niveau cantonal, on peut difficilement généraliser. D’autre part, il y a certainement chez nous des musulmans radi­caux, comme ailleurs en Europe. Actuellement, l’opinion publique étrangère est frappée par l’initia­tive contre les minarets. Cepen­dant, les vrais enjeux sont les mêmes un peu partout: il s’agit d’intégrer une population margi­nale économiquement.
– En Suisse, il semble que le regard sur cette communauté s’est durci…
– Cela s’explique par un con­texte général de remise en ques­tion. Quand un pays traverse une crise identitaire, il a besoin de se trouver un ennemi. Pen­dant longtemps, c’était le péril rouge. Maintenant, c’est le péril vert.
– Est-ce particulier à notre pays?
– Non. La particularité, dans notre pays, tient au fait que cette communauté est très hété­rogène. En Suisse, les musul­mans sont originaires aussi bien des Balkans, de Turquie, du bassin méditerranéen que du Moyen-Orient. Du coup, ce groupe peine à s’organiser. Ses membres n’ont pas de langue en commun et parfois, il existe des tensions entre eux. Même la façon d’être musulman peut être très différente suivant que vous êtes originaire d’un ancien Etat communiste ou d’un ré­gime islamique!
Un article de Caroline Zuercher pour 24 Heures

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