Plusieurs élus du PRD soutiennent l’initiative des démocrates du centre sur les naturalisations.
Mais la direction du parti s’y oppose clairement.
Un article de VINCENT BOURQUIN dans 24 heures
Tout est rentré dans l’ordre chez les radicaux. Demain, la grande majorité du groupe rejettera au Conseil national l’initiative de l’UDC «pour des naturalisations démocratiques ». Bref rappel: l’objectif des démocrates du centre est de permettre aux communes d’appliquer, si elles le souhaitent, la naturalisation par les urnes et d’empêcher toute intervention de la justice dans ce processus.
Enorme surprise, le 30 mars dernier, la Commission des institutions politiques du National décidait de soutenir ce texte très controversé. L’UDC l’emportait grâce au soutien de deux PDC et surtout de quatre radicaux sur cinq.
Reprise en main
Gros choc au PRD: «C’est un signal dangereux, mais nos représentants dans cette commission ne sont pas forcément représentatifs du parti», affirme Didier Burkhalter, vice-président de la fraction radicale-libérale. Les dirigeants ont repris les choses en main. Hier, c’est à trois contre un que le groupe parlementaire a décidé de dire non à cette initiative et de suivre le contre-projet élaboré par un des leurs, le conseiller aux Etats argovien Thomas Pfisterer. Sa proposition: les cantons demeurent libres de soumettre les naturalisations au verdict du peuple ou du Parlement. Toutefois, le Tribunal fédéral pourra examiner les recours de personnes déboutées.
«Nous prenons clairement nos distances avec l’UDC sur ce sujet, se réjouit Felix Gutzwiller, chef du groupe radical-libéral. Notre philosophie de base est qu’il faut un cadre législatif permettant de contrôler les décisions.» Déception du côté de l’UDC: «Les radicaux ne voulaient pas nous donner une victoire à quelques mois des élections fédérales », estime le vice-président du parti, Yvan Perrin.
Contre-projet
Toutefois, plusieurs radicaux continuent à soutenir l’initiative. Parmi eux, l’Argovien Philipp Müller: «Le Tribunal fédéral ne doit jouer aucun rôle dans le processus de naturalisation. Cela doit être uniquement un acte politique.» Une vision partagée par le libéral vaudois Serge Beck: «Je veux éviter qu’un juge puisse casser une décision du peuple ou d’un législatif communal.» Opposé au contre-projet de Thomas Pfisterer, il s’apprête à lancer son propre contre-projet qui comprend deux axes. Tout d’abord, seules les communes de moins de 1000 habitants pourraient organiser des votations populaires pour l’octroi de la naturalisation. «Dans les petits villages, tout le monde se connaît», argumente-til. Concernant la procédure, l’autorité qui instruit la demande donnerait un préavis. S’il est négatif, le requérant pourrait alors recourir devant un juge. Toutefois la décision finale reviendrait soit à la population, soit au législatif, suivant les règles en vigueur. L’initiative de l’UDC devrait être soumise au peuple d’ici un an et demi. A-t-elle des chances d’être approuvée? «Cela dépend s’il y a des problèmes avec les étrangers à ce moment-là. Sur ces questions, les gens votent avec le ventre», affirme le radical Philipp Müller
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