Lire cet article de Didier Estoppey
Un constat plutôt amer est venu conclure le premier Forum romand sur l'interculturalité.
L'intégration est sur toutes les lèvres et dans les programmes de tous les partis. Elle reste pourtant très largement absente des politiques publiques, que ce soit au plan fédéral ou genevois. Tel est le constat plutôt amer dressé lors d'un débat qui est venu conclure, samedi à Genève, le premier Forum romand sur l'interculturalité (lire aussi notre édition du 30 octobre).
Pour le conseiller national Carlo Sommaruga, cette quasi-absence s'explique largement par un contexte social où l'on fait porter de plus en plus de poids à la responsabilité individuelle. Ceci jusqu'au sein de son propre parti, le Parti socialiste, envers lequel l'élu se montre plutôt sévère: «Le contrat d'intégration proposé par le PS fait reposer tous les risques d'un éventuel échec à l'individu. On oublie toute conscience collective. Cette vision atteint son paroxysme avec la question des délinquants étrangers. Même au PS, certains prônent l'expulsion. Il faut exclure l'individu qui dérange. On individualise le problème en omettant la dimension collective et le contexte social.» Pour Carlo Sommaruga, cette perte des revendications collectives n'est pas propre aux thématiques migratoires, mais recouvre l'ensemble du champ politique et social. En qualité de secrétaire romand de l'ASLOCA, il observe ainsi que son organisation, spécialisée dans la défense individuelle des locataires, n'a jamais réussi à porter des revendications plus collectives, telles la lutte contre les ghettos ou la ségrégation sociale via le logement. Membre du Forum pour l'intégration des migrantes et des migrants (FIMM), Rodrigo Montaluisa Vivas observe quant à lui l'absence de réelle volonté de partenariat des autorités avec les migrants. Il en veut pour preuves les menaces dont à fait l'objet son organisation, la Confédération ayant menacé de lui couper les vivres lorsqu'elle a pris position contre les lois sur l'asile et les étrangers. «Comme représentants des communautés étrangères, nous ne pouvions pourtant pas ne pas nous prononcer. On veut des partenaires alibis, qui s'abstiennent de jouer leur rôle...»
De nature visiblement plus optimiste, le conseiller municipal vert Alpha Dramé prône quant à lui des politiques locales actives, à l'image de celle menée par la Fondation pour le développement des emplois et du tissu économique (Fondetec), qu'il préside. «La migration, c'est comme une entreprise: une prise de risque. Et la Fondetec a pu soutenir beaucoup de migrants dans leurs projets économiques et professionnels.» La conclusion est revenue à Didier Nsasa, collaborateur de l'association Kultura et cheville ouvrière du forum: «A force d'être stigmatisés comme étrangers quand bien même ils sont nés ici, nos enfants ont la boule au ventre. Notre devoir est d'alerter les politique. Je ne veux pas que nos enfants deviennent des bombes à retardement, comme celle qui a explosé en 2005 dans les banlieues françaises»
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire