Les pratiques de l'ultranationaliste suisse Christoph Blocher font scandale
A un mois et demi des élections législatives fédérales du 21 octobre, la campagne électorale suisse, que l'on avait imaginée plutôt morne, vient de connaître une foudroyante accélération. Avec comme principal figurant le conseiller fédéral ultranationaliste et xénophobe Christoph Blocher, ministre de la justice et de la police et "mentor" de l'Union démocratique du Centre (UDC), première formation de droite du pays.
Mercredi 5 septembre, une Commission d'enquête du Conseil national (Parlement) a rendu public un rapport accusant M. Blocher d'avoir porté atteinte à l'indépendance de la justice en s'immisçant à plusieurs reprises dans les affaires du ministère public de la Confédération, et d'avoir poussé à la démission, en juillet 2006, le procureur général Valentin Roschacher.
Plus grave encore : la Commission, qui poursuit ses investigations, veut savoir si Christoph Blocher, comme l'attestent certains éléments, a agi en vue de protéger l'un de ses amis banquiers sous enquête à Berne dans une affaire de blanchiment d'argent. L'Allemagne a été sollicitée pour transmettre des documents saisis par la police en avril 2007 à Stuttgart dans la mallette du fameux banquier, Oskar Holenweger, ancien compagnon d'armée de Christoph Blocher. Il y serait question d'un complot pour se débarrasser du procureur général, ourdi par des journalistes et des hommes politiques dont les noms ou les initiales apparaissent, comme celles d'un certain "C. B".
Pris de court par cette rocambolesque affaire, le Conseil fédéral a décidé de mandater un expert indépendant pour enquêter, une mesure inédite. Le ministre Blocher, lui, crie à la cabale préélectorale et rejette en bloc ces accusations "intolérables". Et certains de ses proches ont allumé des contre-feux en distribuant à la presse des documents obtenus auprès du banquier Holenweger et censés innocenter le ministre de la justice et police.
Le personnel politique, en pleine ébullition, se perd en conjectures. Certains croient revivre les débuts de "l'affaire Elisabeth Kopp" - du nom de cette ministre qui avait dû démissionner en 1989 pour avoir averti son époux de l'ouverture d'une enquête le concernant. D'autres, plus prudents, craignent que l'affaire ne se dégonfle et ne débouche sur le triomphe électoral de Christoph Blocher et de ses troupes.
Depuis le début de la campagne électorale, il n'échappe à personne que l'UDC, favorite des législatives d'octobre, occupe largement le terrain. Fin août, elle placardait sur les murs de Suisse une affiche montrant trois moutons blancs suisses et un mouton noir expulsé à coup de sabot. Concoctée en vue d'une initiative populaire sur le renvoi des étrangers criminels, l'image a provoqué un tollé au sein de la classe politique et même entraîné la réaction de Doudou Diène, le rapporteur spécial de l'ONU sur le racisme. Dans la foulée, le parti nationaliste achetait des encarts publicitaires dans les journaux, dénonçant un prétendu complot pour évincer Christoph Blocher du Conseil fédéral. Une thèse aujourd'hui resservie.
Exaspérés par ces méthodes ultra-agressives, de nombreux députés socialistes, verts et centristes souhaitent que Christoph Blocher quitte ses fonctions, quels que soient les résultats des élections. Ils estiment que, depuis son entrée en 2004 au gouvernement, M. Blocher a agi en "tribun zurichois de l'UDC", et non en conseiller fédéral, soucieux du bien commun et de la collégialité. Ils appellent à sa non-réélection.
Un article signé Agathe Duparc paru dans
Mercredi 5 septembre, une Commission d'enquête du Conseil national (Parlement) a rendu public un rapport accusant M. Blocher d'avoir porté atteinte à l'indépendance de la justice en s'immisçant à plusieurs reprises dans les affaires du ministère public de la Confédération, et d'avoir poussé à la démission, en juillet 2006, le procureur général Valentin Roschacher.
Plus grave encore : la Commission, qui poursuit ses investigations, veut savoir si Christoph Blocher, comme l'attestent certains éléments, a agi en vue de protéger l'un de ses amis banquiers sous enquête à Berne dans une affaire de blanchiment d'argent. L'Allemagne a été sollicitée pour transmettre des documents saisis par la police en avril 2007 à Stuttgart dans la mallette du fameux banquier, Oskar Holenweger, ancien compagnon d'armée de Christoph Blocher. Il y serait question d'un complot pour se débarrasser du procureur général, ourdi par des journalistes et des hommes politiques dont les noms ou les initiales apparaissent, comme celles d'un certain "C. B".
Pris de court par cette rocambolesque affaire, le Conseil fédéral a décidé de mandater un expert indépendant pour enquêter, une mesure inédite. Le ministre Blocher, lui, crie à la cabale préélectorale et rejette en bloc ces accusations "intolérables". Et certains de ses proches ont allumé des contre-feux en distribuant à la presse des documents obtenus auprès du banquier Holenweger et censés innocenter le ministre de la justice et police.
Le personnel politique, en pleine ébullition, se perd en conjectures. Certains croient revivre les débuts de "l'affaire Elisabeth Kopp" - du nom de cette ministre qui avait dû démissionner en 1989 pour avoir averti son époux de l'ouverture d'une enquête le concernant. D'autres, plus prudents, craignent que l'affaire ne se dégonfle et ne débouche sur le triomphe électoral de Christoph Blocher et de ses troupes.
Depuis le début de la campagne électorale, il n'échappe à personne que l'UDC, favorite des législatives d'octobre, occupe largement le terrain. Fin août, elle placardait sur les murs de Suisse une affiche montrant trois moutons blancs suisses et un mouton noir expulsé à coup de sabot. Concoctée en vue d'une initiative populaire sur le renvoi des étrangers criminels, l'image a provoqué un tollé au sein de la classe politique et même entraîné la réaction de Doudou Diène, le rapporteur spécial de l'ONU sur le racisme. Dans la foulée, le parti nationaliste achetait des encarts publicitaires dans les journaux, dénonçant un prétendu complot pour évincer Christoph Blocher du Conseil fédéral. Une thèse aujourd'hui resservie.
Exaspérés par ces méthodes ultra-agressives, de nombreux députés socialistes, verts et centristes souhaitent que Christoph Blocher quitte ses fonctions, quels que soient les résultats des élections. Ils estiment que, depuis son entrée en 2004 au gouvernement, M. Blocher a agi en "tribun zurichois de l'UDC", et non en conseiller fédéral, soucieux du bien commun et de la collégialité. Ils appellent à sa non-réélection.
Un article signé Agathe Duparc paru dans
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