vendredi 16 février 2007

Comprendre pour mieux intégrer

Lire l'édito de Thierry Meyer dans 24heures 24heures en ligne - www.24heures.ch - edito 160207
Il y a eu l'époque des «Yugo-Rasers» (les chauffards yougoslaves, en allemand dans le texte), chaque jour ou presque en première page des journaux alémaniques. Aujourd'hui, le viol collectif de la banlieue zurichoise, la castagne de Monthey, le cutter du MacDo, tant d'affaires accréditent la conviction que «jeunes criminels» et «Balkans» sont forcément synonymes. Une thèse que le monde politique discute, développe, et assortit de propositions d'actions.

Nous avons voulu savoir. Sans préjugés, juste des faits, le parler vrai des principaux concernés, le regard de spécialistes. L'enquête que nous publions brise les certitudes, nuance les impressions. Car rien n'est simple dans ce phénomène qui raconte autant les aléas de l'intégration que l'histoire récente de notre continent.

Non, nos prisons ne regorgent pas de jeunes Balkaniques. S'il y a un problème «d'étrangers» dans nos unités carcérales, ce n'est pas de l'Est qu'il vient. Oui, certains de ces déracinés qui ont fait de la Suisse un havre privilégié reconnaissent, une pointe d'ironie au fond des yeux, qu'il leur arrive d'être violents, atavisme communautaire resté collé à leurs bagages. Surtout, tous nous rappellent, en filigrane ou de manière explicite, qu'ils portent encore en eux une cicatrice que notre confort, amnésique notoire, a déjà éradiquée de notre mémoire: la guerre, sanglante, la haine absolue de l'autre, les images insoutenables, le souvenir d'avoir tué, la destruction.

Dans ce contexte, comment ne pas comprendre que le grand écart sociétal et, souvent, intergénérationnel, qui frappe ces immigrés puisse déboucher sur quelques problèmes? Comprendre n'est pas excuser: ceux qui fautent doivent répondre de leurs actes. Mais s'en préoccuper, ce n'est pas, contrairement à ce qu'imaginent les théoriciens des solutions toutes faites, donner dans l'épuration ethnique statistique. Mieux intégrer, c'est un travail constant, patient, subtil, par la langue, par la socialisation, la formation, l'éducation, et par la prise en charge ferme des cas difficiles. Un travail de l'ombre, loin des slogans.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bravo!! Enfin une réponse intelligente à ces, comme vous le dites si bien, "théoriciens des réponses toutes faites"! Merci. Alexandra Eusebe