L'article de Gérald Cordonnier dans 24heures
Arton*, marié contre son gré par sa famille, racontait en octobre dernier dans 24 heures la difficulté de vivre une telle union.
Ce soir, il témoigne sur la TSR. Interview.
L’émission Temps présent propose ce soir un reportage sur les mariages arrangés. Arton* (23 ans), jeune Kosovar né en Suisse, révélait, il y a quelques mois dans nos colonnes, son combat personnel et douloureux contre cette tradition. Lors d’un retour dans son pays d’origine en été 2004, il a dû épouser à contrecoeur l’une de ses compatriotes, albanaise du Kosovo. Aujourd’hui, le couple vit près de Vevey, la plupart du temps chacun de son côté. En Europe, de nombreux garçons et filles, issus de communautés étrangères, subissent le joug de cette coutume, sous prétexte que les familles préfèrent voir leurs enfants se marier entre eux. Ce soir sur la TSR, Arton raconte à nouveau son parcours difficile pour convaincre sa famille d’annuler ce mariage. Dans le but, encore une fois, de faire sauter les tabous.
– Quelles ont été les réactions de vos parents en découvrant votre témoignage dans 24 heures?
– Depuis la parution de l’article, j’ai pu m’apercevoir qu’il y avait maintenant trois victimes dans toute cette histoire. Ma femme et moi… mais aussi ma famille. Mon témoignage public a permis de vraiment débloquer le dialogue avec mes parents. Ils ont pris conscience de ce qu’ils m’ont fait vivre et à quel point je souffre. Aujourd’hui, ils regrettent terriblement.
A tel point que les questions d’honneur ne sont plus du tout au coeur des discussions. Alors qu’ils s’y opposaient complètement il y quelques mois encore, mes parents accepteraient même que je lance la procédure de divorce tout de suite.
– Vous allez le faire?
– Non! Mon but est vraiment de sortir de cet engrenage, mais il est impossible de revenir en arrière: si on divorce avant les cinq années nécessaires pour que ma femme obtienne son permis, elle le paiera par une sanction et moi par un énorme problème de conscience. Mon épouse devra retourner au Kosovo où elle sera une femme bafouée. Je ne supporterais pas de lui faire vivre cela. On reste donc coincé dans cette forme d’illégalité en Suisse.
– En définitive, votre situation n’a pas véritablement changé!
– C’est vrai, mais en brisant le tabou et en participant au reportage de la TSR, j’ai pris conscience que je n’étais pas le seul dans cette situation. Et grâce à tout ça, mes parents sont maintenant vraiment vaccinés à vie: il est exclu qu’ils fassent vivre la même situation à mes frères et soeurs. C’est une vraie victoire personnelle. De manière plus générale, les choses doivent changer dans la société et dans la législation helvétique… pour faire évoluer la mentalité des communautés d’immigrés. Il faut également faire de la prévention dans les écoles. La balle est vraiment dans le camp des politiques mais ils n’agissent pas. Plus les médias en parleront, plus ils seront obligés d’affronter enfin la question.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire