Lire la dépêche de l'ATS sur le congrès de Muttenz
Lire l'article de Caroline Zurcher dans 24heures
Le PS débat aujourd’hui de la question de l’intégration. Un thème difficile, qui a entraîné des critiques dans la formation. Trois camarades étrangers présentent leur opinion.
Le Parti socialiste débat aujourd'hui à Muttenz (BL) de son papier de position sur l'intégration. Un document dont la fermeté a suscité des critiques, plus particulièrement romandes. Quelque 110 amendements ont été présentés, et même une proposition de renvoi. A Zurich, les secondos ont notamment fait des remarques. Au final, le comité directeur propose un compromis sur l'objet le plus controversé, le contrat d'intégration, qui prévoit notamment la fréquentation de cours de langues. Dans sa nouvelle version, cette convention sera passée entre l'Etat et l'étranger, l'employeur n'étant plus concerné. Comment les militants socialistes d'origine étrangère vivent-ils ces discussions? Nous avons recueilli trois réactions.
«Dans son document, le Parti socialiste donne des obligations aux étrangers, mais l'intégration consiste aussi à leur donner des droits», souligne Alberto Velasco, député au Grand Conseil genevois d'origine espagnole. De son expérience, il tire une leçon: «Un étranger doit être quatre fois meilleur qu'un Suisse. Même au sein du Parti socialiste, lors d'une élection interne, vous la pilez.»
Malgré son nom, Anna Zürcher est italienne. Arrivée en Suisse il y a vingt ans, elle est aujourd'hui conseillère communale lausannoise et travaille à la Fondation vaudoise pour l'accueil des requérants d'asile (FAREAS). «Ce qui m'a sauté aux yeux, dans le document du PS, c'est qu'il peut donner l'impression de stigmatiser certaines catégories d'étrangers, commente cette assistante sociale. Et c'est dommage: tout le monde doit avoir les mêmes possibilités.» Anna Zürcher, elle, s'est bien intégrée. «Mais certaines cultures sont plus éloignées et cela prend davantage de temps, précise-t-elle. Et ce n'est pas parce que les immigrés ne font pas d'efforts.» Se sent-elle trahie par le PS? «Je n'irais pas jusque-là, ce d'autant plus que les socialistes vaudois partagent mes positions. Et je suis assez lucide: il y a aussi une réalité politique.»
De Kinshasa à Boudry (NE). En 1981, la demande d'asile de Raoul Lembwadio a été refusée, mais ce Congolais a par la suite obtenu un permis humanitaire. Collaborateur du délégué cantonal aux étrangers et conseiller communal (Exécutif) à Boudry, il soutient la discussion menée actuellement au sein du PS. Mais comme beaucoup d'autres, il n'est pas convaincu par le contrat d'intégration. «Dans un accord, il y a deux parties. Et entre un migrant et un indigène, les forces ne sont pas les mêmes», s'inquiète-t-il. «La deuxième chose, poursuit Raoul Lembwadio, c'est que seuls certains migrants seront soumis à cette convention. Les personnes hautement qualifiées y échapperont. C'est une inégalité de traitement.» Selon lui, l'intégration devrait plutôt passer par la motivation et l'information. Avant de conclure: «Il ne faut pas non plus confondre loi et pratique quotidienne. Manger de la raclette, c'est dans les mœurs. Ce n'est pas un règlement.»
«En fait, tout ce débat est davantage social que culturel»
La conseillère nationale Maria Roth-Bernasconi (PS, GE) est de celles et ceux qui ont critiqué le document sur l’intégration. Son explication.
C. Z.
- Ma critique porte en particulier sur le «contrat d'intégration», que les étrangers qui arrivent en Suisse doivent passer avec les autorités (n.d.l.r.: ce document réglemente la fréquentation de cours de langue et la participation à des rencontres d'information) . Sa mise en œuvre risque de poser problème: est-ce que l'on va forcer les gens? Y aura-t-il des punitions? Je pense qu'il faudrait plutôt inciter, encourager les gens à s'intégrer. A mon avis, cela pourrait se faire par le biais d'une bonne politique familiale, qui permettrait par exemple aux petits étrangers d'aller à la crèche. Ce qui intégrerait aussi les couches sociales les moins aisées. Parce qu'en fait, tout ce débat est davantage social que culturel.
- Sur la question du voile, vous êtes nettement plus ferme avec les étrangers.
- Le voile n'est pas uniquement un signe religieux, mais aussi le symbole de la soumission de la femme. Et c'est pour cela que les enseignantes ou les employées du service public ne devraient pas le porter.
- Vous vous montrez ouverte sur certains points, ferme sur d'autres. Votre féminisme ne vous pousse-t-il pas à la contradiction?
- On parle de choses différentes! Quand j'étais infirmière, je devais aussi porter une blouse blanche. Et les banquiers ont une cravate. Exiger d'une femme qui exerce une certaine fonction qu'elle n'ait pas de voile me paraît censé. Par contre, lui imposer d'apprendre une langue ne rime à rien si elle ne le veut pas. Il faut se demander quelle sera l'efficacité de ces mesures. Enlever son voile n'est pas une démarche intellectuelle, apprendre une langue si.
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