LIre l'article de Vincent Bourquin dans 24 Heures
Le socialiste Roger Nordmann accuse Christoph Blocher d’être le responsable politique de l’acte criminel qui a détruit la synagogue de Malagnou, à Genève. Vive réaction du président du PDC, Christophe Darbellay.
Roger Nordmann a-t-il dépassé les bornes? Le conseiller national vaudois écrit sur son blog: «Incendie de la synagogue de Malagnou. M. Blocher, assez joué avec les allumettes!» Pour le socialiste, le ministre de la Justice est le responsable politique de l’acte criminel qui a ravagé le 24 mai la synagogue genevoise. Pourquoi un tel reproche?
La veille, Christoph Blocher avait convoqué une réunion pour débattre de l’affaiblissement, voire de la suppression de la norme pénale contre le racisme et l’antisémitisme: «Il n’a donc fallu moins de 12 heures à des esprits sinistres pour passer à l’acte suite au signal donné par M. Blocher», continue le socialiste. De tels propos ont provoqué de vives réactions, y compris dans son propre parti.
Dans le Matin Dimanche, le vice-président du PS Pierre-Yves Maillard considère que son «camarade» a réagi avec un peu trop de tempérament: «Il faut rester prudent tant que l’enquête n’est pas bouclée.»
Darbellay fâché
Beaucoup plus sévère, le président du PDC, Christophe Darbellay commente: «C’est indigne de l’intelligence du bonhomme.» Le Valaisan est fâché: «C’est vraiment maladroit et déplacé. Roger Nordmann est beaucoup plus sympathique lorsqu’il s’engage pour les énergies renouvelables ou le congé maternité.» Les propos du Lausannois surprennent car il n’est pas un habitué de tels coups de gueule: «Je suis aussi très étonné car ces derniers mois le Parti socialiste avait mis la pédale douce dans ses attaques contre Christoph Blocher», souligne Christophe Darbellay.
Nordmann persiste et signe
Roger Nordmann regrette-il ses écrits? Il reconnaît avoir enregistré de nombreuses réactions: «Certaines étaient nauséabondes et d’autres me soutenaient.» Mais le conseiller national ne renie absolument pas ses propos.
Au contraire. «Moi, ce qui me donne «mal au ventre», c’est lorsqu’on met le feu à une synagogue ou que l’on tire sur un centre de requérants d’asile», lance-t-il en faisant allusion aux déclarations de Christoph Blocher, qui lors d’un voyage en Turquie avait affirmé que cette norme pénale lui donnait «mal au ventre».
Du côté de l’UDC, on accuse Roger Nordmann d’électoralisme et de vouloir obtenir le soutien des Juifs de Suisse. Une accusation qui agace le Vaudois: «Ce n’est pas avec une telle prise de position que je vais gagner des voix. C’est simplement un cri du cœur.»
Cet après-midi débute la session d’été des Chambres fédérales. Ce thème sera probablement abordé et le socialiste espère un signal clair du gouvernement: «Dans le climat anti-étranger qui règne actuellement, le Conseil fédéral doit prendre ses responsabilités.»
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