vendredi 30 novembre 2007

En marge de l'asile

Travail au noir: "La loi actuelle est totalement hypocrite". Un article de Mehdi Atmani dans 24 Heures.

La nouvelle loi fédérale en matière de lutte contre le travail clandestin entrera en vigueur le 1er janvier 2008. Elle renforcera notamment les mesures de répression. Des employeurs vaudois évoquent ce sujet tabou.
ous ne sommes pas concernés par ce pro­blème. » A l’instar de François Dussart, directeur du Beau -Rivage Palace à Lausanne, les employeurs sont peu bavards lorsque l’on évoque le travail au noir. Pourtant, les secteurs de l’hôtellerie et du bâtiment sont les premiers demandeurs de travailleurs clandestins.
Le sujet est sensible et diffi­cilement quantifiable. Selon Roger Piccand, chef du Service de l’emploi de l’Etat de Vaud, 80% des infractions constatées en 2006 dans l’hôtellerie­restauration concernent la vio­lation des conventions collecti­ves de travail, même mineures. Sévèrement sanctionné en 2004 pour avoir employé des travailleurs au noir, Jean-­Jacques Gauer, directeur du Lausanne-Palace, voit d’un bon oeil le durcissement de la répression: «La loi actuelle est hypocrite et pas du tout adap­tée à la réalité du terrain.» Pour preuve, les difficultés qu’il rencontre à recruter du personnel pour des tâches peu
qualifiées. Désormais en règle, Jean-­Jacques Gauer s’interroge tout de même sur l’efficacité des mesures répressives: «A l’épo­que, nous avons reçu des amendes et versé des primes de départ. Mais ces tra­vailleurs clandestins sont tou­jours en Suisse.»
«Il serait suicidaire d’embaucher au noir»

Du côté du Beau-Rivage Pa­lace, le directeur se défend d’avoir fait appel à des clan­destins, parmi les trente-cinq nationalités présentes dans l’établissement. Par peur des sanctions notamment.
Même son de cloche chez un responsable d’une grande en­treprise romande de construc­tion: «Nous n’avons jamais employé de clandestins. D’ailleurs, on n’en compte presque plus dans la branche.» Un avis qui va à l’encontre du nombre d’infractions dénon­cées par la commission de con­trôle des chantiers. «Il serait suicidaire, pour les grandes entreprises, d’embaucher au noir. On ne va pas mettre en péril notre secteur d’activité pour quelques francs», expli­que le responsable.
Selon lui, la situation est tout autre dans les petites en­treprises, qui embauchent du personnel à la tâche. Il n’évo­que toutefois pas de cas précis. Tout comme les employeurs interrogés, cet entrepreneur n’a pas pris connaissance en détail de la nouvelle législa­tion. Il espère que son applica­tion «stoppera cette gan­grène » qui nuit à la profes­sion.


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