lundi 17 septembre 2007

Victimes collatérales de l'expulsion d'un Togolais

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«Dès son arrivée à Lomé, mardi, la police l’a interrogé pendant trois heures. Il a ensuite pu repartir. Mais il a très peur. » Membre de la Coordination Asile Vaud, Graziella de Coulon ne peut retenir son émotion en racontant l’expulsion d’Atchimou Issifou. Ce Togolais de 34 ans s’est terré pendant sept mois en Suisse romande avant d’être renvoyé dans son pays. Il aura passé plus de cinq ans dans le canton de Vaud, enchaînant les petits boulots, notamment dans le Chablais. Les autorités fédérales
et cantonales ont refusé par trois fois sa demande d’asile.

En janvier dernier, 24 heures avait rencontré Atchimou Issifou dans le petit appartement qu’il louait à Aigle. Refusant de signer son «plan de vol», le jeune homme s’apprêtait à quitter sa femme et ses deux filles pour entrer dans la clandestinité. Il nous avait alors raconté son histoire. Celle d’un opposant au régime politique togolais, emprisonné en janvier 2002 pour avoir critiqué le gouvernement sur les ondes de Radio France International. Il disait s’être évadé, puis avoir fui en direction de la Suisse, via le Ghana et l’Italie.

Or, en cinq ans, aucune des autorités compétentes n’a cru un mot de ce récit. Ne pouvant fournir la moindre preuve, Atchimou Issifou a épuisé toutes les voies de recours. Son ultime espoir? L’article 14 de la nouvelle loi sur les étrangers, entrée en vigueur le 1er janvier 2007, qui entrouvre la porte de l’asile aux requérants ayant vécu au moins cinq ans dans notre pays. Dans ces cas-là, chaque canton a la
possibilité de trans ettre le dossier à Berne pour tenter d’obtenir un
permis B. Une voie que l’Etat de Vaud a refusé de suivre.

«Cette demande n’aurait eu aucune chance d’aboutir, affirme le chef du Département de l’intérieur, Philippe Leuba. L’article 14 stipule que le lieu de domicile du requérant doit avoir été connu des autorités pendant l’entier de son séjour en Suisse. Or, M. Issifou a disparu pendant plusieurs mois. Toute entrée en matière est dès lors impossible. » Le canton n’active une telle procédure que lorsque toutes les conditions sont remplies, souligne le conseiller d’Etat.

Aide au retour proposée

Quant au danger encouru par Atchimou Issifou au Togo, Philippe Leuba se
montre circonspect: «La situation politique a passablement changé depuis
la fuite de ce M. Issifou. Le leader de son parti est de retour au
pays, et fait campagne pour les prochaines élections. De plus, le
nouveau premier ministre est issu de l’opposition. »

Reste à savoir ce que deviendront Mme Issifou et ses deux filles, que la
Coordination Asile Vaud, scandalisée, a désormais prises sous son aile.

«Nous venons de proposer à cette dame une importante aide au retour,
indique Philippe Leuba. Espérons qu’elle saisira cette main tendue!»

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