Lire l'article de 24 Heures
L’ancien employé communal de Bassins ne sera pas accueilli à bras ouverts par sa famille au Kosovo, malgré l’aide substantielle qu’il n’a jamais cessé de lui fournir.
Adem Salihi n’a pas encore reçu de convocation du Service de la population pour préparer son retour au Kosovo. Il y répondra favorablement, mais ne veut pas d’aide, car il n’entend pas rentrer dans son pays d’origine.BASSINS, LE 1er JUIN 2007
Adem Salihi a-t-il un avenir au Kosovo? La partie n’est en tout cas pas gagnée d’avance pour l’ancien employé communal de Bassins qui attend son plan de vol. Dans son village de Petrovë, il n’est en effet pas le bienvenu! L’Illustré , dans son édition d’hier, dresse un tableau presque inquiétant de la situation sur place. Ses frères ne souhaitent pas son retour, étant même réticents à l’héberger dans les maisons dont la construction a été en partie financée par l’ancien employé communal de Bassins… Sa femme a également disparu avec ses trois filles quand il lui a annoncé son retour programmé. Dans sa commune d’origine, son fils de 18 ans l’attend, en balançant entre la joie de le revoir et la peur de perdre une ressource financière essentielle, qui se monte entre 500 et 1000 euros par mois.
Mal dans sa tête malgré les antidépresseurs, Adem Salihi n’envisage de toute façon pas un retour. «Je ne rentrerai jamais au Kosovo. Ma vie est ici à Bassins», martèle-t-il à l’envi. Par contre, Adem Salihi est compréhensif face à la réaction de ses frères. Dans ses paroles, il n’y a aucune trace de colère envers ceux qu’il a aidés depuis son arrivée en Suisse. «Ma contribution est le seul moyen pour eux de vivre, confie-t-il. Je continuerai à leur verser de l’argent si je reste en Suisse.»
L’importance de la diaspora
Comme la plupart des Kosovars de Suisse, Adem Salihi tient donc un rôle de premier ordre dans sa famille. «La diaspora est la principale ressource financière d’une grande partie de la population», souligne Valdet Ballabani, animateur kosovar d’Appartenance, une association qui vient en aide aux migrants. Depuis les années de guerre, les exilés ont pris l’habitude de se substituer aux aides gouvernementales quasi inexistantes dans cette région. «Ce n’est pas une obligation pour nous, mais il existe un fort esprit de famille fait de solidarité et d’humanité», remarque Sadik Krasniqi, président de l’association culturelle des Kosovars basée à Nyon.
La réinsertion d’Adem Salihi dans son pays n’ira donc pas de soi. «Il est clair qu’il ne sera pas bien accueilli à son retour, explique Valdet Ballabani. Il constituera une charge supplémentaire pour des gens qui luttent pour survivre.» Et l’espoir que le «chouchou de Bassins» soit rapidement autonome financièrement est mince dans une région où le taux de chômage atteint 70%.
Le manque de gratitude des frères de l’ancien employé communal a certainement aussi une autre origine, liée à la culture ba lkanique. «Dans les esprits, l’exil est synonyme de prospérité, ajoute Valdet Ballabani. Ceux qui reviennent sont considérés comme des losers , incapables de réussir! Ils éprouvent une honte certaine à reposer un pied chez eux.»
Au sein du comité de soutien à Adem Salihi, la révélation des conditions de vie au Kosovo est plutôt une bonne chose. «Cela apporte de l’eau à notre moulin», confie Odile Hausser. «J’espère que le Conseil d’Etat tiendra compte de ces nouveaux éléments, démontrant qu’il est mieux intégré ici que dans son pays…» conclut Gilbert Auberson.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire