lundi 18 juin 2007

Adem: courrier des lecteurs de 24heures

Il faut revoir la loi sur l’asile
A propos de l’article intitulé «Adem Salihi a rendu son tablier dans un village sous tension», et plus particuliè­rement de la réaction de M. Serge Beck, conseiller national et syndic de Le Vaud ( 24 heures du 1er juin
2007):
M. Beck relève que le compor­tement de la Municipalité et du syndic de Bassins est un scan­dale et regrette que le Conseil d’Etat n’ait pas pris des sanc­tions.
Le paysan qui a engagé M. Adem Salihi a-t-il été dé­noncé et sanctionné? Tous les patrons qui ont fait de même ont-ils été sanctionnés? L’ancien conseiller d’Etat, collègue de parti de M. Beck, et les mem­bres de l’Exécutif cantonal vaudois ont-ils été sanctionnés pour ne pas avoir appliqué les lois et directives de la Confédé­ration?
Dans le cas de M. Adem Salihi, des dossiers ont été ouverts à son nom pour qu’il s’acquitte de ses impôts et de son AVS. Il est connu depuis plus de dix ans par les services officiels, donc des autorités.
Attendre des années pour pren­dre une décision d’expulsion en ayant accepté d’encaisser des impôts est une grande hypocri­sie de la part du canton de Vaud. Au nom de l’argent, l’Etat a fermé les yeux pour le bien­être de ses caisses. Pourquoi alors, sur le plan humanitaire, ce même Etat, qui a profité de cette manne, ne pourrait-il pas régu­lariser la situation de M. Adem Salihi?
Expulsez plutôt tous les délin­quants étrangers qui remplissent nos prisons, et qui sont donc à la charge du contribuable. Mais étudiez avec bienveillance les cas de personnes honnêtes, inté­grées, travailleuses et qui sub­viennent elles-mêmes à leurs besoins, sans l’aide de l’Etat.
Il faut revoir la législation sur l’asile, afin qu’un requérant d’asile ou un clandestin obtienne une décision d’expulsion dans les deux ans au maximum, tout recours confondu, dès connais­sance du cas.
André Badel,
Bassins

Des attaques injustifiées

En réponse à la lettre de M. Philippe Wegmuller, intitu­lée «Expulsion: tout à fait scandaleux!» ( 24 heures du 1er juin 2007): Libre à ce Monsieur de détester l’UDC et de s’en pren­dre au conseiller d’Etat Jean­Claude Mermoud, mais l’«af­faire Salihi» mérite quelques précisions.
Un canton n’a que deux compétences: la première, après contrôle des dossiers, pour autant qu’ils soient com­plets et correspondent au cadre légal, envoyer les deman­des de régularisation à Berne.
La seconde, si une demande est refusée, faire comprendre aux requérants qu’ils doivent quitter le pays.
Si le dossier de M. Salihi n’a pas été transmis à Berne, c’est qu’il n’avait aucune chance devant les autorités fédérales.
Le canton ne peut accorder aucun permis et finalement ce Kosovar est un sans-papiers parmi des milliers d’autres.
D’autre part, on ne peut admettre le principe que n’im­porte qui, venant de n’importe où, puisse venir s’installer en toute illégalité en Suisse puis revendiquer une régularisation sous prétexte qu’il a du travail.
Et il est inadmissible qu’une commune engage une per­sonne en situation illégale.
La Municipalité de Bassins et certains journalistes – y compris de 24 heures – devraient aussi se poser la question de savoir si, dans une affaire comme celle-ci, il vaut la peine de jeter de l’huile sur le feu par une médiatisation excessive.
François Brélaz,
député UDC, Cheseaux-sur-Lausanne

Qui abuse et de quoi?

«Stop aux abus!»: c’était le message concernant l’asile, accepté par le peuple suisse en septembre dernier.
Aujourd’hui, en regardant du côté de Bassins, nous pouvons nous demander qui abuse et de quoi?
Un conseiller d’Etat abuse de son autorité pour bloquer un dossier au seuil cantonal.
Quelques extrémistes abusent de l’anonymat pour faire peur et museler un élu local. Un conseiller national, issu du milieu rural, abuse de sa crédi­bilité pour qualifier publique­ment de scandale le fait d’en­gager un sans-papiers.
Puis il y a ceux qui dénon­cent. Toute une région parce qu’elle ne comprend pas. Un autre syndic de la région parce que le Grand Conseil a accepté une pétition allant dans le sens d’une régularisation. Les diffé­rents médias, parce que c’est leur travail.
Enfin,ilyalaséparation de certains étrangers en deux catégories. Adem Salihi ne serait en fait qu’un sans-pa­piers, il ne ferait donc pas partie de ceux qui abusent de l’asile, mais de ceux qui contre­viennent à la loi sur le travail en Suisse.
Il paraît qu’il y en a des milliers comme lui dans le canton, des dizaines de milliers en Suisse romande et plus encore ailleurs en Suisse. Il est probable que son tort est d’avoir été médiatisé, d’être aimé et apprécié par trop de gens. Apparemment, cela ne suffit pas pour lui donner le droit d’incarner une exception.
Pensez… ils sont bien trop nombreux dans la même situa­tion, à être utiles, donc aimés et appréciés.
«La loi, la loi avant tout», qu’ils disent. Certes, mais jusqu’où?
Doris Agazzi,
Saint-Cierges

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