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[...] Les tests génétiques sur les migrants qui font débat en France sont-ils possibles en Suisse? Oui, selon une directive de l'Office fédéral des migrations de 2004, à l'époque sans base légale mais qui peut s'abriter aujourd'hui derrière un article de la nouvelle loi sur l'analyse génétique humaine (LT du 20 septembre). A noter que ladite directive vise surtout des pays africains... Au plan général, on doit craindre que la mise en œuvre de telles démarches ne fasse que renforcer certaines attitudes à caractère xénophobe. [...]
L'utilisation sans discernement de tests génétiques peut entraîner des désastres personnels et sociaux. En 2002, j'ai eu à me préoccuper comme médecin cantonal de la disponibilité en pharmacie de kits à visée de vérification de paternité; on doit s'opposer à leur vente si on n'a pas la preuve du consentement des deux adultes concernés [...]. Je me souviens d'une conversation avec le professeur Jean Bernard, grand monsieur de la médecine et de l'éthique, décrivant les destructions de la vie de familles, et de l'amour mutuel en leur sein, consécutives à la découverte fortuite (par un test) que tel garçon ou fille n'était pas l'enfant de l'homme qui l'élevait depuis toujours. Il n'y a guère de statistiques sur ces situations, pour des raisons évidentes. Mais des estimations crédibles indiquent 5 à 10%: dans chaque classe d'école, un ou deux élèves ne sont pas les enfants biologiques de leur père légal (indépendamment de circonstances connues d'adoption ou de famille recomposée)...
A supposer que de tels tests soient introduits, devraient y être soumis, en cas de regroupement familial, non seulement des ressortissants des pays du Sud mais aussi les hauts responsables étrangers d'entreprises basées en Suisse (notion de l'égalité de traitement). De plus, quelle que soit la situation, les pouvoirs publics doivent respecter la règle de la proportionnalité des mesures prises par rapport aux buts visés.
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